Parce qu’Ubisoft ne rime pas uniquement avec des Far Cry, des Assassin’s Creed ou des Lapins Crétins, il arrive parfois que des surprises surgissent des studios. A Montréal par exemple, une partie de l’équipe de développement a été désignée pour s’occuper d’un projet à mille lieues des thèmes abordés par les stars du box-office. Et pour y ajouter un peu de douceur, c’est la jeune artiste Cœur de Pirate qui s’est occupée de nous faire voyager musicalement.
Child of Light n’a effectivement rien à voir avec les FPS et autres TPS d’aujourd’hui, préférant baigner dans la poésie plutôt que dans l’hémoglobine. Utilisant le même moteur que les derniers Rayman, ce jeu de rôle enchante instantanément par sa direction artistique et ses successions de peintures sur fond 2D. Et la suite des événements ne va que confirmer les premières impressions : le voyage au pays de Lemuria s’annonce féerique.
Igniculus mon ami
Point de chevalier ou encore de magicien, c’est plus simplement dans la peau d’Aurora, une jeune princesse, que vous allez arpenter ce monde onirique regorgeant de dangers et de secrets. Pour l’aider dans son aventure, l’héroïne sera accompagnée d’une luciole (Igniculus) qui aura une importance capitale. Contrôlable avec le stick droit, elle a comme principale fonction de ramasser les gemmes inaccessibles, activer des leviers hors de portée, ou encore gêner les ennemis lors des combats. Indispensable dans ce conte de fées, ce petit compagnon sera jouable également dans le mode coopératif. Si les débuts dans Lemuria nous en apprennent un peu plus sur le scénario (que nous vous laisserons découvrir), l’idée du studio est de narrer de manière poétique le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Rapidement donc, Aurora va petit à petit perdre son âme d’enfant en se retrouvant confrontée à des monstres qui, visiblement, ne sévissent pas uniquement dans les rêves. Araignées, géants, loups, statues, hydre à trois têtes… le bestiaire a de quoi faire frémir, sans pour autant ralentir la détermination de l’enfant, bien décidée à mettre la main sur la Reine Noire qui s’est emparée du Soleil, de la Lune et des étoiles.
Tour par tour, mais pas forcément
Concernant les combats au tour par tour justement, ils se déclenchent simplement en fonçant sur les adversaires. Une barre apparaît alors en bas de l’écran, où l’on distingue des icônes représentant chaque combattant. Cette barre est découpée en deux parties, la première symbolisant l’attente avant l’attaque, la seconde, le temps de cast. La logique du tour par tour n’étant cependant pas figée, Aurora peut, en s’aidant de la luciole, ralentir la barre de cast de ses adversaires, ce qui lui permet de pouvoir frapper deux fois de suite. Il faut pour cela bien utiliser la jauge de l’Igniculus, car celle-ci baissera à chaque fois que vous y aurez recours. Les gemmes disséminées dans les tableaux permettront néanmoins de la remplir régulièrement.
Ficelles classiques du jeu de rôle
Durant son voyage, Aurora fera également connaissance avec d’autres personnages hauts en couleur, qui n’hésiteront pas à lui prêter main-forte. La jeune fille aura d’ailleurs la possibilité de switcher de partenaires quand bon lui semblera, histoire de profiter de leurs compétences individuelles. Le gameplay, lui, se calque sur celui des jeux du même genre, nécessitant un bon sens tactique, d’autant plus qu’aucune barre de vie des ennemis n’est visible.Le système de leveling est également sans grosses surprises, chaque niveau passé donnant la possibilité à Aurora et ses acolytes d’améliorer leurs aptitudes au combat via l’arbre de compétences. Les saphirs et autres rubis ramassés dans Lemuria seront également utiles, dès lors qu’il s’agira de crafter les éléments d’armures. Résistance au feu, à l’eau, pouvoir d’attaque augmenté… les déclinaisons demeurent éminemment nombreuses.
Un conte à écrire
Bien que suivant une trame scénaristique, Child of Light ne dirige pas le joueur à proprement parler. Ce conte, s’il est bien composé d’un début et d’une fin, c’est Aurora qui en dessinera le déroulement, au gré et au vent de son exploration. Ayant rapidement appris à voler, la jeune princesse va prendre de la hauteur et atteindre des zones inexplorées, allant ainsi de découverte en découverte. Si les combats occuperont une large place dans l’histoire, quelques énigmes guère retorses mais bienvenues viendront alimenter l’écriture de cette aventure si bien amenée. Jumeler de féroces affrontements à une balade féerique n’était pas chose aisée, et pourtant les Canadiens d’Ubisoft y sont parvenus. Alliant une patte graphique merveilleuse faite de décors enchanteurs, de mondes inquiétants et de monstres cauchemardesques, Child of Light résume parfaitement le genre de rêves que l’on a tous fait un jour. Un monde d’insouciance et de violence qui efface doucement mais sûrement les dernières onces de naïveté qui sommeillent en nous, à travers une histoire qui narre ce difficile passage de l’enfance à l’âge adulte.
Child of Light est la démonstration parfaite qu’aujourd’hui, l’industrie du jeu vidéo peut accoucher d’un titre où l’idée première n’est pas forcément de penser « bénéfice ». En laissant à une petite équipe de développement la liberté de créer, on se retrouve face à une histoire superbement orchestrée, autant au niveau visuel qu'au niveau du message qu’elle veut émettre. Ce jeu de rôle poétique demeure avant tout un beau voyage auquel on participe sans se faire prier tant son univers enchante.