Lorsque l'on présente à la face du monde un nouveau MMORPG, l'objectif est avant tout de montrer en quoi ce dernier se démarque de la concurrence. A plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un free-to-play. Concernant Swordsman, la société Perfect World avance l'argument du contexte. Le jeu s'inspire en effet des écrits du très réputé Jin Yong, un écrivain chinois qui n'a pas exactement la même aura chez nous. Toujours est-il que l'histoire de ce titre développé en Chine se déroule pendant la Dynastie des Ming. Il mise ainsi sur un univers relativement singulier assez proche de celui d'un film comme Tigre et Dragon.
A l'évidence, d'après la présentation et la session de jeu qui s'en est suivie, cette volonté de mettre en avant un univers fort n'est pas qu'un argument marketing. Dès les premiers pas dans Swordsman, on se sent réellement plongé dans un « autre monde ». Rapidement, à travers quelques cutscenes, le jeu essaye de mettre en place les personnages et de poser les éléments de l'intrigue. Il y a un vrai effort de mise en scène. Niveau direction artistique, pas de doute, le travail a été plutôt bien fait et sert cette adaptation des écrits de Jin Yong. Les villes, les paysages, les couleurs, on se croirait réellement dans un simili Tigre et Dragon. Le nouveau moteur baptisé Angelica III n'est pas étranger à cette réussite. Le côté exploration est de ce fait primordial, d'autant plus pour les joueurs français qui seront forcément dépaysés. Perfect World annonce par ailleurs une drôle de décision, celle de ne pas « offrir » de voix françaises au jeu. Celui-ci sera bien sous-titré mais la boîte chinoise avance que l'immersion sera encore plus importante si la langue d'origine est conservée. Pas faux, même si l'on se doute qu'il y a derrière tout cela des impératifs économiques.
Une école pour les gouverner toutes
L'histoire de Swordsman veut que dix écoles d'arts martiaux (coucou Age of Wulin) se battent pour récupérer un livre ancestral écrit par un maître du kung-fu. Au programme, intrigues politiques, triangles amoureux et rebondissements en pagaille. De manière assez logique, vous allez devoir épouser la cause de l'un de ces établissements. Une décision qui s'apparente en réalité à un choix de classe assez ordinaire. Chaque école possède bien sûr des particularités. La Maison Tong est spécialisée dans les armes à feu, celle du Wu-Tang (clan) est orientée armes à deux mains et ainsi de suite. Au final, on retrouve quand même plus ou moins les archétypes habituels. Les moines Shaolin – qui sont uniquement des hommes – affichent par exemple une grosse capacité à encaisser les coups. Bref, ce sont des tanks.
Côté système de combat, le résultat se veut assez dynamique avec possibilité d'effectuer des parades et des esquives. La petite spécificité ici, c'est que la puissance de votre personnage augmente si vous parvenez à aligner les coups gagnants. A l'inverse, rater sa cible signifie une perte significative de performance. La théorie, c'est bien beau mais en pratique, ce n'est pas tout à fait la même histoire. Tout cela manque cruellement de punch. L'absence de feed-back pour indiquer la réussite ou non d'un coup est très perturbante. Les affrontements sont donc assez mous et par-dessus cela, très confus. Swordsman vous met en effet souvent aux prises avec plusieurs adversaires simultanément. Résultat, les effets des attaques des différents personnages se superposent et rendent l'action illisible.
Une progression scolaire
MMORPG oblige, l'objectif est ici de monter son personnage le plus haut possible. Histoire, si cela vous chante, d'être compétitif en PvP. Si on en sait peu sur ce qui a trait aux combats entre joueurs, on a en revanche une petite idée de la manière dont vous allez progresser. Globalement, chaque niveau vous donnera accès à de nouvelles compétences. Ces dernières pourront aussi être acquises via divers manuscrits renfermant visiblement de jolis secrets. A travers une sorte d'arbre extrêmement complexe et pour le moment totalement incompréhensible, vous aurez aussi tout loisir d'augmenter cinq caractéristiques clés comme la force ou la ténacité. Par ailleurs, il faut savoir qu'en combat, le jeu vous permet de choisir à tout moment parmi trois taos qui sont en fait autant de branches différentes de votre école. Certaines sont orientées corps-à-corps, d'autres armes à distance, etc. Concrètement, il s'agit en quelque sorte de « loadouts » contenant jusqu'à huit slots réservés à des compétences dont on détermine soi-même la composition. Et ce, tout en sachant qu'un tao peut permettre d'accéder à dix compétences. Il faudra donc faire des choix. Cela apporte en tout cas un peu plus de profondeur au gameplay. Notez par ailleurs que si l'on n'a pas eu de précisions quant au contenu à haut niveau, on sait que Swordsman proposera une instance tous les cinq niveaux. Bien entendu, la possibilité de rejoindre des guildes sera offerte. Un système d'alignement assez manichéen (bon ou mauvais) est d'ailleurs prévu en fonction du camp pour lequel vous oeuvrez.
Le contenu pour joueurs de haut niveau, le PvP et le système économique – même si on sait qu'il s'agit là d'un free-to-play – n'ont pas réellement été abordés lors de la présentation de Swordsman. De même pour les quêtes, en dehors des toutes premières qui ne reflètent pas vraiment la totalité de l'aventure. Quoi qu'il arrive, notre impression ne porte donc pas sur tous les aspects du jeu. Néanmoins, d'après ce que l'on a vu, on ne sent pas venir le MMORPG de premier plan. Cette histoire d'écoles, déjà présente dans Age of Wulin, s'avère sympathique mais finalement pas follement originale. La progression semble finalement assez classique et les combats malheureusement très confus. Alors non, tout n'est pas à jeter, loin de là. L'atmosphère qui se dégage du titre est plaisante et la partie technique est honnête. Mais Swordsman ne rentre pas pour le moment dans la catégorie des jeux que l'on attend. Pour information, la bêta fermée devrait débuter d'ici peu puisqu'elle est annoncée pour le deuxième trimestre de cette année.