Nouvel E3, nouvelle démo de 45 minutes de l'époustouflant troisième volet de The Witcher qui n'en peut plus de se faire attendre et de nous faire baver.
Les présentations de plus de 45 minutes ne sont pas exceptionnelles à l'E3, mais elles sont toutefois assez loin de représenter la norme. Ce qui est encore plus rare, ce sont les longues démos auxquelles on assiste sans jamais, ô grand jamais, trouver le temps un peu long tout en se tortillant sur sa chaise. The Witcher 3 est de ces jeux que l'on peut regarder en trouvant un petit détail à noter ou simplement un environnement à observer ou une musique à laquelle prêter l'oreille. Ce qui est déjà une excellente chose. Cette nouvelle rencontre avec le jeu de CD Projekt se déroulait précisément après le très cinématique combat de Geralt contre le Griffon. Nous avons donc retrouvé l'oiseleur à cheval, la tête de la bestiole solidement attachée à sa selle, aux abords de la fort grande ville de Novigrad.
Witcher des villes, Witcher des champs
Fort grande, mais aussi fort jolie, Novigrad est un premier rappel des qualités esthétiques de The Witcher 3 ainsi que de l'ampleur de ses environnements. Même si nous n'avons pu voir qu'un fragment de la cité, cette dernière semble d'une taille conséquente et les personnages qui la peuplent s'agitent et s'affairent à leurs occupations avec beaucoup de naturel, même si elle ne grouille pas d'une folle population hyper dense, Novigrad est une ville bien vivante et crédible, aux ambiances multiples, et disposant d'un charmant petit port où le son du vent et des vagues le dispute aux cris des mouettes. Un lieu agréable et chaleureux idéal pour faire ses emplettes mais que Geralt quitte rapidement, sa quête actuelle le conduisant au loin, dans un lieu passablement moins agréable, un no man's land composé d'un marais sordide, de quelques bois et d'un peu de montagne. Une destination que le héros aurait pu rejoindre en 20 minutes au galop à cheval selon CD Projekt qui a profité de cette petite précision pour exposer une nouvelle fois une map énorme ne représentant qu'une région du jeu. Evidemment, la démo a eu recours à un déplacement rapide.
Sur place, Geralt se livre à un peu d'exploration en faisant appel à son fameux sixième sens qui en plus de l'aider à repérer ses proies en suivant leurs traces, peut également lui indiquer des spots d'escalade bien utiles pour se hisser en hauteur, ou encore lui donner l'origine de certains sons, qu'il s'agisse du grognement d'une bestiole inoffensive ou d'un loup-garou nettement plus inquiétant. On visitera au passage un petit village abandonné des dieux mais pas de ses résidents et même une grotte à l'intérieur de laquelle on pénétrera le plus naturellement du monde pour ensuite s'offrir une plongée en eau profonde. Le monde de The Witcher 3 est décidément très vaste, et le petit plus produit, c'est que l'on y évolue sans interruption autre que celle du scénario ou d'un fast travel. Malgré la taille des lieux, on entre dans Novigrad sans chargement, de même que dans la grotte ou apparemment à peu près n'importe où. Cerise sur le gâteau : c'est beau, tout simplement.
Un background dense
Il va de soi que l'oiseleur ne se contente pas d'errer de ville en marais sans raison, enfin en tout cas pas dans le cadre de la démo. Lancé sur les traces d'une femme aux « cheveux de cendres » qui semble présenter bien des similitudes avec le mutant tueur de démons, Gérald se retrouve pris dans une enquête qui le conduit de Novigrad aux marais où il croise le chemin d'une créature aux faux airs d'enfant qui lui viendra en aide en échange d'un premier et rapide coup de main consistant à lui rendre la parole. Service en échange duquel il conduira le joueur vers une vieille femme elle-même en mesure de le mettre en contact avec trois sorcières dont on ne vous dira rien, mais qui n'accepteront de donner à Geralt son dernier indice qu'une fois qu'il aura effectué une ultime tache : devenir leur agent et libérer un village d'une sombre menace et surtout récupérer le « paiement » de cette faveur auprès du chef de village. Résoudre cette dernière sous-quête confrontera Geralt et donc le joueur à un choix cornélien : croire au plaidoyer de l'esprit probablement responsable des malheurs des locaux qui se prétend victime, ou en finir avec lui. Un choix qui aura nous dit-on des conséquences ultérieures. En somme, la quête de Geralt se change en une belle succession de sous-quêtes toutes liées les unes aux autres par un fil rouge solide et des transitions habiles. Comme on avait déjà pu le voir, The Witcher 3 jouit de dialogues à choix multiples intégralement doublés et mis en scène avec de nombreux plans de caméra maîtrisés, le tout servant des personnages généralement travaillés et qui ne font pas figure de simples pancartes interactives.
Des combats nerveux
Il va de soi qu'à force de traverser la campagne et surtout de fréquenter des lieux malfamés, Geralt s'est livré à plus d'un combat durant ces 45 minutes. Bandits, créatures des marais, harpies, ce sont surtout de petits adversaires que l'on a pu voir, mais cela suffisait à jeter un nouveau coup d'oeil au système de combat très dynamique. Geralt virevolte, tournoie, balance coups de lame et sorts avec une certaine grâce même si on note parfois un léger manque de fluidité. Très nerveux, les affrontements pourraient peut-être manquer un peu de finesse au regard de certains joueurs, mais il est difficile d'en juger sans pouvoir poser nos mains sur la bête. CD Projekt a néanmoins passé en revue quelques sorts de la roue de pouvoirs, rien de très inattendu puisqu'on peut bouter le feu aux ennemis, les sonner d'une onde de choc, poser des pièges au sol ou former un bouclier. Au chapitre des détails, on découvre qu'il sera possible de tirer parti de l'environnement, par exemple en enflammant des nuages de méthane planant dans les marais. Et pour les amateurs de combat à distance, sachez que vous pourrez vous amuser avec Gabriel, l'arbalète du Witcher.
Une fois de plus, The Witcher 3 fait une apparition très remarquée à l'E3. Avec sa direction artistique splendide, son monde ouvert gargantuesque, sa mise en scène sobre mais immersive, le RPG semble avoir toutes les qualités requises pour engloutir les joueurs dans son univers. C'est en tout cas ce qu'il est parvenu à faire durant 45 minutes sans même que l'on puisse poser les mains dessus. D'ailleurs, il serait grand temps qu'on nous laisse vraiment tâter la bête.