Sorti tout droit des studios de 2K Marin après un développement houleux, The Bureau : XCOM Declassified nous arrive à la manière d'une petite arlésienne du jeu vidéo, et comme d'habitude, cela ne présage pas que du bon. Toutefois, le constat mitigé est à nuancer puisque l'aventure propose tout de même une bonne dizaine d'heures de missions scénarisées et implémente un gameplay typique de TPS saupoudré d'une once de customisation et d'une dimension tactique accrocheuse. Enfilez votre costard, prenez vos phasers, nous partons sauver le monde !
Annoncé premièrement comme un FPS dès 2010 sous la houlette des développeurs de BioShock 2, le titre a ensuite essuyé plusieurs retards puis une refonte de son gameplay pour passer vers le TPS tactique. Plus tard, en 2012, une campagne de teasing fut lancée et c'est finalement en avril 2013 que The Bureau : XCOM Declassified renoue avec une communication claire et sensée. Après un développement plus ou moins alambiqué, on peut craindre que le jeu ne souffre quelque peu d'un problème de profondeur suite à des refontes successives et surtout, de soucis de finition. Alors, ce TPS tactique, est-il une réussite ?
Votre mission : sauver le Mon... heu... les USA !
Nous sommes catapultés en 1962 dans la peau de William Carter, un ancien agent de la CIA savamment vêtu qui aime la bagarre, le drapeau, et être troublé par son passé. C'est dans une ambiance de guerre froide que l'aventure démarre puisque l'on apprend assez vite que le gouvernement des Etats-Unis a ouvert, face à la menace grandissante des agents dormants communistes, un bureau spécial chargé de prendre le relais si jamais l'Amérique voyait rouge. Manque de bol, la menace ne vient pas du bloc soviétique mais bien de l'espace, puisqu'une invasion extraterrestre démarre. Dès lors, vous n'aurez de cesse de courir de ville en ville en passant par le fameux Bureau de l'organisation XCOM pour sauver peu à peu la planète de cette invasion de petits gris.
L'univers exploré dispose d'un vrai cachet et vous immerge dans cette ambiance pleine de costumes trois pièces, de cigarettes, verres de whisky, et autres silos à missiles cachés dans une grange paumée en pleine cambrousse. Bref, niveau dépaysement, vous serez servi ! On note au passage un soin tout particulier apporté aux environnements (de villes dévastées, de cambrousse, de zones aliens), qui, en dépit d'une technique légèrement dépassée sur laquelle nous reviendrons plus tard, parviennent à séduire et à communiquer le talent de cette équipe ayant travaillé à l'architecture de la sublime Columbia dans BioShock Infinite. De ce point de vue-là, qu'il s'agisse du Bureau, qui vous sert de hub entre chaque mission, ou des missions en elles-mêmes, l'ambiance est de qualité et le background est habilement renforcé par des petits plus tels que des bandes audio ou des écrits.
De retour du turbin, vous aurez loisir de vous balader dans le fameux Bureau, afin de tailler le bout de gras avec votre équipe, vos supérieurs, mais également pour visiter les zones nouvellement ouvertes ou prendre quelques quêtes. On peut également y équiper le stuff de son escouade, que l'on retrouve généralement sur le champ de bataille mais aussi veiller à ce que l'équipe soit bien équilibrée et dotée des dernières aptitudes débloquées. De quoi se sortir en somme de l'action qui sévit sur le terrain, et par la même occasion bâtir une campagne comptant plusieurs fins venant conclure une bonne dizaine d'heures de jeu.
Cruel manque de finition...
Cette richesse dans l'immersion est malheureusement desservie par des petits détails assez récurrents qui viennent saper la cohérence de l'univers. Ainsi, on pourra tiquer face à la synchronisation labiale catastrophique de la version française, ou encore s'extasier dans le bureau du grand patron qui a décidé de placarder fièrement trois fois le même diplôme sur son mur. Dans le même genre, les journaux audio sont symbolisés par des bobines des années 60 que l'on active pour écouter comme par magie. Mieux encore : votre escouade a accès à toutes sortes de technologies extraterrestres sans trop d'explications, ou dégaine des tourelles lasers alors même que l'invasion vient de commencer (preuve que le tutoriel est très mal pensé en termes de cohérence scénaristique).
De même, si le titre lorgne du côté de Mass Effect pour son système de dialogues, ici à l'incidence plus ou moins discutable, on notera des scripts parfois mal ficelés, où nos choix ne semblent pas réellement influencer l'issue de la conversation. Côté audio également, si la bande-son est globalement de bonne facture, on remarquera l'absence de certains sons durant les cinématiques (qui elles-mêmes sont compressées avec les pieds) et certains problèmes assez cocasses : allez par exemple vous entraîner dès le début de l'aventure, au concours de tir, pour assister à un bien pauvre script alternant « oh merde » et « oh zut » jusqu’à la fin de la session.
Un TPS classique mais efficace
Cela dit, ne nous méprenons pas, le titre offre tout de même une expérience à la troisième personne plutôt réussie, très « couloir et grandes zones » pour la progression et les gunfights. Le feeling des armes est plutôt agréable, qu'il s'agisse des armes humaines ou extraterrestres, au même titre que les divers pouvoirs que vous récupérez durant l'aventure. Puisqu'il ne s'agit pas d'un simple TPS mais bien d'un third person shooter avec une dimension tactique plutôt prononcée, vous ne serez naturellement pas seul sur le champ de bataille : deux membres de votre escouade XCOM vous accompagneront durant vos missions. Évidemment, vous pourrez en recruter plus afin de faire un roulement, et choisir leur aspect, classe, vêtements, et pouvoirs à débloquer au fil des grades. A ce propos, le jeu embarque un système de permadeath (mort permanente) pour vos coéquipiers qui s'avère relativement abusif et mal pensé. Si la mort d'un équipier est définitive, la vôtre quant à elle fera simplement recharger la partie souvent juste avant le combat, vous évitant ainsi, par exemple, de perdre un précieux compagnon grade 5 ou 6 alors qu'il ne vous reste que des grades 1 en réserve.
Le slow-mo' tactique !
Cet aspect coopération introduit d'ailleurs un système de pause active bien pensé, vous permettant de mettre le temps au ralenti afin de parfaire vos stratégies, de gérer les déplacements de votre escouade et de donner vos ordres d'attaques et de ciblage. Plus vos éléments montent en grade, plus leurs aptitudes seront développées et plus vos attaques coordonnées seront efficaces et létales pour vos ennemis gris et Xénons. Cette coordination est d'ailleurs capitale pour gérer certains combats (qui sont globalement bien bâtis mais manquent un peu de challenge) contre des mid-boss disposant d'une grande résistance et d'armures qu'il faudra anéantir pièce par pièce.
Optimisation ? Connais pas désolé...
On regrette tout de même ce manque de finition évoqué plus haut, ainsi qu'une sévère carence d'optimisation sur PC, faisant très souvent chuter le framerate sur des configurations pourtant d'un bon niveau, et entraînant des baisses significatives sur consoles (dans une moindre mesure tout de même, la réalisation y étant de base plutôt moyenne). C'est donc un résultat en demi-teinte qu'offre 2K Marin avec The Bureau, le jeu se veut fun et intéressant pour son gameplay et ravira sûrement les joueurs, mais demeure perfectible sur de nombreux points. Cela dit, rien n’empêche le studio de produire un patch afin de corriger les problèmes de stabilité, d'optimisation, de clipping... Oui, ça fait beaucoup...
Points forts
- L'univers des années 60
- Les combats sous forme de TPS tactiques
- Le travail sur les environnements et le design kitch
- Une bonne dizaine d'heures de missions
- Un système de dialogues à incidences et plusieurs fins
Points faibles
- L'optimisation sur PC, les chutes de framerate et ralentissements sur console
- Un scénario sci-fi tout ce qu'il y a de plus cliché
- On aurait aimé plus de profondeur sur le système de dialogues / escouades / customisation
- Une foule de détails incohérents
- Le système de permadeath mal pensé
The Bureau aurait pu être un excellent TPS, malheureusement il finit par décevoir peu à peu du fait de son immersion brisée par de nombreux problèmes (optimisation, finition, cohérence). Il reste tout de même un bon titre pour qui souhaite explorer une ambiance savoureuse mêlant invasion alien et années 60. Difficile tout de même de se prendre au jeu totalement et c'est avec une certaine distance que l'on aborde peu à peu l'aventure.