Seconde Guerre mondiale, Vietnam, guerre moderne, voire futuriste, si la série Battlefield a déjà couvert bien des conflits, il lui reste encore des tas de pistes à explorer. Lorsque Visceral Games prend les rênes de la série, le temps d'un épisode, le studio en profite logiquement pour présenter encore une autre vision de Battlefield. Une vision qui s'intéresse à une autre forme de guerre, celle que livre la police au crime organisé. Avec Battlefield : Hardline, on troque donc les médailles militaires pour un badge de police.
La collaboration entre Visceral Games et Dice (papas de Battlefield) remonte à quelques années déjà lorsque les deux patrons de studios échangent tout le bien qu'ils pensent des jeux de l'autre. L'idée de confier un Battlefield à Visceral devient alors réalité, mais avant de plonger dans le grand bain, le studio souhaite faire ses preuves. Il s'occupera ainsi de développer le DLC End Game pour Battlefield 3. Aujourd'hui, il revient avec un vrai nouveau titre, Battlefield : Hardline, qui à première vue s'éloigne de l'idée que l'on peut généralement se faire d'un Battlefield. A première vue seulement.
Battlefield "Gendarmes et Voleurs"
Lorsqu'il a fallu définir le cadre du nouveau Battlefield, Visceral Games est parti d'un constat très simple : les jeux vidéo sont globalement tous beaux. Fini le temps où un titre à gros budget se voyait pointé du doigt pour ses graphismes disgracieux. Aujourd'hui, les blockbusters ont tous atteint un seuil de qualité indéniable. Il était donc important de trouver autre chose pour attirer les joueurs que de simplement leur en mettre plein les mirettes (même si Visceral compte bien sur le moteur Frostbite 3 pour assurer le spectacle). Les FPS suivent également des modes et en ce moment, la mode comprend plusieurs courants. Les FPS de guerre moderne ou de science-fiction sont déjà bien représentés. En réaliser un énième n'aurait foncièrement rien de mauvais, mais le studio qui a redonné ses lettres de noblesse au survival-horror avec Dead Space et qui a aussi réimaginé la Divine Comédie avec Dante's Inferno, souhaite continuer à se démarquer dans ses productions. De là est née l'envie de réaliser un Battlefield "Gendarmes et Voleurs" qui s'appuierait aussi sur un ton bien plus léger que la plupart des titres concurrents enlisés dans des ambiances lourdes et sérieuses. Un tel pitch fait évidemment beaucoup penser à la série Payday. Pourtant, la référence ne sort pas de la bouche du studio qui préfère parler d'inspirations puisées dans les films Heat ou The Dark Knight.
Vous l'avez deviné, dans Battlefield : Hardline, nous ne sommes pas là pour arrêter un dictateur impatient d'ajouter le Turbikistan à sa collection de pays dominés, mais pour passer les menottes à un groupe de malfrats, en employant la manière forte pas s'il, mais puisqu'il le faut. Officiellement, peu de détails ont filtré sur le mode solo. Une vidéo fuitée quelques jours avant notre rencontre avec le studio mentionnait une traversée des Etats-Unis dans la peau d'un inspecteur lancé sur les traces d'un ancien équipier passé du côté obscur des forces de l'ordre. Mais impossible d'avoir des précisions à ce sujet puisque Visceral a choisi de botter en touche à la moindre de nos questions concernant de près ou de loin le mode solo. Pour ce premier contact, le studio a souhaité mettre en avant ce qui a toujours été au cœur de Battlefield : le jeu multijoueur.
Des modes originaux
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Les deux modes de jeu choisis pour cette introduction étaient les modes Heist et Blood Money faisant chacun s'affronter une équipe de policiers à une équipe de criminels. Dans Heist, les voleurs devaient faire exploser deux coffres, récupérer l'argent et transporter le magot aux deux points d'extraction, pendant que les policiers tentaient de les en empêcher et de sécuriser le pactole. Dans Blood Money, les choses deviennent un peu plus symétriques. Un tas d'argent se trouve au milieu de la carte, chaque équipe doit aller se servir et ramener les billets à son propre coffre. Ici, chaque joueur peut choisir de piocher dans la cagnotte centrale, de rester aux abords de son coffre pour assurer sa protection, ou au contraire de jouer la fouine pour dérober quelques liasses dans le butin adverse.
Des classes classiques
Si le cadre diffère pas mal des précédents volets, on retrouve dans Hardline la plupart des piliers de la série dont le système de classes et des véhicules. A chaque respawn, un joueur peut donc choisir de réapparaître en tant qu'Operator, Mechanic, Enforcer ou Professional, des classes qui renvoient directement aux classes Assault, Engineer, Support et Recon de Battlefield 4. Chacune dispose de ses attributs spécifiques à utiliser pour le bien de son groupe. En plus d'accumuler les kills, les joueurs occupent une fonction au sein de leur groupe pour soigner les blessés ou réparer les véhicules. Libre à eux de jouer à fond leur rôle ou de jouer en dilettante, sachant que la première option est généralement la plus payante, et aussi la plus gratifiante, dans un Battlefield.
Pour revenir sur les véhicules, nous n'avons pas vu de bateaux et il ne semble pas y avoir d'avions non plus (en tout cas pas sur la map jouée). On trouve en revanche dans Hardline des motos, des muscle-cars, des fourgons blindés, et même des hélicos pour couvrir l'ensemble du terrain. Les engins occupent une place importante dans le gameplay à la fois pour se déplacer sur la carte, mais aussi pour réaliser des kills (écraser les autres, les arroser avec le canon de l'hélico, etc.), ou même placer un point de respawn stratégique puisque certains d'entre eux ont cet avantage.
Réputation et argent
Deux systèmes permettent d'évoluer dans Battlefield : Hardline. En accumulant les bonnes actions dans la partie, un joueur gagne de la réputation qui lui ouvre alors l'accès à des améliorations temporaires. Il peut par exemple choisir de renforcer momentanément sa résistance ou d'améliorer sa stabilité. Les performances en jeu rapportent aussi du cash à dépenser pour acheter ou optimiser son matériel. Il est ainsi possible de débloquer des gadgets comme une tyrolienne ou même le fameux grappin tactique. Tous les deux permettent d'appréhender la map différemment, avec par exemple de nouvelles voies à explorer pour contourner les adversaires et les prendre à revers. D'autres gadgets peuvent être obtenus, on pense notamment à un masque à gaz pour se protéger de nuées toxiques, un taser capable d'immobiliser ou un bouclier d'assaut. Bonne nouvelle, les achats effectués sont permanents et peuvent servir à débloquer du contenu pouvant être utilisé par l'ensemble des classes. De même, en améliorant une arme à son niveau maximal, celle-ci devient automatiquement accessible aux quatre classes d'un coup. Par déduction, vous aurez compris que chaque classe affiche un équipement initial adapté à son rôle sur le terrain.
L'évolution du Levolution
Il reste encore pas mal de choses à découvrir dans Battlefield : Hardline. Comme on l'a dit plus haut, il faudra évidemment se pencher sur toute la partie solo. La campagne peut sembler anecdotique pour beaucoup de joueurs de Battlefield, mais avec Visceral Games aux manettes, on peut légitimement espérer une expérience solitaire peut-être plus ambitieuse que par le passé. Il reste aussi à explorer diverses maps et tâter d'autres modes de jeu en multijoueur. A ce propos, le studio laisse entendre qu'on retrouvera certains modes classiques de la série, mais ne précise pas lesquels. Rien n'est dit non plus sur la présence ou non du mode Commander ou d'un mode similaire qui permettrait à un joueur de gérer les opérations à l'aide d'une vue plus générale de la carte. En revanche, nous pouvons confirmer que Hardline profite déjà de l'une des nouveautés apportées par Battlefield 4, à savoir le système Levolution faisant évoluer la configuration d'une map en cours de jeu. Dans l'unique environnement joué aujourd'hui, il s'agissait d'une immense grue pouvant s'écrouler au milieu des immeubles, rendant alors impossible toute circulation sur une partie de la rue, mais ouvrant aussi des brèches dans les buildings. Visceral nous a confié vouloir offrir plus qu'une simple variation par map. Le but est d'éviter de tomber dans la routine en assistant systématiquement à tel événement sur telle map. Une envie bien louable qu'on espère voir se concrétiser dans le jeu complet.
A l'écoute des joueurs
Pour l'heure, il faut retenir deux choses à propos de Battlefield : Hardline. Son changement d'univers ne signifie pas la perte des valeurs de la série. En réalité, le nouvel univers démontre une vraie ouverture de la franchise qui cherche d'autres territoires où transposer son gameplay. Le risque est peut-être grand, mais il peut s'avérer payant ; en cas de succès, cet épisode ouvrira sans doute la licence vers encore d'autres horizons. Il faut aussi retenir la volonté de bien faire de la part de Visceral Games. La simple organisation de notre présentation en témoigne, puisqu'en plus de la presse étaient aussi invités certains des membres les plus impliqués de la communauté Battlefield. Le message est clair, le studio tient absolument à échanger avec les joueurs afin de s'assurer que le titre saura leur plaire. Les premiers retours sont encourageants, même s'il reste encore des réglages et des ajustements à faire sur la vitesse de jeu ou le feeling de certaines armes.
Battlefield : Hardline n'a peut-être pas la couleur d'un Battlefield, il en a pourtant le goût. Après un Battlefield 4 qualifié d'épisode 3.5, Hardline pourrait tout à la fois convenir aux amateurs du genre, réconcilier quelques anciens éventuellement lassés par le statu quo de ces dernières années, voire même séduire de tout nouveaux joueurs. Il est encore trop tôt pour savoir si Visceral fera le carton plein sur ces trois objectifs. Ce qui est certain, c'est que le studio a eu l'intelligence de proposer du frais, et a réussi à injecter sa patte dans une formule déjà bien rodée.