Prévue pour la fin du mois d'août, la sortie définitive de Wasteland 2 approche à grande vitesse. Matt Findley, le patron du studio de développement inXile, a donc entamé un ultime tour promotionnel à travers le monde afin de présenter une dernière fois le jeu et de répondre aux questions sur la phase de conception de celui-ci. L'occasion pour nous d'en apprendre toujours plus sur un projet qui s'avère important à bien des égards.
Wasteland 2 fait partie de ces projets qui n'auraient très certainement jamais vu le jour sans l'avènement des sites mettant en avant le financement participatif. En l'occurrence, c'est grâce à la plate-forme Kickstarter que le jeu de InXile a pu être développé. Pour rappel, il s'agit bien entendu de la suite de l'excellent Wasteland, sorti en 1988. Un deuxième épisode dont la conception avait été envisagée dès le premier volet terminé. Pour le coup, il aura donc fallu attendre près de 25 ans pour que cette idée, qui courait dans l'esprit de Brian Fargo, se concrétise.
De l'intérêt même de Kickstarter
Il faut dire qu'avant que le financement participatif ne vienne offrir une solution aux développeurs, il y a eu une succession de problèmes liés en grande partie à des histoires de droits. C'est ensuite la frilosité des éditeurs vis-à-vis de ces projets marginaux qui a longtemps été un frein au développement de Wasteland 2. Avant que Fargo, Findley et leurs équipes ne tentent une sorte de coup de poker via Kickstarter. La demande initiale était à hauteur de 900.000 $. Quelques jours plus tard, 61.290 personnes donnent la possibilité à inXile de voir plus grand, la somme récoltée atteignant finalement 2.933.252 $. Soit plus de 3,2 fois ce que les développeurs souhaitaient avoir au départ. Suffisant pour pouvoir aborder la conception de Wasteland 2 en toute sérénité tout en élargissant les objectifs initiaux. Ce qui n'a pas empêché les équipes de tâtonner pour obtenir le meilleur résultat possible. Certains points comme l'interface du jeu ont nécessité de nombreuses itérations avant de donner satisfaction. Et même si la somme paraît et est, dans une certaine mesure, importante, inXile est loin de disposer d'un budget similaire aux grosses productions d'aujourd'hui. Ce qui signifie que le jeu possède parfois ce petit côté « fait à la main » (totalement assumé) qui prête à sourire. On pense notamment à l'introduction live qui implique des personnes réelles. Elle a été tournée en quelques heures au milieu d'une convention réunissant des cosplayers ayant un attrait pour les mondes post-apocalyptiques. Après tout, les gens qui ont financé le projet ne voulaient pas spécialement voir le studio dépenser leur argent dans des grosses cinématiques velues. En cela, inXile a parfaitement respecté leur volonté.
Use your brain
Sans surprise, Wasteland 2 propose donc une vue isométrique des plus classiques. Le jeu affiche malgré tout des environnements bourrés de détails et d'éléments interactifs. Ceux qui apprécient farfouiller partout à la recherche du moindre trésor caché devrait en avoir pour leur argent. Matt Findley l'admet volontiers, Wasteland 2 se destine avant tout à cette frange de joueurs qui aiment réfléchir. Que ce soit pendant les dialogues regorgeant de subtilités et laissant souvent le choix au joueur de la suite à donner à l'aventure ou pendant les combats qui se déroulent au tour par tour et qui demandent un certain sens tactique pour être menés à bien. Le jeu sait ainsi se montrer dur envers ceux qui se précipitent. Ne pas utiliser à bon escient le système de couverture, ne pas prendre en compte le friendly fire ou ne pas avoir composé son équipe de manière intelligente vous mènera à une mort certaine. Dès le premier écran du jeu vous demandant de choisir et de personnaliser vos 4 personnages, il faut donc utiliser son cerveau. L'expérience ne révèle sa pleine saveur que si vous prenez le temps de remarquer la masse de travail effectuée à tous les étages. A commencer par tout ce qui a trait à l'écriture. Les dialogues, souvent très fins et bourrés d'humour, sont particulièrement savoureux. La machine à écrire qui travaille en permanence en bas à droite de l'écran consigne absolument tout. La moindre discussion, la moindre interaction donne lieu à un petit texte que l'on prend à chaque fois plaisir à lire. Les situations en elles-mêmes sont souvent drôles également. Croiser la route des amateurs de catastrophes nucléaires donne immédiatement une idée de ce que nous réserve Wasteland 2.
Choix cornélien
Mais si l'on ne devait retenir qu'un élément caractérisant Wasteland 2, ce serait sans conteste cette idée que tout est possible. Cela veut par exemple dire que l'ensemble des PNJ peuvent être tués, y compris ceux qui vous donnent les missions les plus importantes. Cela n'est en revanche jamais sans suite. Il y a un nombre incalculable d'embranchements. Chacun change la couleur de l'aventure. Quelque part, chaque situation vous pousse à prendre une décision. Et parfois, vous allez passer la prochaine heure à payer la conséquence d'une simple réponse. Comme par exemple, au début du jeu, si vous refusez d'amener des objets radioactifs à des PNJ qui vous le demandent. Un premier affrontement léger durant environ 5 minutes s’enclenche. Une seconde possibilité de conclure l'affaire calmement s'offre à vous. Si vous la déclinez à nouveau, c'est une bataille rangée d'une heure qui démarre. Cette liberté, vous l'avez aussi au niveau de la confection de votre personnage. Vous répartissez les points d'expérience et dessinez ainsi le profil de votre équipe.
Difficile de reprocher grand-chose à Wasteland 2 à ce stade. Le studio inXile semble (une bonne moitié du jeu reste mystérieuse) avoir respecté l'ensemble des promesses faites à ceux qui lui ont permis de donner une suite au premier épisode mythique datant de 1988. Le jeu remplit sans mal le cahier des charges fixé en 2012. Ecriture soignée, combats tactiques, liberté totale, vue isométrique classique, aspect visuel travaillé, l'amateur de RPG occidental façon années 1980-90 a toutes les chances de s'y retrouver. Et c'est bien là l'essentiel.