Révélé lors de l’E3 2012, The Wonderful 101 s’est montré plutôt discret depuis. Si l’on excepte le Nintendo Direct du 9 août dernier, le jeu de PlatinumGames n’a pas vraiment défrayé la chronique. Pourtant, selon les dires d’Hideki Kamiya himself (Okami, Devil May Cry, etc.), le projet a mobilisé plus de ressources et de personnel que Bayonetta. Qu’en est-il donc de cette exclusivité Wii U ? Rencontre avec un titre qui n’est pas sans rappeler un certain Viewtiful Joe…
La Terre est envahie par des extraterrestres, les Geathjerks. L’avenir de la planète repose sur les Wonderful 100, un groupe de super-héros masqués. Certes, l’histoire du jeu pourrait tenir en une phrase mais elle a le mérite de rendre hommage aux tokusatsu, séries télévisées japonaises faisant la part belle aux effets spéciaux (plus ou moins réussis selon les goûts) et mettant souvent en scène des héros costumés face à des monstres géants (appelés kaiju). L’intérêt du soft est donc ailleurs : The Wonderful 101 est un jeu d’action, développé par un studio qui en a fait sa spécialité, à savoir PlatinumGames.
Je suis force rouge !
Vous incarnez Wonder Red, leader des Wonderful 100 et votre mission est simple : éradiquer toute présence extraterrestre et mettre fin à la menace qui pèse sur l’humanité. Mais vous ne serez pas seul pour mener à bien votre tâche, d’autres Wonder vous épauleront au fur et à mesure de votre progression, à commencer par le téméraire Wonder Blue. Au total, six personnages se joindront à vous, chacun étant capable de matérialiser (« uniformiser » dans le jeu) diverses armes et objets pour vaincre leurs ennemis. Wonder Red peut ainsi créer une main géante pour envoyer ses adversaires au tapis, Wonder Blue se sert de son épée pour trancher de l’alien, Wonder Pink manie le fouet comme personne et Wonder Green se la joue tireur d’élite. Quant à Wonder Yellow, White et Black, ils peuvent respectivement assommer les monstres à coups de marteau, les découper en rondelles à l’aide de griffes ou encore balancer des bombes permettant de ralentir les mouvements de ceux qui sont pris dans la zone d’effet.
Une seule solution, l'uniformisation
Les « uniformisations » ne servent pas uniquement à l’attaque, puisqu’elles permettent entre autres de déverrouiller des portes, d’activer des interrupteurs, de fabriquer des échelles ou des ponts, etc. Vous pouvez même matérialiser un deltaplane ou vous transformer en fusée pour atteindre des plates-formes normalement inaccessibles. Pour « uniformiser », vous devez dessiner la forme adéquate sur l’écran tactile du GamePad ou avec le stick droit : tracez un triangle pour créer le deltaplane, une ligne droite pour brandir votre épée ou encore un Z (à l’instar d’un autre héros masqué) pour sortir vos griffes acérées. A vous donc d’utiliser la bonne « uniformisation » selon l’ennemi ou la situation. Attention tout de même à garder un œil sur votre jauge d’énergie : une fois vide, il vous est impossible « d’uniformiser ». Heureusement, la barre se remplit automatiquement ou en ramassant des batteries. Le GamePad donne également droit à quelques séquences plutôt sympathiques, mettant en avant une forme de gameplay asymétrique : citons par exemple le passage où vous pilotez un vaisseau en plein combat aérien, l'écran tactile affichant le « cockpit » et la télévision vos ennemis.
L'union fait la force
L’énergie n’est pas le seul prérequis à « l’uniformisation ». Il faut également disposer d’un certain nombre de recrues, incarnées par des citoyens disséminés çà et là dans les différents niveaux. Tracez un cercle autour d’eux pour les libérer et les enrôler. Certaines vous quittent à la fin du niveau tandis que d’autres, portant également le nom de Wonder, vous suivent jusqu’au bout et constituent votre armée de base à chaque début de mission. Une fois dans votre équipe, elles gagnent de l'expérience, ce qui a pour effet d'augmenter votre barre de vie et d'énergie. Plus vous disposez de recrues, plus vos « uniformisations » sont grandes et, par extension, puissantes. Veillez donc à relever vos hommes lorsqu’ils sont étourdis par les assauts ennemis, sous peine de vous retrouver complètement désarmé.
Le Wonderful Mart est également un excellent moyen pour survivre aux vagues incessantes d’aliens. En effet, c’est dans ce magasin que vous pouvez acheter de nouveaux combos, de nouvelles « uniformisations » ainsi que divers items permettant par exemple de recharger votre jauge d’énergie et de vie. Vous y trouvez également des modules, sortes de pièces d’équipement qui octroient des bonus permanents. Tout cela a bien évidemment un coût, pensez donc à ramasser les pièces laissées par vos ennemis ou dissimulées dans certains éléments du décor. Le GamePad permet de gérer votre inventaire, de consommer vos objets de soin ou encore d'ordonner des frappes aériennes. Une idée de gameplay qui, en plus d'être classique, s'avère difficile à exploiter dans le feu de l'action.
Verdict ?
Vous l’aurez compris, The Wonderful 101 intègre toutes les composantes du jeu d’action pur jus. Les « uniformisations » donnent droit à quelques phases de gameplay originales et le fait de pouvoir les enchaîner en plein combat vient pallier le faible nombre de combos (on est très loin d’un Bayonetta, par exemple). Les affrontements sont épiques, même si certains sont redondants et traînent parfois en longueur. Les boss sont tous plus impressionnants les uns que les autres et témoignent d’une réalisation artistique plutôt réussie. On regrette néanmoins le manque de variété de certains environnements. Techniquement parlant, les graphismes sont tout juste à la hauteur, il n’y a guère que les effets visuels pour flatter notre rétine. L’univers et le ton, volontairement décalés, ne seront pas au goût de tous, d’autant que l’humour et les dialogues lassent rapidement.
Mais le problème majeur de The Wonderful 101 reste la gestion de la caméra. Tantôt trop proche, tantôt trop éloignée, elle entrave le champ de vision (allant même jusqu’à empêcher de voir le tracé effectué au GamePad ou au stick) et nuit considérablement à l’expérience de jeu, la possibilité de zoomer ou dézoomer ne changeant rien à l’affaire. Ce défaut vous pénalisera tout au long de la petite dizaine d’heures nécessaire pour venir à bout du jeu une première fois en difficulté normale. Ceci, sans compter le mode Opérations Wonderful (mini-missions consistant à enchaîner des combats contre les aliens), jouable jusqu’à cinq joueurs en local, qui promet de belles parties entre amis. Par ailleurs, certains d’entre vous n’hésiteront pas à se relancer dans l’aventure afin d’obtenir les médailles de platine dans tous les niveaux ou pour ramasser tous les objets à collectionner.
Points forts
- Un univers et un ton décalé…
- Des combats épiques…
- L’utilisation des « uniformisations »
- Les boss
Points faibles
- … qui ne feront pas l’unanimité
- … mais parfois un peu trop longs
- De gros problèmes de caméra
- Pas de multijoueur en ligne
Ne vous laissez pas tromper par la note, The Wonderful 101 est un bon jeu, mais il ne plaira clairement pas à tout le monde. Les combats sont intenses mais les problèmes de caméra enlèvent une grande partie du plaisir et rendent parfois l’utilisation des « uniformisations » (à la base du gameplay) fastidieuse et les combats confus. L’univers et l’humour risquent également d’en rebuter certains. Néanmoins, le soft devrait plaire aux fans de jeux d’action et de productions PlatinumGames et il vient enrichir la ludothèque de la Wii U, qui en a cruellement besoin.