A l'occasion du dixième anniversaire de la série au Japon, Nippon Ichi nous propose de découvrir Disgaea D2 : A Brighter Darkness, un épisode inédit qui fait suite au tout premier opus sorti en son temps sur PS2. Un choix étonnant à première vue, mais qui ne choque finalement pas tant que ça dans la mesure où la franchise a toujours su rester fidèle à elle-même au fil de son évolution. Disgaea D2 nous offre ainsi un petit retour dans le passé réservé principalement aux nostalgiques.
Si le studio Nippon Ichi Software est aujourd'hui connu pour un nombre assez important de tactical-RPG divers et variés, il doit avant tout sa réputation à la série Disgaea qui fête déjà son dixième anniversaire au Japon. L'éditeur a d'ailleurs toujours mis un point d'honneur à faire en sorte que le public occidental ait lui aussi accès aux différents opus de la saga, et ce depuis le premier volet sorti sur PS2 en 2003. Pourtant, et bien qu'elle ait su s'entourer d'une communauté de fans très fidèles, la série Disgaea n'a jamais réussi à toucher un large public, et ce malgré les efforts de son éditeur qui nous avait servi les épisodes 3 et 4 sur PS3 dans des versions traduites en français. Pas étonnant, dans ces conditions, de constater que ce Disgaea D2 nous arrive finalement en anglais, ce titre s'adressant plus que jamais aux inconditionnels qui n'attendaient qu'un nouveau prétexte pour replonger dans l'univers impitoyable du Netherworld.
Quel Overlord pour le Netherworld ?
En se positionnant à la suite de Disgaea : Hour of Darkness, Disgaea D2 prend le risque de se rendre peu accessible à ceux qui n'auraient pas fait le premier épisode sur PS2. Sur le plan narratif, l'histoire est certes inédite mais elle regorge d'allusions aux faits évoqués dans le volet initial. Mieux vaut donc bien connaître le background d'origine pour en profiter pleinement. Les fans de la première heure seront en tout cas ravis de retrouver dans les rôles principaux le prince Laharl, son vassal attitré : l'ambitieuse Etna, ainsi que l'ange déchu Flonne. L'histoire, quant à elle, reste bien dans l'esprit des autres volets de la série en termes d'humour absurde et de dérision. Dommage que les textes ne soient pas traduits en français, contrairement aux épisodes 3 et 4, car seuls les joueurs anglophones pourront réellement apprécier les échanges verbaux délirants, bourrés de références aux jeux vidéo ou à la série en général. Dans Disgaea D2, le Netherworld, patrie des démons les plus cruels, voit l'arrivée d'un nouvel overlord potentiel : Sicily, une fillette qui prétend être la petite soeur de Laharl et qui semble clairement venue pour prendre sa place ! Cette gamine qui n'a pas froid aux yeux est épaulée par la fière guerrière Barbara et le mystérieux démon Xenolith, tous faisant ici leur première apparition dans l'histoire de la franchise.
Retour aux origines
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On peut se demander si le fait que Disgaea D2 marque un retour aux sources sur le plan narratif entraîne également l'abandon des idées de gameplay mises en place à partir du second volet. Oui et non. Car si le titre se borne principalement à améliorer le système de jeu de Hour of Darkness, il n'en reprend pas moins quelques éléments introduits par la suite. Plus important, il fait intervenir des idées complètement inédites sur lesquelles nous allons tout particulièrement nous attarder. Mais d'abord, rappelons déjà à ceux qui n'auraient pas encore eu l'occasion de s'essayer à un Disgaea que la série est réputée à la fois pour sa dimension complètement loufoque et pour son extrême richesse sur le plan tactique. Toujours aussi ardu à maîtriser, le gameplay se montre exigeant car il nécessite un investissement important de la part du joueur en termes d'implication, les routines propres à la série n'ayant pas vraiment d'équivalent dans les autres T-RPG. Les néophytes devront donc déjà apprendre à se familiariser avec la notion de Lift, à savoir le fait de porter des unités alliées (ou ennemies) pour les balancer sur des cases distantes, ou même de les empiler dans le but d'enchaîner les lancers ou d'effectuer des attaques spéciales. Cela peut notamment servir à contourner les malus liés aux Geo Panels, un autre élément clef du système de jeu qui implique de bien observer la disposition des Geo Symbols sur le terrain pour les exploiter à notre avantage.
Le soutien à l'honneur
Plus que jamais, il convient aussi d'anticiper les réactions en chaîne massives, Disgaea D2 faisant dans la démesure la plus absolue à ce niveau-là, comme le veut la tradition de la série. Prévoir les éventuelles contre-attaques et les frappes de soutien revêt une importance capitale ici car leur fréquence découle directement du niveau d'affection qui lie les unités entre elles, un peu à la manière d'un Fire Emblem : Awakening. Concrètement, plus l'amitié (ou Likeability) sera forte entre deux protagonistes, plus le joueur aura de chances de les voir effectuer des attaques combinées, donner un coup en plus lorsqu'ils sont à portée de l'ennemi visé par leur allié (Cover Attack), ou défendre une autre unité en danger (Protect Action). Et le meilleur moyen de booster ce niveau d'affection est bien sûr de rapprocher ses troupes sur le terrain pour les voir engager le dialogue, de leur faire exécuter des attaques à plusieurs ou de recourir à certains types d'objets.
Montures et apprentis
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L'une des bonnes trouvailles de Disgaea D2, et qui colle d'ailleurs parfaitement à l'esprit barré de la série, est le fait de considérer les unités de type monstre comme des montures potentielles. Vous avez des dragons ou des Prinnies dans votre équipe ? Alors rien ne vous empêche de les faire monter par n'importe quel personnage humanoïde de votre groupe ! Dans ce cas de figure, c'est la monture qui encaisse les dégâts et qui se retrouve donc en première ligne. Si jamais elle succombe aux coups de l'ennemi, le cavalier se retrouve à terre mais conserve ses points de vie. Libre à lui alors d'en chevaucher une autre ou de continuer seul. Outre le fait de gagner de l'expérience en même temps, les deux unités ont accès à des attaques spéciales très originales, comme la technique du Bomber Dood qui parodie le cultissime Bomberman et qui est réservée aux Prinnies montés.
Disgaea D2 étant un jeu où les classes de personnages se débloquent vraiment au compte-gouttes, à mesure de notre avancée dans l'histoire, les développeurs ont souhaité rendre l'évolution et la customisation des unités un peu plus souples. Ainsi, le système de maîtres et d'apprentis est désormais accessible à tout moment via le sous-menu des personnages. Concrètement, le fait d'accepter des unités comme apprenties influe sur les stats des unités choisies comme maîtres et permet de leur faire apprendre automatiquement des techniques propres à d'autres classes. Cela rejoint un petit peu la volonté de souplesse qu'on retrouve dans l'éditeur de personnages qui se voit enrichi à l'occasion de ce nouvel opus. Après avoir choisi combien de points dépenser pour faire démarrer une nouvelle unité avec des stats plus ou moins fortes, déterminé son nom et réparti ses bonus ou malus, on peut définir son caractère parmi trois proposés. Cela va le rendre véritablement unique en lui conférant un atout bien particulier (annuler tel type de dégâts, etc.). Il ne reste plus ensuite qu'à lui attribuer une couleur et à l'équiper pour obtenir un nouveau compagnon personnalisé. Attention tout de même à ne pas oublier que les ennemis jouissent aussi des mêmes attributs, et à bien checker les Evilities, autrement dit les effets propres à chacun. Inutile, par exemple, d'aller chatouiller une gargouille qui possède un bonus de défense de 100% tant qu'elle ne s'est pas déplacée (volontairement ou non).
On ne voit bien qu'avec le cœur...
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En plus de tout ce qu'on trouvait déjà comme « services » dans le premier volet (Item World, Dark Assembly), on peut également développer des aptitudes bonus pour nos troupes en allant faire un tour dans la salle d'entraînement. Un seul personnage peut être affecté à un bonus en particulier, mais celui-ci se développe automatiquement au fil des batailles jouées. Plus original encore, la Cheat Shop voit ses capacités étendues au fil du jeu et permet d'ajuster certains paramètres liés au gameplay (comme gagner plus d'XP contre moins d'argent gagné) pour en renforcer certains au détriment d'autres. Un bon moyen de personnaliser certaines conditions de jeu en fonction de ce qu'on veut faire. Loin de réinventer le gameplay de la série, Disgaea D2 peaufine les bases établies pour offrir une expérience de jeu très intéressante, pour peu qu'on lui pardonne son incapacité à se moderniser sur le plan technique. Car oui, la réalisation à base de sprites 2D collés sur des environnements 3D apparaît d'autant plus dépassée que la limitation des mouvements de caméra rend toujours l'action aussi peu lisible, sans parler de l'interface qui commence à dater elle aussi en termes d'ergonomie. Mais le fond n'est-il pas plus important que la forme, après tout ?
Points forts
- Le retour du trio fétiche
- Les nouvelles possibilités offertes par les montures
- Le système d'apprentis
- Les liens d'amitié entre les unités
- L'éditeur de personnages enrichi
- Un gameplay intelligent qui a largement fait ses preuves
- La démesure et le délire propres à la série
- La profondeur de jeu et la durée de vie faramineuse
- Les musiques fabuleuses...
Points faibles
- Pas de traduction française
- Techniquement dépassé
- Interface toujours aussi archaïque
- Mieux vaut avoir fait le premier volet pour apprécier
- ... mais ce sont les mêmes thèmes que dans Disgaea 1 (réarrangés)
Conçu comme un hommage aux fans de la série qui la soutiennent depuis ses débuts, Disgaea D2 vient donner suite au tout premier volet sorti il y a dix ans déjà au Japon. Une série qui reste délibérément ancrée dans une dimension old-school assumée et plébiscitée par de nombreux joueurs, mais qui gagnerait à se moderniser un petit peu pour donner envie aux nouvelles générations de joueurs de la découvrir. Bien que non traduit en français et plus que jamais réservé à un public d'initiés, Disgaea D2 est l'occasion rêvée de retrouver Laharl et compagnie dans une histoire totalement inédite.