L'éditeur Focus consolide sa relation avec Games Workshop en s'occupant d'éditer Mordheim, l'adaptation du jeu de plateau du même nom. C'est le jeune studio montréalais Rogue Factor qui se charge du développement avec deux mots d'ordre : respect et hardcore.
S'attaquer à la licence Mordheim, c'est directement faire de l'œil aux joueurs qui pratiquent déjà le jeu de plateau de Games Workshop. N'ayant pas la portée d'un Warhammer et bien moins populaire qu'un Blood Bowl, Mordheim s'adresse forcément à un marché de niche. Le studio Rogue Factor en est bien conscient, ce qui le conforte dans son choix d'adapter Mordheim de manière aussi fidèle que possible, sans compromettre le côté hardcore et limite hermétique du jeu de plateau. Tout en disant cela, Rogue Factor espère toutefois que le récent regain d'intérêt pour les tactical (notamment dû à XCOM) permettra d'attiser la curiosité de nouveaux joueurs prêts à s'investir dans Mordheim.
Une adaptation respectueuse
Pour placer un contexte rapide, Mordheim est le nom donné à la ville détruite par l'arrivée d'une comète. Au milieu des ruines, le caillou spatial a laissé des éclats de pierres magiques convoités par de nombreuses races qui envoient des groupes (appelés des bandes dans le jeu) piller la ville. Au fil des années, de nombreuses bandes ont été introduites dans le jeu de plateau. A la sortie du jeu vidéo, nous aurons au moins les quatre bandes de départ suivantes : les mercenaires de l'Empire (humains), les sœurs de Sigmar, les skavens du clan Eshin et le culte des possédés. Alors que d'autres seront peut-être présentes dès le lancement, il semble aquis que plus de bandes arriveront avec le temps. A l'instar du jeu de plateau, la composition de sa bande sera primordiale au combat. Plusieurs types d'unités sont ainsi à choisir, toutes définies par des statistiques plus ou moins élevées en attaque, défense, points de déplacement, agilité (pour sauter d'une corniche), ou visée à distance pour ne citer que quelques exemples. Chaque action ou chaque mouvement est ainsi déterminé par un pourcentage de réussite, laissant donc toujours un peu de place au facteur chance. Les statistiques conditionnent aussi l'ordre de passage des unités dans un jeu qui se pratique au tour par tour. Cela dit, à l'inverse d'un XCOM, il ne s'agit pas de s'occuper de toutes ses unités avant de valider son tour et de passer la main à l'adversaire. Ici, on bouge peut-être deux unités, avant que l'ennemi n'en bouge qu'une, puis on s'occupe de ses cinq unités d'un coup. Tout dépend en fait des points d'initiative attribués à chaque personnage.
Perma-death
Bien préparer ses troupes avant le combat s'accompagne d'une donnée importante à ne surtout pas négliger dans Mordheim : la mort permanente. Autrement dit, si une unité tombe au combat, c'est fini ; elle ne rejoindra pas votre équipe à la fin de l'affrontement. Autant donc être sûr de soi avant d'envoyer son meilleur assassin au front. Les blessures de guerre seront également conservées durant la progression. On a ainsi pu voir un vétéran humain continuer de se battre avec un bras en moins et une jambe de bois. Il avait toutefois sa place dans la bande en raison de sa grande expérience sur le terrain. Même avec ses membres en moins, il s'agissait d'une unité sur laquelle on pouvait compter et le joueur éprouvera certainement un petit pincement au cœur le jour où l'unité mettra finalement à terre le genou qui lui reste… En conservant le principe de mort définitive, l'équipe de Rogue Factor souhaite que les joueurs s'attachent réellement à leurs troupes et mesurent systématiquement le poids de chaque action et les risques qui y sont associés. Là encore, comme pour le jeu de plateau.
Compétition hardcore
Mordheim n'a pas encore de date de sortie officielle, et pour le moment seul le support PC est évoqué. Rogue Factor aimerait aussi se tourner vers les consoles, mais actuellement, la priorité est donnée à la version PC. Le titre comprendra du solo, mais c'est bien entendu en multi qu'il prendra tout son sens, avec notamment des maps générées de façon procédurale et des missions coopératives. Rogue Factor compte bien sur le côté hardcore de Mordheim pour générer un véritable esprit de compétition à haut niveau. Si tel était le cas, cela ne serait évidemment pas pour nous déplaire. Mordheim a beau s'appuyer sur des règles complexes, assister en spectateur à une partie n'a finalement rien de déplaisant. En effet, grâce à une belle réalisation, qui ne fera que s'affiner au cours des mois, le jeu garde un côté suffisamment parlant pour être apprécié en tant qu'observateur. C'est d'ailleurs ainsi que nous avons découvert le titre, en assistant à une partie sans avoir pu jouer nous-mêmes.
Pour son premier jeu, Rogue Factor n'a pas choisi de se simplifier la vie, mais c'est aussi lui qui a cherché la difficulté en montant un prototype de Mordheim pour convaincre Games Workshop. La passion du studio pour la licence se sent à tous les niveaux dans cette adaptation qui se montre aussi fidèle que possible au jeu de plateau. Les fans devraient donc être séduits.