C'est le premier jour de travail pour Henry. Un homme au passé trouble qui a choisi de changer de vie. Désormais, il est garde forestier. Son job consiste à rester seul dans une tour de guet au beau milieu du Wyoming. De là, il scrute l'horizon à la recherche du moindre signe de fumée ou de quoi que ce soit d'autres de suspect. Son seul contact avec la civilisation consiste en une radio qui lui permet de joindre Delilah, sa supérieure. La cabane est modeste mais offre une vue imprenable sur ce qui deviendra rapidement le terrain de jeu de Firewatch. Henry a à peine le temps d'admirer le paysage que déjà le travail l'appelle. Des feux d'artifices jaillissent au loin. Probablement des jeunes fêtards inconscients du danger que représentent leurs explosifs. Henry doit intervenir. Il descend de sa tour, et tente de trouver son chemin jusqu'à l'origine des feux d'artifices. Au passage, il se munit d'une corde de varappe, on ne sait jamais. Sur place, il trouve des cadavres de bière, un feu de camp encore fumant mais personne. Plus loin un soutien gorge pend à un arbre, puis une culotte sur le sentier. Le jeu de piste le conduit au bord d'un lac où un radio cassette crache de la musique. Sur l'île au milieu du lac, l'ombre de deux adolescentes peu frileuses… La démo à laquelle nous avons assisté ne nous dit pas comment Henry parvient à rétablir l'ordre, mais il y arrive finalement et on retrouve le héros quelques heures (ou peut-être même quelques jours) plus tard, en train de regagner sa tour qu'il retrouve complètement saccagée. Qui est responsable ? Pourquoi ? S'agit-il d'une simple vengeance des deux adolescentes ? L'hypothèse traverse l'esprit mais se trouve finalement vite balayée quand l'équipe du studio Campo Santo indique que le mystère de Firewatch ne fait que commencer.

Premier jeu d'un studio expérimenté

Campo Santo est un tout jeune studio formé par Jake Rodkin et Sean Vanaman (deux anciens de Telltale Games ayant notamment bossé sur The Walking Dead), Nels Anderson (lead designer de Mark of the Ninja) et l'artiste Olly Moss. Le groupe s'est rapidement entouré de beau monde dont Chris Remo pour la musique, Jane Ng (graphiste sur The Cave) ou encore James Benson (responsable notamment des animations du sublime Ori and the Blind Forest). Firewatch est le premier jeu sur lequel ils travaillent tous ensemble et la dizaine de minutes que nous avons vu suffit à avoir toute confiance dans le projet. Quel que soit l'élément abordé, il semble déjà possible de vanter les mérites du travail accompli.

Immersif, beau, drôle

Le sujet abordé ? On l'a déjà dit c'est très original et le pitch ouvre un large champs de possibilités dans l'immensité du paysage. L'ambiance graphique est également une réussite grâce à une direction artistique pas vraiment cartoon, mais presque. La nature sauvage du Wyoming, véritable star du jeu, nous immerge dans des forêts magnifiques et dans de dangereux canyons. La bande son soutient parfaitement les ambiances et permet aussi de profiter de tous les dialogues entre Henry et Delilah. Et les discussions sont nombreuses puisqu'à tous moment, Henry peut contacter sa boss ou vice versa. A la manière d'un jeu Telltale, les conversations impliquent souvent de choisir une réplique en un temps donné, sachant que garder le silence reste aussi une option valable. On ne sait pas encore quelle tournure prendront les événements de l'intrigue, mais le début du jeu parvient déjà à mêler des conversations sérieuses à de brillantes notes d'humour. On imagine que le reste suivra dans la même veine. La réactivité des dialogues est également surprenante puisque c'est avec beaucoup de naturel que les deux discutent, s'envoient des vannes, ou des remarques plus profondes, souvent en rapport avec ce que fait ou regarde Henry.

L'écriture est à ce titre un vrai point fort de Firewatch, permettant de s'identifier assez rapidement au héros. D'autant que chaque situation nous laisse suffisamment de libertés pour réagir à notre convenance. Par exemple, devant le feu de camp, le joueur peut décider de ramasser une par une les canettes de bière pour tout nettoyer. Il peut aussi décider de réprimander gentiment les adolescentes ou bien de jeter leur stéréo à l'eau. Il est trop tôt pour savoir si chaque décision trouvera une répercussion par la suite, mais connaissant le CV des développeurs, il est possible que ce soit le cas. Si l'éventail d'actions et de situations semble large, il faut tout de même préciser que Firewatch n'est pas un monde ouvert et il ne sera pas possible de faire tout et n'importe quoi. Il y aura une histoire à suivre et donc probablement des objectifs à atteindre pour avancer pas à pas sur la résolution du mystère. Sans trahir la narration, les auteurs tentent cependant de laisser autant de place au joueur que possible pour lui laisser mener sa barque comme il l'entend. Du coup, nous avons vraiment hâte d'en apprendre plus sur Firewatch pour justement découvrir où cette barque nous mènera.