Un nouveau jeu de combat sorti de nulle part et réalisé par les créateurs de Tekken et SoulCalibur ? Diantre, l’excitation était véritablement à son comble… Jusqu’à découvrir la bête et surtout la prendre en main…
« 2vs2 Online Battle Arena » : voilà comment l’équipe du studio qualifie son nouveau bébé. Un genre qui traduit parfaitement la teneur de ce titre qui a le mérite d’être proposé… en free-to-play et seulement sur PC (tout du moins pour l’instant) ! En avouant s’être inspiré de leur très sympathique Mobile Suit Gundam Extreme VS., sorti au Japon en arcade en 2010 puis sur PS3 l’année suivante, les développeurs ont donc choisi de créer aujourd’hui un jeu de baston en 3D, dans lequel se tabassent des personnages répartis en deux équipes de deux. Le tout au sein de décors post-apocalyptiques (New York, Paris, Londres…) en forme d’arènes bien délimitées. Le prétexte ? Les Incarnates, des mutants mi-hommes mi-démons persécutés depuis toujours et habitués à vivre dans l’ombre en dépit de leurs puissants pouvoirs (!). Ils semblent aujourd’hui se rebeller et, alors que la planète est détruite petit à petit, commencent à émerger pour se battre afin de déterminer qui est le plus fort. Pas de doute : il aura fallu au moins une pause Bounty au scénariste pour pondre une histoire si complexe…
Des héros en toc
Quatre personnages étaient accessibles un court moment lors de la démo. Outre la possibilité de se transformer temporairement en démon plus puissant, tous ont pour point commun d’être doublés en anglais, d’être très peu charismatique et de ressembler à un peu à tout et surtout à n’importe quoi. Il y a d’abord Jedrek Tyler, 22 ans, alias Mephistopheles, vêtu d’une redingote de cuir rouge et armé d’une longue épée. Pâle copie du Dante original de Devil May Cry, celui-ci est le personnage le plus équilibré du casting, avec des attaques à distance mais aussi des enchaînements au corps-à-corps. Lorsque sa jauge de pouvoir se remplit, Jedrek peut alors se métamorphoser brièvement en un démon rouge et cornu recouvert d’une armure. De son côté, davantage spécialisé dans les attaques à longue portée à l’aide de sa grosse mitrailleuse, Arès, 27 ans, apparaît plutôt lent dans ses déplacements.
Exceptionnellement, le gaillard ne se transforme pas mais possède le pouvoir d’invoquer à ses côtés le démon Deuteros qui accompagne et accentue ses propres frappes. Ce dernier peut aussi se précipiter sur un adversaire éloigné pour le rosser de coups. Rapide et dotée de redoutables dashes (déplacement éclair et prolongé en l’air), Lilith, 23 ans, est armée quant à elle de deux revolvers qui lui permettent de tirer à longue distance. Elle possède aussi une attaque spéciale au corps-à-corps durant laquelle elle se saisit de l’ennemi pour lui administrer une sorte de suplex monumental. Ses coups s’avèrent plus faibles que les autres combattants, mais certains mouvements particuliers ont le mérite de lui redonner de la vie. Une fois transformée, Lilith devient très efficace avec des tirs à distance plus puissants. Enfin, Gaspard Watteau, 103 ans, alias Gream Reaper, affiche un faux air du Doc Brown de Retour vers le futur. Spécialiste du combat au corps-à-corps, celui-ci est capable d’invoquer un grand nombre de zombies, notamment lors d’un coup spécial – plutôt drôle - où ils forment une vague de morts-vivants qui le maintient en l’air et qui déferle sur l’ennemi.
Un gameplay vu et revu
Tous les personnages disposent d’un double saut, d’un dash et d’un tir à distance illimité mais provoquant de maigres dommages. La maniabilité se révèle d’ailleurs plutôt simple : une touche respectivement pour sauter, tirer, se mettre en garde, projeter l’ennemi, se transformer / invoquer son démon et changer de cible. Cette dernière action appose automatiquement un lock sur un des deux adversaires. Problème : la caméra, gérée via le joystick droit et ainsi fixée sur l’ennemi, devient parfois folle en suivant le belligérant qui se déplace par exemple soudainement dans les airs. Il faut espérer que cela soit corrigé dans les mois de développement qui restent. Le principe du combat repose donc ici sur l’affrontement à deux contre deux en ligne seulement, en ayant la possibilité de prendre le même personnage de part et d’autre. Comme énoncé auparavant, chacun peut temporairement se transformer ou faire appel à un démon.
Ce qui modifie alors le combat à cause des pouvoirs décuplés de celui-ci. D’ailleurs, il est possible de faire des coups combinés : si votre coéquipier réussit à projeter en l’air un adversaire, libre à vous ensuite de vous positionner correctement pour continuer à le frapper. La synchronisation est obligatoire car il n’y a pas de combos automatiques en duo. A noter que dans l’arène de New York, où se déroulait la démo, figuraient quelques obstacles sur le sol, comme une carcasse de voiture destructible. Et qu’outre le fait qu’aucun coup chargé ne soit présent, il reste possible de bloquer les attaques adverses en l’air. Enfin, il existe deux jauges de vie différentes : la première concerne le personnage que vous contrôlez, tandis que la seconde – en haut de l’écran - renvoie à la jauge de vie de votre équipe, constituée de six carrés. A chaque fois que la jauge de vie individuelle (un cercle en bas de l’écran) d’un des membres de l’équipe se vide, un carré est perdu sur la jauge de vie commune. Évidemment, le match se termine une fois que la jauge d’équipe est complètement vide…
Une baston molle et inintéressante
Un constat s’impose rapidement après quelques minutes de jeu : les affrontements sont parfois peu lisibles. Et ils manquent surtout de punch, malgré une bande-son honnête avec des bruitages efficaces mais passe-partout et une musique discrète mais sans personnalité. S’il faut reconnaître un brin de stratégie dans la gestion de votre démon, les coups s’enchaînent toutefois sans passion et l’esthétique est loin d’être satisfaisante. La faute à des décors simplistes et surtout au « character design » à la ramasse. Le joueur a même l’impression globale que les développeurs japonais se sont mis en tête de créer le jeu à destination unique des joueurs étrangers, en tentant de les brosser dans le sens du poil, en additionnant les clichés et les idées rabattues et en omettant ce qui fait le charme et l’originalité de la culture geek nipponne. Dommage. Histoire de vérifier par vous-même l’étendue de la catastrophe, un alpha-test devrait débouler fin mai / début juin…
Lorsque les créateurs des sagas Tekken et SoulCalibur se rencontrent, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de fin du monde gratos matinées de héros occidentalisés et de bourre-pif en 3D à l’intérieur d’une simili cour d’école en ruines… Bref, un conte à dormir debout ! Affichant une certaine errance esthétique, un gameplay déjà vu mille fois et un petit côté ersatz de Super Smash Bros Brawl et PlayStation All-Star Battle Royale sur le principe, ce Rise of Incarnates ne promet hélas rien de bon, même s’il faut laisser le bénéfice du doute au studio. En tous cas, difficile de croire que ce sont les auteurs des géniales sagas Tekken et SoulCalibur qui ont accouché de cette pantalonnade ayant vraiment frôlé le « Mauvais »…