Déjà en charge du premier opus de Jett Rocket paru en 2010 sur Wii, Shin'en Multimedia revient cette année sur Nintendo 3DS pour nous offrir une suite à son jeu de plates-formes très sympathique mais pourtant presque passé inaperçu. Disponible à petit prix, exclusivement sur l'eShop de la 3DS, Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai reprend les bases de son aîné pour nous offrir une nouvelle aventure mettant en scène l'intrépide Jett.
Permettez-moi de revenir un court instant sur le terme de “mettre en scène”. Comprenons-nous bien, le scénario développé dans Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai frise l’inexistence. Pas de vraie mise en scène ici, une brève cinématique durant une poignée de secondes et vous voilà catapulté dans l'univers de Jett Rocket. Vous incarnez Jett, un shérif de la planète Yoroppa chargé cette fois de sauver ses amis mécaniques du joug tyrannique du maléfique Taikai. S'il faut bien reconnaître que la trame scénaristique n'est clairement pas ce que l'on recherche dans un jeu de plates-formes, celle de Jett Rocket est tellement famélique que si l'on s'y attarde un peu, on se demande quand même ce qu'on fait là, à déglinguer des robots en leur sautant dessus. Ce n'est pas très grave néanmoins, les qualités de Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai qui elles, existent bel et bien, sont ailleurs.
Un jeu de plates-formes assez classique mais diversifié
L'univers du jeu est décomposé en 3 mondes, chacun comprenant 5 niveaux. Vous évoluez d'un niveau à l'autre par l'intermédiaire d'une sorte de hub, dans lequel les niveaux se débloquent à mesure que vous en finissez un. Une fois la cinquième étape du monde achevée, vous ne pourrez accéder au palier suivant qu'une fois un boss terrassé. Rien de bien original dans le concept, mais à quoi bon changer une recette qui a mille fois fait ses preuves ? Ce terrain connu se retrouve également dès vos premiers pas en compagnie du héros de l'aventure. Une touche pour sauter, une autre faisant autant office de double saut que d'attaque “en boule” et une troisième pour utiliser les objets spéciaux qui jalonnent votre parcours. Les commandes sont classiques mais toutefois un peu perturbantes dans les premiers instants de jeu en raison de l'apparente lourdeur du personnage. En effet, Jett ne court pas bien vite et ne saute pas très haut tant et si bien qu'il vous faudra quelques minutes et quelques ratés avant de bien saisir les capacités de votre héros. Une fois les commandes appréhendées, vous pouvez vous jeter à pieds joints dans l'aventure qui, vous le verrez, sait varier les plaisirs.
Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai décompose ses niveaux de deux manières différentes. La première s'appuie sur une progression en 2D classique, qui mise davantage sur l'esquive des monstres et de leurs projectiles, la seconde dévoile des niveaux en 3D qui axent le gameplay sur la multiplication des plates-formes à franchir. Chaque approche présente ses charmes et ses défauts. Les niveaux en 2D offrent un challenge qui, sur certains passages, demandent un vrai doigté et peu de précision pour en venir à bout. Certains ennemis en nombre lancent des projectiles dans tous les sens, qu'il vous faut esquiver alors que vous vous trouvez sur un tapis roulant et que vous devez franchir des lasers dans le bon timing pour progresser dans le niveau. Entendons-nous bien, Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai n'est pas hardcore mais apporte au contraire une difficulté parfaitement équilibrée et progressive, suffisamment pour ne pas perdre le joueur en cours de route faute à une trop grande frustration née de l'échec. Par ailleurs, le jeu assiste souvent le joueur un peu trop maladroit. Si vous vous trouvez au début d'un niveau et que vous avez déjà été touché deux fois sur trois, lancer une attaque sur un ennemi vous permet bien souvent de regagner une vie (symbolisée par un cœur), déposée par l'adversaire vaincu. Aussi, en plus des checkpoints habilement placés avant les passages les plus corsés, Shin'en Multimedia a eu la bonne idée de placer près d'eux des vies additionnelles qu'il vous faudra certes récupérer au prix de quelques cabrioles, mais qui s'avèrent salutaires afin de ne pas avoir à recommencer tout le niveau en cas de morts trop fréquentes.
Les niveaux 3D moins peaufinés que leurs homologues 2D
Les niveaux 3D sont quant à eux plaisants à parcourir mais souffrent trop souvent de problèmes de caméra qui ne se recentre pas systématiquement, vous laissant parfois effectuer des sauts dans une perspective rendant le parcours illisible. La maniabilité s'en ressent et rend ces phases pas spécialement agréables à vivre. Néanmoins, les bonnes idées qui se trouvent dans les phases 3D compensent bien leurs défauts. Plates-formes qui se déploient ou se replient à chaque fois que vous sautez, scies circulaires qui traversent des portions aériennes qu'il vous faudra franchir au bon moment, Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai n'oublie pas les codes inhérents aux jeux de plates-formes et les utilise bien. De plus, Jett trouvera sur son parcours certains objets spéciaux lui permettant de franchir certains obstacles. Du jetpack à la soucoupe volante portative, les occasions d'exploiter ces capacités ne manquent pas et ajoutent de la diversité à un jeu qui cumule les bonnes idées.
Des mini-jeux accessoires mais divertissants
Au cours de votre aventure, Jett collectera, que ce soit dans l'univers ou sur les monstres eux-mêmes, des "pièces" qui se destinent à être dépensées dans des mini-jeux qui se trouvent dans le menu de choix des niveaux. Ces petits-jeux, minimalistes mais amusants, sont autant de prétextes pour gagner des vies supplémentaires ou des cœurs additionnels. Qu'il s'agisse de projeter un ennemi avec suffisamment de force en appuyant au bon moment sur une jauge de puissance ou de lâcher une bombe sur un parcours accidenté dans l'espoir qu'elle explose sur une vie récupérable, les mini-jeux sont certes dispensables mais présentent une expérience rafraîchissante pour le joueur. Sachant que si vous n'êtes pas particulièrement rompu à l'exercice du jeu de plates-formes, vous risquez de mourir souvent, la tentation de collecter suffisamment de pièces pour jouer à ces missions bonus (qui coûtent 50 unités la partie) et ainsi collecter des sursis supplémentaires se fait grande. Par ailleurs, avant d'accéder à un nouveau monde, une épreuve de Jet-Ski ou de saut en parachute vous sera proposée, histoire de récolter davantage d'items. Les plus acharnés auront également le choix de faire et refaire les niveaux afin de collecter des images de personnages du jeu, dispersées un peu partout dans l'univers de Jett Rocket 2. Univers qui est assez mignon sans être à tomber par terre, mais qui a bénéficié d'un soin particulier dans l'exploitation de la 3D, subtile et bien amenée, qui ne force pas le trait et sait être utilisée à bon escient.
Mais malheureusement, tout n'est pas rose dans Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai. La durée de vie est somme toute assez courte (comptez 5 heures environ pour voir le bout de l'aventure, une de plus pour le 100 %), les problèmes de caméra dans les niveaux en 3D arrivent vraiment fréquemment et un seul emplacement de sauvegarde est disponible pour le jeu. D'autre part, les boss qui ponctuent les transitions entre chaque monde adoptent des techniques pas spécialement difficiles à mettre à jour. La légitimité de leur présence s'en trouve réduite en ce qu'elle ne contribue pas au plaisir de jeu, faute à une maniabilité trop lourde de Jett, notamment lors de l'avant-dernier boss. Mais malgré tout, il est difficile de bouder ce nouvel épisode des aventures du shérif. La diversité des phases de jeu, le petit prix auquel il est vendu qui offre un rapport qualité / quantité / prix tout à fait acceptable, tous ces éléments ne font certes pas de Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai un indispensable, mais plutôt une excellente option pour tous les joueurs en mal de jeux de plates-formes rafraîchissants.
Points forts
- L'alternance des niveaux 2D / 3D
- La diversité des univers
- La 3D de la console bien exploitée
- Les objets spéciaux
- Une difficulté équilibrée
- Vendu à petit prix
Points faibles
- Des problèmes récurrents de caméra sur les niveaux 3D
- La lourdeur des déplacements du personnage
- Durée de vie un peu faible
- Un seul slot de sauvegarde disponible
Jett Rocket 2 : The Wrath of Taikai récite son “petit manuel du jeu de plates-formes illustré”, mais il le fait bien. En vous acquittant d'un peu moins de 9 €, vous ferez l'acquisition d'un jeu dont les mécaniques sont vues et revues, dont la durée de vie n'excède pas les 6 heures, dont la caméra n'est pas toujours franchement optimisée, mais qui vous fera passer un bon moment en diversifiant les phases de jeu alternant 2D, 3D et mini-jeux et proposant un challenge équilibré et progressif. Une bonne pioche qui ne renversera pas votre vision du jeu de plates-formes mais qui devrait sans nul doute vous satisfaire pendant quelques heures sans vous ruiner, et c'est déjà pas mal.