Quelques années après s'être illustré avec Unwritten Tales, le studio King Arts est de retour avec The Raven, un nouveau jeu d'aventure en point and click. Le monde fantastique du précédent titre laisse sa place à une enquête policière qui semblerait presque sortir d'un roman d'Agatha Christie.
Drame en trois actes
Comme c'est de coutume en ce moment, The Raven est sorti au format épisodique au cours de plusieurs mois. Si les trois chapitres qui composent l'enquête peuvent être achetés à l'unité, ils sont finalement indissociables l'un de l'autre puisqu'ils forment une seule et même intrigue. Ce n'est donc qu'au terme du chapitre trois que l'on obtient le fin mot d'une histoire pleine de retournements de situations.
Le Crime de l'Orient-Express
L'investigation tourne autour d'un célèbre voleur se faisant appeler le Corbeau (The Raven en anglais) qui parvient systématiquement à dérober ce qu'il convoite au nez et à la barbe des forces de l'ordre. Nicolas Legrand, un policier français est sur sa trace depuis des années et tout semble indiquer que le bandit pourrait frapper en amont d'une exposition organisée au Caire. Le jeu commence à bord de l'Orient-Express en compagnie d'Anton Zellner, un gendarme suisse chargé d'assurer une certaine présence policière à bord du célèbre train. A quelques wagons de lui, Legrand voyage avec des joyaux qu'il est censé protéger jusqu'au Caire. Dans le train, plusieurs personnes à destination elles aussi du musée égyptien complètent le casting. Dès le départ, nous voilà plongés dans une ambiance digne d'un roman d'Agatha Christie. Tout y est. Le cadre, bien sûr, mais aussi des références plus malignes, comme cette vieille dame auteur de romans policiers qui renvoie directement à Christie elle-même. Dans de telles conditions, Zellner devient rapidement notre Hercule Poirot, tandis que chaque voyageur se transforme immédiatement en suspect potentiel lorsque le Corbeau parvient effectivement à dérober les précieux bijoux.
De multiples rebondissements
L'enquête ne se limite pas aux simples wagons de l'Orient-Express. Elle nous transporte également sur un navire de croisière puis au musée cairote. De même, The Raven ne nous enferme pas dans le seul rôle de Zellner. Au fil des chapitres, l'aventure nous permet d'incarner d'autres personnages, dont le maître voleur lui-même ! Cela permet de revivre certaines scènes sous un autre regard et de comprendre les nombreuses subtilités du scénario. Car s'il y a bien un point sur lequel The Raven se démarque, c'est son scénario. L'aventure prend visiblement beaucoup de plaisir à nous conduire sur de nombreuses fausses pistes. On se questionne donc en permanence durant l'enquête. D'abord pour connaître l'identité du corbeau, puis pour comprendre comment il a réalisé son coup, et enfin sur ses réelles motivations. Les amateurs de romans "whodunit" apprécieront à coup sûr, à condition toutefois de parler anglais ou allemand. En effet, The Raven est malheureusement dénué de version française. Un groupe de fans s'est bien réuni sur les forums de jeuxvideo.com pour commencer une traduction française, mais celle-ci n'est pas encore disponible à l'heure actuelle.*
Au rayon des reproches
L'autre reproche que l'on pourrait éventuellement faire à The Raven concerne sa réalisation. Ce n'est pas spécialement moche, mais ce n'est pas vraiment beau non plus. Disons que le titre propose une direction artistique réussie à laquelle les graphismes ne parviennent pas à rendre justice. La bande-son est elle aussi plutôt moyenne avec un jeu d'acteurs globalement très mou. Les accents sont également trop forcés pour marquer les nationalités de chaque personnage. Cela en devient presque caricatural. Enfin, le dernier grief est lié à la caméra et aux déplacements. Il est en effet très difficile de trouver l'endroit exact qui fera changer la caméra d'angle. Au lieu d'avancer, le personnage se retrouve comme bloqué, obligé de reculer et d'essayer à nouveau de marcher vers la prochaine zone. Le problème est spécialement gênant dans les lieux étriqués tels que les wagons de l'Orient-Express ou les cabines du bateau. Un petit patch pourrait éventuellement corriger cela…
Une enquête rondement menée
Pour ne pas conclure sur une note négative qui ne refléterait pas forcément l'impression générale laissée par The Raven, évoquons rapidement le gameplay. A la manière d'un jeu d'aventure en point and click tout ce qu'il y a de plus classique, celui-ci comporte pas mal de dialogues et quelques énigmes. L'enquête progresse donc tout autant en ramassant et en utilisant des objets qu'en bavardant avec les personnages pour obtenir de nouvelles pistes. L'ensemble n'est jamais bien difficile, d'autant que le titre ne permet pas de regarder deux fois le même objet si celui-ci n'est pas important ou de poser deux fois la même question si cela ne sert à rien. Le résultat est qu'on ne piétine pas en regardant toujours les mêmes choses ou en parlant toujours des mêmes sujets. L'aventure avance certes assez rapidement mais pendant la petite huitaine d'heures que dure The Raven au total, le jeu parvient à captiver l'intérêt de ses joueurs grâce à des rebondissements et à une histoire bien ficelés.
* Uniquement sous Windows.
Points forts
- Un bel hommage à Agatha Christie
- Le scénario réserve de nombreuses surprises
- Incarner le policier et le voleur dans la même enquête
Points faibles
- Pas de version française
- Des changements de caméra capricieux
- La réalisation sans génie
Avec The Raven, les amateurs d'Agatha Christie suivront un scénario bien mené et rempli de références, tandis que les passionnés d'aventure trouveront un point and click plutôt agréable à suivre. Quelques petites accroches au niveau des changements de caméra et un relatif manque de difficulté se font sentir, mais en dehors de cela, voilà un titre qui mérite votre attention.