Sans rompre son rythme de sortie tous les 2 ans, Forza Motorsport accompagne cette année le lancement des consoles next-gen et plus particulièrement de la Xbox One. Et le moins que l'on puisse dire est que Microsoft place de grands espoirs en ce cinquième épisode. Il se doit en effet d'être une vitrine technologique, mais également un des principaux system seller du line-up de lancement de la machine. Parvient-il à assumer ce rôle ?
Quand on s'intéresse à un jeu comme Forza Motorsport 5, qui plus est sur une console next-gen, on s'intéresse forcément aux graphismes. Eh bien à ce niveau, Turn 10 a fait une nouvelle fois un excellent travail, notamment sur la modélisation des voitures. Que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur, le rendu est tout simplement excellent avec un niveau de détail qui est, comme d'habitude, très poussé. Ceci étant, la différence par rapport à l'opus précédent n'est pas pour autant remarquable, et ce malgré le changement de génération. Ce sont surtout les détails qui changent la donne, à commencer par les reflets du volant et du tableau de bord dans le pare-brise, les animations du pilote qui se décontracte les poignets dans les lignes droites ou au niveau de la modélisation du public. On peut également admirer quelques vols d'oiseaux ou autres hélicoptères de temps à autre, ce qui contribue à rendre l'ensemble plus cohérent.
Un vrai jeu next-gen ?
Quelques éléments graphiques viennent toutefois changer le gameplay, à commencer par des réflexions et effets lumineux à couper le souffle. Il arrive parfois d'être complètement ébloui en passant de l'ombre à la lumière ou lorsqu'on roule face au soleil. Dans ces cas, on se prend à plisser les yeux l'espace d'un instant, exactement comme le ferait un vrai pilote dans ces conditions. On regarde le bas-côté et on prie pour que le prochain virage ne soit pas trop violent. On gagne donc en immersion, mais également en plaisir de jeu lorsque enfin on peut se reposer les yeux. Il est toutefois dommage de ne pas pouvoir profiter de ces avancées techniques lors de courses sous la pluie ou de nuit puisqu'une nouvelle fois, celles-ci ne sont pas de la partie. Dommage ! Un peu de clipping et d'aliasing viennent également gâcher le tableau et il faut avouer qu'on n'a finalement pas bien le temps de se rendre compte du travail fourni durant les parties. Mais si on y regarde de plus près, l'ensemble est quand même plutôt joli.
Un gameplay toujours plus exigeant
Au niveau du gameplay, on ne note malheureusement que très peu de nouveautés. On retrouve un pilotage assez exigeant qui impose d'être extrêmement prudent, que ce soit lors de l'accélération, du freinage et des changements de direction. Les voitures puissantes sont même un peu plus taquines que par le passé et ont tendance à glisser énormément. Il faut donc une concentration de tous les instants pour remporter la victoire, à condition bien sûr de désactiver une maximum d'aides à la conduite, puisque honnêtement, ne pas le faire consiste à se priver d'une bonne partie de l'intérêt du jeu. Chercher le point de corde puis ré-accélérer avant tout le monde est un bonheur absolu, tout comme l'affichage à l'écran de la mention « Virage parfait ». Tout l'intérêt du jeu est donc dans la maîtrise d'un véritable monstre de puissance et dans la recherche de la trajectoire idéale. En somme, ce qui fait la force de la série depuis des années est bel et bien de retour, mais ce n'est pas vraiment un argument de vente dans la mesure où cela était déjà le cas avec le quatrième épisode.
Drivatar, kesako ?
Malheureusement, ce gameplay accrocheur est souvent gâché par une IA bien en deçà des espérances. En effet, sur le papier, on nous présente un système nommé Drivatar plutôt alléchant. Pour faire simple, celui-ci consiste à enregistrer le comportement de chaque joueur indépendamment et d'en tirer une IA au comportement propre. En d'autres termes, on peut être amené à affronter des adversaires qui freinent plus ou moins tard, qui ont tendance à foncer dans le tas ou non, qui coupent un peu les virages, etc. Du moins en théorie. Dans les faits, quel que soit le niveau de difficulté choisi, l'IA se montre très encline à nous foncer dessus, tout en freinant, selon les cas, beaucoup trop tôt ou beaucoup trop tard. Ainsi, il est courant de voir des adversaires freiner en pleine ligne droite ou carrément s'arrêter dans la cuvette de Spa avant de nous rentrer dedans allègrement lors d'un gros freinage avant une épingle. Ils terminent alors fréquemment dans les graviers, ce qui n'est pas très bon, ni pour l'immersion, ni pour le challenge. Et lorsque les lignes droites arrivent, ils atteignent des vitesses folles alors même qu'ils sortaient moins vite du virage précédent. Se faire doubler dans ces conditions est à la fois frustrant et peu réaliste.
Un mode Carrière sans grand relief
Au rayon des défauts, on ne peut également que déplorer le côté impersonnel d'un mode Carrière pas franchement palpitant. Il consiste ainsi en une succession d'épreuves classiques (courses, défis de dépassement, slaloms, etc.) réparties par catégories de véhicules : compactes, sport, grand tourisme, course... A chaque course, il convient simplement de remporter une médaille pour progresser, ce qui n'est pas spécialement intéressant puisqu'il suffit d'être dans les 3 premiers pour remporter une médaille d'or. Pire, gagner la course n'apporte rien de plus. Le principal challenge vient alors de l'absence de qualifications et donc de la nécessité de dépasser sans encombres des adversaires un tantinet agressifs. Aucun système de championnat, aucun point ne vient maintenir l'intérêt, il suffit de remporter une médaille de bronze pour progresser. D'un certain point de vue, ce système impose un certain dynamisme, mais à aucun moment on ne se prend pour un pilote avec ce que cela comprend de pression et d'enjeux divers et variés.
L'argent avant tout
Vous vous demandez alors quel est l'intérêt de débloquer une médaille plutôt qu'une autre ? Eh bien, la réponse tient en un mot : l'argent. Tout ici tourne autour des gains puisque les montées en niveau ne sont plus accompagnées par des voitures en cadeau. Il convient donc de booster la difficulté de l'IA, de désactiver un maximum d'aides et de minimiser l'usage des rembobinages afin de gagner toujours plus et ainsi s'offrir des modèles toujours plus puissants. Il peut également être intéressant d'économiser afin d'améliorer les performances de ses bolides selon un système une nouvelle fois très poussé permettant de modifier chaque pièce indépendamment. En parallèle, le fameux indice d'affinité avec un constructeur donné rapporte un pourcentage de crédits supplémentaire, tandis que le drivatar octroie quelques ressources à chacune de ses apparitions. Tout est alors question de gestion et de choix, ce qui n'est pas désagréable.
Un jeu free-to-play payant
Mais en parlant d'argent, sachez qu'il est possible d'obtenir n'importe quel modèle en dépensant, non pas les crédits de base du jeu, mais des jetons achetables uniquement avec vos propres deniers. Le problème est que pour obtenir la voiture la plus chère du jeu (la Lotus F1), vous devrez débourser pas loin de 60 euros, ce qui est de fort mauvais goût. Et elle n'est pas la seule dans ce cas-là, beaucoup d'autres voitures étant proposées autour de 20 euros, tandis que d'autres ne sont carrément disponibles que sous forme de DLC (à l'instar de la Giulietta par exemple ou de la Bugatti Veyron). Mais vous n'êtes pas au bout de vos peines... Une fois que vous vous serez offert ces DLC, les voitures souhaitées seront simplement débloquées et devront donc être achetées à nouveau. On a connu plus honnête ! Et pour ne rien gâcher, il est également possible d'acheter divers boosts d'XP dont la durée est limitée dans le temps. Mouais...
Un contenu limité
Cela dit, on obtient rapidement tous les modèles qui nous intéressent puisque le nombre de voitures disponible est plutôt faible pour le genre. Comptez ainsi sur un peu plus de 200 bolides différents (en comptant les DLC), ce qui place ce Forza 5 loin derrière ses principaux concurrents et même son prédécesseur. Mais on peut quand même s'y perdre tant l'interface d'achat est mal pensée. On nous affiche ainsi simplement la liste complète, sans qu'il soit possible de choisir directement une marque. Le plus simple consiste alors à trier par constructeur puis de faire défiler tous les modèles. Autant vous dire qu'il ne faut pas vouloir acheter chez Volkswagen. Malheureusement, le nombre de circuits a également été revu à la baisse puisque seuls 14 sont au programme. Ainsi, si on apprécie l'arrivée du magnifique GP d'Abu Dhabi, on ne peut que regretter la disparition de Suzuka ou du Mugello par exemple. Bref, au niveau du contenu, le constat est loin d'être satisfaisant. C'est d'ailleurs un constat qui peut s'appliquer au jeu dans son ensemble. Le multi ne bénéficie ainsi d'aucune nouveauté majeure, ce qui fait de ce Forza 5 un titre finalement décevant. Heureusement, même décevant, un Forza reste une très bonne simulation susceptible de satisfaire les fans.
Points forts
- Sensations de conduite excellentes
- Toujours aussi exigeant
- Plutôt beau
- La gestion de la lumière a une vraie influence sur le gameplay
- Gestion de l'argent intéressante
Points faibles
- Mode Carrière peu immersif
- IA catastrophique
- Interface d'achat mal pensée
- Système économique de mauvais goût
- Seulement 14 circuits
- Peu de voitures (environ 200)
- Courses uniquement de jour et par beau temps
Malgré des sensations de pilotage toujours excellentes, ce Forza Motorsport 5 pèche par manque de nouveautés et de contenu. Le nombre de circuits et de voitures paraît en effet un peu faible, tandis que le mode Carrière et le système économique déçoivent. Plus problématique, l'IA fait souvent peine à voir, ce qui peut perturber l'expérience de jeu en solo. Reste qu'il s'agit d'un des plus beaux jeux du moment doublé d'un titre au gameplay exigeant susceptible de satisfaire les fans de simulation automobile à la recherche de la trajectoire parfaite au volant de bolides taquins. Et ce n'est déjà pas si mal !