Prêchant pour une ambiance posée, reflet (présumé) d'une réflexion sur la société rurale irlandaise et le désespoir d'un homme, Montague's Mount se destine clairement à un public averti pour qui une longue introspection dans l'esprit d'un homme ne fait pas peur. Mélangeant exploration et énigmes, le tout saupoudré de fantastique, le titre de PolyPusher Studios opte pour une progression mesurée en faisant fi, malheureusement, de certaines évidences.
Arguant du fait qu'il s'inspire d'une histoire vraie, Montague's Mount entend bien plonger le joueur dans une aventure audacieuse dans le sens où le temps semble figé sur cette île perdue au large de l'Irlande. De fait, préparez-vous à vivre une épopée balayée par les flots et diverses énigmes qui mettront votre sens de l'observation à l'épreuve. Engoncé entre Dear Esther et Myst, le titre de Polypusher Studios nous conte ainsi l'histoire d'un amnésique, naufragé sur une île se trouvant non loin de l'Irlande. On ne sera donc pas étonné de retrouver moult textes en gaélique qui, fort heureusement, profiteront d'une traduction française, le jeu étant par ailleurs doublé dans la langue de Molière. De fait, si le jeu débute à la façon de Robinson Crusoé, très rapidement, une chape fantastique nous entoure par le biais d'étranges visions d'un enfant évanescent ou de multiples photos et autres souvenirs jonchant les habitations de l'île et ses environs. Ainsi, le titre choisit volontairement de ne pas trop en dire, la progression jouant justement avec cette idée de révélation finale...
Lenteur est mère de sûreté...
... Qui n'arrive finalement pas puisque Montague's Mount se ponctue par un cliffhanger qui trouvera écho dans un second jeu titré Libération. En somme, autant dire qu'on se sent quelque peu floué d'autant que le réel moteur du jeu se trouve dans la résolution du mystère qui nous occupe l'esprit. En effet, au-delà de l'ambiance posée et mature du soft, on devra affronter de multiples soucis que le développeur aurait aisément pu corriger. En premier lieu, on pointera du doigt la lenteur excessive du personnage. Certes, notre avatar est blessé et devra utiliser une canne de fortune pour se déplacer mais était-ce une raison suffisante pour nous obliger à subir des va-et-vient lourds et pesants pourtant nécessaires pour résoudre plusieurs puzzles ? A ceci, on rajoutera des sauvegardes automatiques maladroitement placées, nous obligeant parfois à déchiffrer une énigme avant de quitter le jeu. Ainsi, en couplant ces deux errances, on obtient une progression qui pourra venir à bout de beaucoup d'aventuriers. D'autant plus vrai que certaines énigmes nécessiteront de se déplacer sur des distances relativement grandes. Je vous laisse donc imaginer la joie lorsque vous vous rendrez compte que ce que vous avez réalisé à un endroit n'est pas bon et qu'il faudra y revenir.
Le temps suspend son vol
Du coup, à cause de déplacements laborieux, la durée de vie s'en retrouve artificiellement rallongée. Pour autant, n'allez pas croire qu'il vous faudra de longues journées pour venir à bout de Montague's Mount, puisque grosso modo, vous en ferez le tour en 4 heures. S'il y a bien quelques objets à collectionner, leur intérêt ne sera pas suffisamment important pour qu'on crapahute plus que de raison, surtout si on prend en compte les problèmes évoqués plus haut. Dommage, surtout que si on devra simplement récupérer divers items pour avancer, certaines énigmes nécessiteront de la jugeote et un certain sens de l'observation. Malheureusement, ce titre nous démontre une fois de plus qu'un bon produit vidéoludique se doit de combiner un gameplay maîtrisé et une histoire intéressante. En tout état de cause, Montague's Mount se laisse malgré tout plus ou moins savourer, ne serait-ce que grâce à sa bande-son douce et enivrante, même si on eut apprécié une technique de meilleure facture, le tout étant bien moins beau que Dear Esther pourtant sorti depuis presque deux ans. Bref, sans mauvais jeu de mots, on serait tenté de dire que sans être un véritable naufrage, le titre aurait mérité bien plus d'attention de la part de ses géniteurs pour nous convaincre pleinement.
Points forts
- Un jeu qui sait prendre son temps...
- Une histoire à mi-chemin entre Robinson Crusoé, Dear Esther et Myst
- Quelques énigmes bien pensées
- Une ambiance musicale reposante
Points faibles
- ... Un jeu qui prend trop son temps ?
- La lenteur du personnage
- L'impossibilité de sauvegarder où l'on veut
- Techniquement faiblard
- La durée de vie (entre 3 et 4 heures)
- La fin qui sera proposée dans une seconde partie
- Le prix (une dizaine de dollars)
S'inscrivant dans la continuité de jeux misant davantage sur leur ambiance ou leur scénario que sur leur gameplay, Montague's Mount loupe un peu le coche à cause de plusieurs problèmes rendant la progression très pénible. Dès lors, difficile de pleinement accrocher à l'histoire bien qu'il y ait un « je ne sais quoi » indéniable nous poussant à avancer pour connaître le fin mot de l'histoire. Malheureusement, entre un prix trop élevé, un gameplay maladroit et un niveau technique limité, on rentrera difficilement dans ce jeu introspectif qui aurait pourtant pu s'en tirer avec les honneurs à l'aide de plusieurs ajustements.