Au début du XIXe siècle, les nations majeures que sont la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et l’Italie s’industrialisent progressivement, passant d’un système agricole et artisanal à un système commercial et manufacturier : c’est la Révolution Industrielle. Avec une demande croissante en ressources naturelles et toujours à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux, ces pays établissent des colonies un peu partout dans le monde par la diplomatie ou par la force afin de renforcer leur pouvoir. C’est ce que propose Imperialism en vous mettant à la tête d’une nation que vous devez diriger à travers cette période afin d’étendre votre hégémonie.
Se déroulant de 1815 à 1915, Imperialism est un jeu de stratégie / gestion au tour par tour vous mettant aux commandes d’une nation pour laquelle vous devez tout gérer : exploitation des ressources, production, organisation des infrastructures, diplomatie, commerce, campagnes militaires… le but étant d’être désigné pays le plus puissant du globe à travers un vote du conseil des gouverneurs ayant lieu tous les dix ans. Pour cela, vous devez agrandir votre influence sur des pays mineurs, que ce soit par domination économique, par diplomatie ou par conquête militaire.
« Rome ne s’est pas faite en un jour »
Avant d’en arriver là, vous devez déjà vous assurer de construire une économie saine dans votre propre pays. Vous commencez la partie dans un monde généré aléatoirement avec quelques ressources, un peu d’argent et des unités spécialisées : les ingénieurs qui mettent en place le réseau ferroviaire, les dépôts de ressources et les forts militaires à travers votre pays ; les prospecteurs qui recherchent les ressources naturelles telles que l’or, le fer ou le charbon ; les mineurs qui extraient les ressources trouvées par les prospecteurs ; les fermiers, les éleveurs et les bûcherons qui améliorent la production des champs, des élevages d’animaux et des exploitations forestières. Vous avez aussi quelques unités militaires et navales à votre disposition.
Le jeu se joue à travers une série d’écrans qui vous permettent de contrôler les différents aspects de votre nation. L’écran principal affiche la carte générale sur laquelle donner des ordres à vos unités spécialisées. Le but est de produire des ressources et d'améliorer le rendement de vos exploitations pour répondre aux besoins en matières premières qui ne feront que croître. Vous pouvez aussi y déplacer vos unités militaires et navales en leur demandant de défendre un secteur ou en les envoyant en reconnaissance. C'est également sur la carte que vous gérez le transport en sachant qu'acheminer les matières premières depuis les lieux de production jusqu’aux usines coûte des points de transport, à vous de les allouer en fonction de vos besoins.
L’industrie au cœur du gameplay
L’étape suivante consiste à donner des ordres à votre industrie afin de transformer les matières premières et les ressources naturelles en produits finis, et donc de gagner de l’argent. C’est aussi là que vous formez votre main-d’œuvre, vos unités militaires et votre flotte militaire ou marchande. Le but est d’atteindre un équilibre entre la capacité à produire et transporter des matières premières et celle à les transformer par votre industrie. Pour donner un exemple de la délicatesse de cet équilibre, imaginons qu'il faille produire des canons : pour cela il faut du charbon et du fer, que votre fonderie va convertir en acier ; acier qui sera envoyé à l’usine d’armes pour être transformé en canons pour l’armée ou la marine. Toutes ces opérations nécessitent des points de main-d’œuvre, main-d’œuvre que vous devez former, ce qui coûte des ressources comme du papier, de la nourriture et des vêtements… et donc du bois, du coton et du blé… Et la main-d’œuvre est elle-même divisée en ouvriers, techniciens ou experts. Vous avez compris que tout cela peut rapidement devenir un véritable casse-tête. Un chaînon vient à manquer, et c’est toute la production qui est paralysée.
Il est d’ailleurs peu probable que vous arriviez à tout produire vous-même. L’étape suivante est donc de donner des ordres sur l’écran de la bourse et d’indiquer les produits que vous voulez acheter ou vendre auprès des autres nations. Imperialism gère un système de fluctuation des prix en fonction de l’offre et de la demande. Lorsqu'une denrée est disponible en trop grande quantité dans le monde, son prix se met à dégringoler. A l’inverse, une denrée rare voit son prix grimper en flèche. C’est d’ailleurs un bon moyen de se faire de l’argent : vous pouvez acheter les matières premières à bas prix et revendre les produits finis après transformation par votre industrie. Investissez cet argent dans de nouvelles technologies et améliorez vos usines pour augmenter votre production, et donc vos profits. Mais pour cela, il faudra au préalable disposer d’une flotte marchande suffisamment grande, le nombre de biens que vous pouvez acheter à d’autres nations en dépend.
Guerre et paix
Le dernier aspect à gérer, mais pas des moindres, concerne la diplomatie. Sur cet écran, vous pouvez surveiller l’état de vos relations avec les autres nations. Moyennant finances, il est possible de bâtir des consulats puis des ambassades pour améliorer ces relations. Dans le même ordre d'idées, vous pouvez proposer des traités de non-agression ou d’alliance, décider de subventions à accorder à certains pays ou même verser des pots-de-vin. A l'inverse, rien ne vous empêche de déclarer la guerre à un autre pays ou d'instaurer des embargos. Tous les moyens sont bons et les possibilités, pacifiques ou belliqueuses, sont nombreuses pour étendre votre influence.
Economie, diplomatie… lorsque tout est réglé vient le moment de mettre fin au tour. Si un combat doit avoir lieu, vous pouvez choisir de le diriger vous-même sur une carte stratégique en tour par tour également, ou de laisser l’ordinateur décider automatiquement de l’issue du combat, sachant que sont pris en compte l’initiative, la portée des unités, leur moral ou le degré de fortification des troupes. Votre ministre vous montrera ensuite le livre de négoce, qui vous permet de consulter l’état de vos finances en fonction des achats, des ventes, des coûts d’entretien de votre armée et des investissements réalisés. Plus vous faites de bénéfices, plus votre limite de crédit (c'est-à-dire l’argent que la Banque Mondiale vous laissera emprunter sans pénalités en cas de coup dur) augmente. Enfin, un extrait de journal détaille différents événements : pénuries dans le monde (pratique pour s’adapter à la bourse), alliances conclues ou rompues, nouvelles technologies disponibles et d’autres choses plus futiles.
Une bonne réalisation, mais…
Les écrans sont assez beaux et détaillés, pour un jeu qui tourne en 640x480 maximum et 256 couleurs : les unités, les bâtiments et les différentes icônes sont identifiables sans difficulté. Le jeu dispose d’une bonne ergonomie avec une interface bien pensée pour une prise en main rapide facilitée par un didacticiel très bien construit et qui vous donne plusieurs conseils sur chaque écran. Il y a aussi plusieurs scénarios d’initiation, chacun se concentrant sur un aspect précis. De plus, si quelque chose demande votre attention immédiate pendant une partie, des ministres vous préviennent et vous conseillent sur la conduite à tenir. Et en plus de son mode libre, Imperialism propose aussi 3 scenarii historiques : « Le renouveau français de 1820 », « La concurrence navale de 1882 » et les « Mouvements d'unification de 1848-1890 ». Ces derniers vous permettront de jouer la France ou l’Allemagne (ou plutôt la Prusse) à différentes époques, et raviront les joueurs en mal de challenge. Ajoutez à cela la possibilité de jouer en réseau local ou en ligne avec 6 autres joueurs, et vous avez là un jeu qui dispose d’une très bonne durée de vie.
Cependant, Imperialism n’est pas exempt de défauts. Même si le jeu est addictif, une fois le concept assimilé et les subtilités maîtrisées, tout cela a tendance à être répétitif. Les parties se résument alors à donner des ordres aux unités spécialisées, puis au transport, puis à l’usine, puis à la bourse et enfin à la diplomatie pour boucler un tour. On pourrait se dire que les phases de bataille pourraient changer la donne, mais celles-ci ne sont pas très passionnantes. Avec une dimension tactique limitée, on aura vite fait de les faire simuler par l’ordinateur. On regrettera aussi l’absence d’arbre technologique : chaque découverte et chaque invention arrive à une date précise pour tous les pays, notre choix se limitant à payer ou non la somme requise pour pouvoir en faire bénéficier notre industrie au tour suivant.
Points forts
- Addictif
- Interface bien pensée
- Le principe de la bourse
- Bonne durée de vie
Points faibles
- Répétitif
- Phases de combat peu intéressantes
- Pas d’arbre technologique
Moins connu du grand public que la série des Civilization, Imperialism a pourtant tout pour plaire aux amateurs du genre : une gestion poussée de toute la chaîne de production (depuis la récolte de matières premières jusqu’à la vente de produits finis en passant par le transport et la manufacture), le fait de pouvoir jouer avec la bourse comme tout bon capitaliste qui se respecte, de nombreuses possibilités pour étendre votre influence, une très bonne durée de vie, et qui plus est dans une période de l’Histoire rarement exploitée dans les jeux vidéo. Les batailles auraient gagné à être plus tactiques et l'ensemble se montre un peu répétitif, mais si on arrive à passer l’éponge sur ces quelques défauts, Imperialism mérite le détour.