Le concept n'a pourtant rien pour déplaire à la base : le gameplay et l'esthétique de Dyad, à première vue abstraits et minimalistes, nous réservent quelques bonnes surprises, basées sur l'habileté du joueur et sa capacité à reconnaître les formes et les couleurs. Il s'agit de tirer sur des boules lumineuses, ou plutôt de les "relier" par paires d'une même couleur en les enchaînant dans le bon ordre, afin de faire prendre de la vitesse à notre avatar. L'action se complique au fur et à mesure que l'on avance dans les niveaux : le principe des paires reste récurrent tandis que les couleurs se diversifient et que viennent s'ajouter les habituels obstacles immobiles ou mouvants qu'il faut esquiver sur son parcours.

Là où Dyad devient plus intéressant, c'est lorsqu'il demande au joueur de faire preuve de précision : des triades, composées d’amalgames de trois boules, permettent de créer des lignes d'accélération vertigineuses appelées "zip lines" (qui peut se traduire par "tyroliennes" ou "fermeture éclair"), à condition d'en atteindre une spécifique. De même, de façon générale, chaque objet atteint par le joueur lui permet, s'il le frôle après lui avoir tiré dessus, de prendre de la vitesse et de remplir des barres d'énergie. Ces dernières donnent la possibilité d'effectuer un "tir chargé" propulsant notre petit bolide vers l'avant en lui faisant tout transpercer sur son passage. La logique est alors simple : plus le joueur transperce d'objets, plus il peut aller vite et loin. Ce principe n'a rien pour déplaire, bien au contraire, cependant les ennuis commencent ici.

Excès de vitesse

Si les sensations d'accélération sont au début jouissives et nous permettent de mettre à l'épreuve notre habileté et notre vitesse de réaction, les choses deviennent vite hasardeuses. En effet, passé une certaine vitesse, notre vision du tunnel devient floue, inondée de lumière, et il est parfois difficile de se faire une idée de ce qui se passe devant et autour de soi. Réussir à transpercer les ennemis voulus ou à éviter les obstacles dépend donc plus souvent du hasard que des réflexes réels du joueur. Ajoutons à la difficulté de compréhension visuelle les effets kaléidoscopiques colorés des tunnels qui n'arrangent pas notre affaire et ont même tendance à faire régulièrement pleurer nos yeux lorsqu'ils tournent trop vite, on obtient alors le défaut venant gâcher une grosse partie du jeu.

La bande-son, tout comme le gameplay, est malheureusement victime d'un point fort à double tranchant. La musique composée par David Kanaga est en effet dynamique, c'est-à-dire qu'elle s'adapte aux actions du joueur, et lui fournit des informations auditives utiles sur ce qu'il fait, tout en lui donnant l'agréable sensation d'être son interprète. Si certains aspects sonores sont très bien gérés, comme par exemple la montée progressive des intervalles lorsqu'on effectue un tir chargé en traversant un très grand nombre d'ennemis, la multiplication des accélérations et des différents objets susceptibles d'influencer la musique peut vite la transformer en une soupe de clusters désagréables. On attribuera une mention spéciale aux crescendos accompagnant les niveaux en temps limité, qui donnent parfois envie de couper le son tellement ils nous vrillent les tympans.

Une rejouabilité intéressante

Abstraction faite des gros défauts cités plus haut (qui ne concernent heureusement pas tous les niveaux), Dyad a le mérite de proposer des défis variés qui relancent régulièrement l'intérêt du jeu : niveaux à finir le plus vite possible, nombre de tirs limités, séquences "incolores" demandant de se fier uniquement à son oreille pour faire des bonnes paires... Le choix est large et les défis souvent corsés (dans le bon sens du terme pour une fois) ! De plus, chacun des 26 niveaux, une fois que le joueur a décroché trois étoiles en battant le record du jeu, ouvre la porte à deux nouvelles versions proposant des variations à la fois du gameplay et de la musique. En effet, un mode défi propose bien entendu un record à effectuer, bien plus difficile que celui de base et s'appuyant sur un nouvel aspect technique, et un mode remix nous permet aussi d'effectuer nos propres réglages sur la bande-son, et donc de comprendre un peu mieux le travail du compositeur (en mutant au passage certains effets sonores gênants...).

Ajoutons à cela un vingt-septième niveau très particulier nommé "Eye of the duck", totalement conceptuel, sur lequel nous laissons le soin à chacun de se faire sa propre interprétation, et Dyad s'avère au final rempli de choses intéressantes et de bonnes intentions. On peut faire le tour du jeu en un peu moins de quatre heures, mais les plus acharnés souhaitant terminer tous les défis ou ceux se laissant absorber par le mode remix atteindront facilement les dix heures. Reste à savoir si l'investissement d'une quatorzaine d'euros est justifié par le portrait que nous venons de brosser.