De tous les jeux de rôle nippons, la série des Etrian Odyssey est celle qui met le mieux en avant le côté exploration grâce à l'utilisation du stylet pour dessiner ses propres cartes en temps réel. Le quatrième opus ne déroge bien évidemment pas à la règle.
Fier aventurier que vous êtes, vous partez en quête de l'Yggdrasil, arbre mythique faisant office de Saint-Graal. Basé dans la ville de Tharsis, vous montez votre guilde en choisissant des combattants parmi sept classes disponibles relativement classiques. Même si vous n'êtes pas le seul casse-cou du coin, on vous envoie rapidement dans votre premier labyrinthe pour faire vos preuves. Ca s'appelle une mise en bouche expéditive, au cas où vous n'aviez pas encore remarqué qu'on avait affaire à un dungeon-crawler.
Une épée, une armure et un stylet
Ainsi, 99% de l'intérêt du jeu consiste à naviguer au tour par tour (et en vue à la première personne) dans des dédales plus ou moins habités. Ecran fixe par écran fixe, vous arpentez alors les couloirs et autres passages plus ou moins étroits, le stylet à la main, dessinant sur l'écran du bas de votre 3DS les contours et détails de votre progression. Car si les cases sur lesquelles vous vous arrêtez se dessinent automatiquement, c'est à vous d'indiquer les murs, portes, coffres ou autres éléments interactifs que vous verrez, seul moyen de ne pas se perdre. Dis comme ça, ça peut avoir l'air bête comme la pluie, mais mine de rien, le système est toujours aussi enrichissant et on finit par se prendre pour un véritable petit explorateur. Les nombreux raccourcis et sens uniques vous obligent à penser vos déplacements, d'autant que le temps défile : la nuit tombée, les ennemis sont plus forts !
Ne pas foncer dans le tas
Puisque l'on parle des ennemis, profitons-en pour apporter quelques précisions. A chaque fois que vous avancez d'une case, vous augmentez votre chance de tomber sur un combat aléatoire. Une fois un combat lancé, vous retrouvez un système relativement classique au tour par tour dans lequel le placement de vos personnages et de ceux de vos adversaires tient une importance considérable. Outre le fait d'influencer les dégâts infligés, la position influe aussi sur la réussite de certaines compétences. En règle générale, les rôles sont clairement définis et vous ne pourrez pas gagner si vous n'utilisez pas correctement les spécialités de vos compagnons. Même contre des ennemis de base, si votre tank ne prend pas les coups, votre équipe peut rapidement mordre la poussière. Bien qu'il ne s'agisse pas de l'épisode de la série le plus difficile, une bonne connaissance des RPG est clairement nécessaire pour ne pas souffrir dès les premiers instants.
Ennemi droit devant !
D'autant que des combats bien plus ardus vous attendent contre les FOE, des ennemis plus puissants qu'à l'accoutumée qui se déplacent sur la carte en même temps que vous. Dans les labyrinthes, l'une de vos principales activités sera de les semer en prenant des raccourcis (qu'ils ne peuvent pas emprunter) ou éviter de vous balader dans leur zone. Une bonne observation de leur façon de se déplacer peut avoir une grande importance, sans compter une parfaite connaissance du labyrinthe. Lorsque vous tombez contre une bestiole qui avance de deux cases par tour contrairement à vous, il faut forcément la jouer fine. Si rencontre il y a, les choses se corsent et il n'est pas rare d'y perdre toute son équipe. Toutefois, parfaitement préparée, votre guilde peut s'en sortir faisant de l'affrontement direct une solution facultative.
Non seulement feinter les FOE constitue une grande partie du gameplay, mais leur présence influe aussi sur d'autres éléments de jeu, comme la récolte par exemple. En effet, si vous pouvez récupérer des items intéressants à certains points précis, chaque tentative vous coûtera un tour et les FOE en profiteront pour se déplacer. Le reste du temps, fouiller chaque recoin peut être une bonne chose car vous pouvez toujours tomber sur un marchand caché derrière un arbre ou autre surprise. Parfois, en ville, quelques aventuriers vous donneront des indices sur les potentiels secrets des donjons au même endroit où vous pouvez trouver de nouvelles quêtes. Pratique. Bref, malgré un aspect visuel parfois cru comme vous pouvez le voir sur les images, Etrian Odyssey IV met assez en avant l'exploration pour passionner le joueur, aidé par une narration écrite descriptive idéale pour être mis dans l'ambiance.
Donjons après donjons
Toutefois, on reste dans un dungeon-crawler et le RPG d'Atlus ne déroge pas à la règle des quelques défauts du genre. Outre l'absence de scénario, ce sont les voyages hors de donjons (via aéronef) qui posent sans doute le plus problème à cause d'un certain manque d'intérêt. Certes, on retrouve le système de cartographie à faire soi-même, mais les quelques tornades et autres monstres ne suffisent pas à rentre ces phases passionnantes. On peut bien rencontrer un NPC ou deux qui nous demandent de leur ramener des objets cela dit. Côté ville, on se retrouve avec les classiques, avec une particularité pour la marchande : il faut lui ramener certains objets pour débloquer les équipements les plus intéressants. La demoiselle fait d'ailleurs aussi office de forge, vous permettant d'améliorer votre matos avec le marteau adéquat.
Au final, Etrian Odyssey IV est une très bonne aventure à vivre pour les joueurs qui possèdent deux vertus : la patience et la curiosité. S'il faudra passer outre certains éléments dus à son petit budget à commencer par ses graphismes à l'ancienne, on sent que le titre a bénéficié d'un travail conséquent et passionné, en témoigne les musiques de très bonne qualité qui ponctueront votre périple. Voilà un nouvel RPG de haute volée pour la Nintendo 3DS, décidément gâtée.
Points forts
- L'exploration mise en avant
- La cartographie au stylet
- Des musiques de qualité
- Une bonne difficulté
- Une durée de vie conséquente (près de 60 heures)
- Les arbres de compétences qui nous laissent le choix
Points faibles
- Visuellement aride
- Phases en dehors des donjons un peu longuettes
- Un petit côté die & retry par moments (pénible pour certains)
- Pas de localisation (tout en anglais)
Etrian Odyssey IV ne plaira pas à tout le monde. Reprenant beaucoup de codes des dungeon-crawler, il lorgne volontairement vers un côté classique qui pourra en rebuter certains, notamment en ce qui concerne la réalisation. Toutefois, si vous êtes capable de passer outre, vous découvrirez une véritable aventure où l'exploration tient une importance capitale, et vous prendrez un malin plaisir à cartographier vous-même les donjons avec votre stylet pour prendre vos repères et parvenir à vos fins.