Dans le monde du jeu vidéo, lorsque l'on parle NFC, on en vient forcément à évoquer la série Skylanders, le titre Disney Infinity, ou le fait que le GamePad de la Wii U soit compatible avec cette technologie. Bref, à parler de titres sympathiques mais pas follement engageants et d'une manette dont on n'exploite pas toutes les fonctionnalités. En clair, la Near Field Communication n'est actuellement pas au centre des préoccupations de l'industrie. Du moins, c'est ce que l'on pensait jusqu'à ce que les membres du studio parisien Hanakai nous présentent la nature de l'aventure dans laquelle ils se sont lancés. A savoir concevoir un jeu de rôle tactique reposant justement entièrement sur le NFC.
"Avec Skylanders, le NFC est utilisé de manière très basique", glisse le président et fondateur de la société Hanakai, Jean Bey. Le contexte est posé. La studio français ne veut pas se contenter d'une vague exploitation de la technologie qui servirait simplement d'accroche marketing. Cela fait maintenant de nombreuses années que le projet Prodigy a été lancé. Jean Bey et ses équipes bossent concrètement sur le titre depuis 2012 mais les premières discussions autour de celui-ci remontent à bien plus longtemps encore. Le résultat, aujourd'hui, c'est un RPG tactique qui propose pour seuls intermédiaires entre le joueur et son écran : un plateau, des figurines et des cartes. Ni manette, ni souris, ni clavier ne sont nécessaires.
Plateau, figurines et cartes
Concrètement, une fois le jeu lancé, tout se passe sur un plateau qui sert de relais entre le monde physique et le monde virtuel. Celui-ci est composé de quatre colonnes et de trois lignes. A côté de cela, le joueur dispose de figurines qui sont autant de personnages ayant des caractéristiques propres et de cartes qui permettent d'effectuer différentes actions. Ce sont tous ces objets qui, en interagissant ensemble, donnent le gameplay de Prodigy. Encore une fois, aucun autre intermédiaire n'est nécessaire. Et c'est là tout l'intérêt de l'expérience. Mais revenons-en à ces différents éléments et rentrons dans les subtilités du système de jeu. Les trois lignes du plateau représentent des postures différentes. Celle de devant signifie que l'on se porte à l'attaque, celle de derrière que l'on est sur ses gardes, celle du milieu que l'on adopte une attitude plus « neutre ». En fonction des choix, des bonus offensifs ou défensifs sont donnés. Dans une partie normale, avant que ne débute celle-ci, le joueur a la possibilité de placer autant de figurines qu'il veut dans la limite du nombre de cases que comporte l'aire de jeu. Grosso modo, de deux à douze donc. Le premier choix stratégique intervient ici car lors de chaque tour, un personnage peut être déplacé librement sur le plateau. Si toute la surface de l'objet est occupée, les mouvements sont donc restreints. D'après Hanakai, l'idéal serait donc de jouer sept ou huit figurines pour avoir une force de frappe suffisante sans bloquer la circulation des troupes. Ensuite, ce sont les cartes que l'on pose directement sur le plateau qui lancent une action. Pour ce faire, les deux de base – attaque et défense – peuvent être combinées avec les autres. Sur la démo présentée, seulement trois cartes de complément (Mind, Power, Will) étaient disponibles. A l'arrivée, la version finale en contiendra bien plus.
Subtilités de gameplay
Chaque action possède sa propre zone d'effet. Les cases sur le plateau s'illuminent pour indiquer la portée d'un sort de soin ou celle de son offensive ou de celle de l'adversaire. En combinant les cartes Defense et Mind, on peut par exemple utiliser la capacité de soin du Gardien. Tous les personnages se trouvant sur la même ligne que lui verront alors leur barre de vie se remplir. L'une des plus grosses batailles lors de chaque partie concernera l'obtention de mana. Car c'est grâce à cette ressource que l'on pourra pleinement profiter de la puissance de son armée. Grâce au gardien, cette dernière augmente doucement mais sûrement (le vitesse dépend essentiellement du niveau du personnage) pendant un match. Mais cela ne suffit pas. Il faudra parfois se rendre sur une case précise – illuminée sur son plateau – gorgée de mana pour remplir plus rapidement sa jauge. Un choix crucial devra alors être effectué entre occuper un endroit forçant à adopter une posture différente ou le laisser de côté pour rester fidèle au positionnement tactique de départ. Quelques autres subtilités viendront comme ça enrichir le gameplay. Parmi celles-ci, la possibilité de sortir et de faire rentrer une figurine si l'on se positionne là aussi sur une case donnée. Une action qui mange littéralement un tour et qui nécessite donc un temps de réflexion. Car Prodigy propose bien du tour par tour classique. On joue alternativement ses personnages en fonction de l'ordre que l'on a déterminé au départ, avant le début du match, en positionnant ses troupes.
De l'importance des personnages
Par ailleurs, il est important de noter qu'il existe différents types de personnages. Du Gardien qui s'occupe principalement de soigner ses camarades et de récolter les ressources au Watcher qui dispose de pouvoirs puissants en passant par les Compagnons de route ou les Créatures dont le rôle reste à ce jour assez flou. Pour chacun d'entre eux, il existe donc une figurine dont le degré de finition est d'ailleurs assez exemplaire. C'est cet objet physique qui renferme les données propres au personnage que le joueur a fait évoluer. Car au fur et à mesure des parties, comme dans un RPG tout ce qu'il y a de plus normal, il va falloir monter chaque membre de l'armée. C'est dans cette optique que le studio Hanakai compte proposer un mode solo (toujours jouable sans autre intermédiaire que les objets physiques) qui sera en quelque sorte un didacticiel géant permettant de gagner en puissance avant de livrer de « vraies » batailles online. Le jeu prévoit en effet principalement des duels en un contre un en ligne ou en local mais aussi un mode coop offrant la possibilité à plusieurs personnes de mettre en commun leur force pour affronter un joueur incarnant un boss ultra résistant. Tout cela reste encore sujet à discussion mais c'est actuellement vers ce type de contenu que l'on se dirige. Prodigy n'étant pas prévu avant fin 2015, des changements sont toutefois susceptibles d'intervenir.
Une technologie séduisante
Mais Prodigy, c'est donc aussi et avant tout cette technologie incroyable que le studio français développe depuis des années. Le résultat est au final assez bluffant dans la mesure où le temps qui sépare votre action réelle de sa conséquence à l'écran est infime. Et ce, que l'on déplace une figurine ou que l'on pose une ou deux cartes sur le plateau. Sachez par ailleurs que c'est un anneau qui renfermera toutes les données du profil de chaque joueur. Celui-ci devra être placé au-dessus du plateau pour accéder à son compte. Une idée excellente qui soulève tout de même la question de la sécurité de ces données. Pas de panique car Hanakai dit avoir pleinement conscience de ce problème potentiel et travaille activement pour mettre en place différentes réponses. Pour ce qui concerne le lancement du jeu, une offre inclura le jeu, le plateau, trois figurines, huit cartes et le fameux anneau. Soit tout ce qu'il faut pour commencer à s'amuser. Evidemment, plus tard, le joueur pourra acheter d'autres personnages pour étendre son armée. Un mot pour conclure sur ce que le joueur voit à l'écran. Pour le moment, l'interface semble soignée et claire. Les indications nécessaires au bon déroulement du combat sont présentes. On regrette néanmoins à ce stade le côté sommaire des animations et un manque global de mise en scène. Rien qui ne puisse cependant être peaufiné avant la sortie du jeu.
Difficile de donner un avis sur le jeu dans le mesure où la plupart des composantes du gameplay n'étaient pas présentes dans la démo à laquelle nous avons pu jouer. Néanmoins, le concept s'avère pour le moins intéressant et unique. A ce stade, il y a de quoi être enthousiaste. Si toutes les promesses sont tenues en termes de profondeur de jeu, alors Prodigy pourrait faire date dans l'histoire de notre média. Pour le moment, la prudence est de mise mais gardez ce titre dans un coin de votre tête. Il y a fort à parier que vous en entendrez à nouveau parler avant fin 2015 et sa sortie sur le marché.