Chausser ses crampons, remonter ses chaussettes, ou encore embrasser la pelouse : il y a des tics qui ne trompent pas. Si la saison de football 2013/2014 est déjà lancée sur le vrai gazon, il faut attendre la fin du mois de septembre pour voir son pendant virtuel en faire de même. Et comme chaque année, c'est à PES d'ouvrir le bal, avec en point d'orgue son nouveau moteur graphique plein de promesses. Le retour de l'ère PES est-il en vue ?
Bien que rentrée dans le rang depuis quelques années au profit de son concurrent direct FIFA, la série des PES semble désormais aller dans le bon sens à chaque mouture, notamment par l'ajout des commandes manuelles poussées il y a un an. Cette fois-ci, c'est par le biais de son nouveau moteur (le Fox Engine) que Konami a cherché à améliorer son poulain, tout en faisant le choix surprenant de ne pas s'inviter sur les consoles next-gen. De là à penser que cet épisode n'est fait que pour servir de transition, il n'y a qu'un pas, qu'il serait aisé de franchir. Mais au-delà d'une simple refonte visuelle du titre, c'est par ses améliorations de gameplay que ce PES brille... mais nous déçoit aussi.
Une vraie simulation
L'introduction des commandes manuelles a grandement contribué à redonner à la licence son statut de simulation sportive. Mais les développeurs de chez Konami ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin et nous proposent un épisode encore plus axé sur la simulation : la construction de vos actions est lente et fera davantage appel à votre sens tactique, même s'il est toujours possible de réussir à transpercer les défenses en enchaînant quelques mouvements de une-deux avec vos partenaires, avant de mystifier le gardien d'une frappe en lucarne. Les actions spectaculaires sont toujours là, pas d'inquiétudes à avoir, d'autant plus qu'on peut les admirer via le système de ralenti qui demeure un modèle du genre, n'en déplaise à son concurrent direct. Il n'est finalement pas rare de devoir revenir en arrière pour chercher l'ouverture, surtout que les défenseurs sont bien plus efficaces dans cet opus en ce qui concerne l'anticipation des crochets et des changements de directions.
L'IA, parlons-en justement. Vos adversaires sont désormais plus malins et anticipent efficacement vos mouvements, notamment lorsque vous contrôlez la balle dos au but ou que vous cherchez à écarter le jeu en passant par les ailes. En revanche, les gardiens sont extrêmement lunatiques dans leur comportement : ils sont aussi bien capables de vous sortir l'arrêt du siècle que de laisser la balle passer juste au-dessus de leur tête sur un centre ou un coup de pied arrêté. Vos coéquipiers ont quant à eux une fâcheuse tendance à mal se placer par défaut : la ligne défensive est trop haute, les attaquants ne font le bon appel qu'une fois sur deux, et parfois deux de vos joueurs se gênent en voulant récupérer le ballon. Pour éviter la frustration liée à ces soucis, il vous faudra très souvent demander à vos coéquipiers de lancer des appels, replacer vos gardiens manuellement ou régler le niveau de votre défense en temps réel, un point positif pour l'aspect simulation certes, mais pas toujours agréable à prendre en main. Il est surtout paradoxal de constater dans le même temps que vos alliés sont fortement attirés par le ballon, ce qui engendre parfois quelques soucis de collision mentionnés plus haut.
Contacts en pagaille et arbitres sous morphine
Le moteur physique n'est d'ailleurs pas encore au point, malgré quelques améliorations bienvenues. D'un côté, on ne peut que saluer les duels épaule-contre-épaule et les contacts lorsque vous cherchez à reprendre la balle à l'adversaire en pressant le bouton correspondant, qui sont clairement bien calibrés en termes de timing et avec un rendu visuel assez réaliste. De l'autre côté, on a encore le droit à des duels aériens bien fades et des contrôles orientés qui passent entre deux adversaires assez miraculeusement. Mais le point le plus gênant reste quand même lié aux déplacements des joueurs, qui manquent de vivacité et semblent avoir ingéré une demi-douzaine de choucroutes avant d'aller se changer dans les vestiaires. L'efficacité retrouvée des défenseurs sur cet opus n'est d'ailleurs sans doute pas étrangère à la mollesse de nos joueurs lorsqu'il s'agit de se retourner balle au pied. Et à propos de mollesse, comme vous êtes censé le savoir, il n'y a pas que 22 joueurs sur un terrain, mais également le corps arbitral. Enfin, ça c'est dans la théorie, puisque dans PES 2014, l'homme en noir est aux abonnés absents ! Il ne siffle qu'en de rares occasions, à moins de réaliser un tacle à la jugulaire ou de faucher votre adversaire en position de dernier défenseur. Si cette donnée évite de hacher le jeu, le réalisme en prend un sérieux coup. Un jeu de football sans petites fautes utiles au milieu du terrain, c'est quand même moins savoureux, non ?
Un nouveau look qui a de la gueule
Mais LA nouveauté de cet opus mise en avant par Konami, c'est le Fox Engine. Pour rappel, il s'agit d'un moteur de jeu flambant neuf qui se dévoile pour la première fois sous nos yeux, et qui sera également utilisé pour Metal Gear Solid V. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est très convaincant. Certes, on pourrait pester contre quelques détails techniques dus aux limites des consoles actuelles, et l'absence de météo variable qui fait tâche. Mais ce serait vite oublier la modélisation plus réelle de la foule, des stades, et surtout des visages des joueurs parfois bluffants de réalisme. Évidemment, seules les plus grosses équipes ont eu le droit à la motion capture, mais il est plutôt plaisant de constater que certains jeunes prometteurs tels que Varane et Pogba font partie du lot. En revanche, même si elles restent anecdotiques, certaines modélisations sont moins convaincantes, à l'image de Lloris qui donne l'impression d'avoir vieilli de 10 ans et pris quelques kilos de plus au fast-food du coin. On l'avait pourtant prévenu pour la nourriture anglaise.
Darren d'Angleterre, mais pas des commentaires
L'animation plus réaliste de la foule n'est en revanche pas suivie d'une ambiance sonore adaptée : les stades ne sonnent certes pas creux, mais il est toujours difficile de discerner les occasions chaudes des véritables buts. Enfin, difficile d'aborder la bande sonore d'un jeu de foot sans passer par la case commentaires ! Si ceux de Grégoire Margotton sont plutôt dynamiques et ne gênent pas l'action, Darren Tulett est prodigieusement agaçant, notamment quand il vous presse en fin de match lorsque vous êtes mené au score, ou qu'il vous demande si vous êtes resté à l'heure du thé après un contrôle raté. Décidément, les Anglais nous veulent du mal dans cet opus. Les musiques du jeu sont elles à forte consonance sud-américaine. Sans être hors-sujet, leur nombre limité les rend très redondantes : pas de quoi vous inciter à passer du temps dans les menus, d'autant plus qu'en termes d'ergonomie, ces derniers semblent être de moins en moins efficaces chaque année. Les temps de chargement étant d'ailleurs très (voire trop) longs sur les versions consoles, on ne peut que vous conseiller d'installer le jeu sur le disque dur, un geste qui permet de les réduire de moitié.
Des licences de qualité, mais limitées en nombre
En terme de contenu, un nouveau championnat fait son apparition : il s'agit de la primera division argentine. Évidemment, l'arrivée des licences anglaises ou de la Bundesliga allemande aurait sans doute plus emballé les foules, mais on ne va pas cracher sur un bon petit duel entre Boca Junior et River Plate à l'ambiance sulfureuse garantie. On regrettera en revanche l'absence d'enceintes espagnols et la disparition de l'éditeurs de stade. Le gros point fort reste la détention des licences de la Champion's League, l'Europa League, la Copa Libertadores et la Ligue des Champions asiatique, qui se retrouve sur les maillots, dans les stades, et dans l'affichage inspiré de l'ambiance télévisuelle : l'immersion n'en est que renforcée. La bonne surprise vient également du nombre de sélections nationales disponibles : 81, soit largement de quoi organiser des compétitions inspirées des coupes internationales. Vous avez d'ailleurs toujours le choix entre organiser vos propres compétitions, disputer une coupe ou un championnat sous licence, mais également profiter du mode Football life, divisé entre la classique Ligue des masters et le plus récent Vers une légende, qui vous permet d'incarner un joueur du début jusqu'à la fin de sa carrière. A propos de la Ligue des masters, il est d'ailleurs désormais possible d'y importer un joueur créé dans le mode Vers une légende et prendre le contrôle d'une équipe nationale.
Points forts
- Plus axé simulation que jamais
- Du mieux dans les animations
- Les stades, la foule et les visages : le Fox Engine fait des merveilles
- Les licences des coupes continentales
- Le nombre conséquent d'équipes nationales disponibles
Points faibles
- Joueurs lourds à manier
- Les menus désagréables à parcourir
- Un contenu encore trop léger
- Les commentaires de Darren Tulett, agaçants au possible
Sans être la révolution espérée, PES 2014 poursuit son petit bonhomme de chemin et prépare ses pions en prévision de la next-gen. Fort d'un moteur graphique de qualité et d'un système de construction de jeu plus réaliste, le titre n'est cependant pas exempt de défauts. Entre les problèmes d'IA des gardiens et des arbitres, des menus peu ergonomiques, ou un contenu moins important que chez la concurrence, il y a encore matière à progresser avant de débarquer sur la prochaine génération de consoles. Il reste un épisode encourageant pour la suite de la série, et suffisamment fun pour que l'on s'y attarde : et c'est déjà une bonne chose.