A la base, Blue Estate est un comics co-écrit et mis en images par Viktor Kalvachev. L'auteur a récemment rejoint le studio parisien HESAW pour s'occuper de l'adaptation de sa BD en rail-shooter.
Les rail-shooters ne sont pas vraiment populaires sur consoles. A quelques exceptions près, le genre ne semble pas vraiment se prêter au support. La faute sans doute à un confort douteux lorsqu'il s'agit de contrôler un curseur avec un stick analogique. A moins de le pratiquer avec un gun adapté ou de jouer sur Wii, le rail-shooter n'est simplement pas fait pour consoles. Pour être totalement transparent avec vous, je comptais poliment snober Blue Estate lorsqu'il m'a été proposé d'y jouer sur le stand Focus de la GDC 2014. Cependant, avec la promesse que les contrôles du jeu n'ont rien à voir avec les autres rail-shooters, je me suis finalement laissé tenter.
Une visée souple et précise
Effectivement, jouer à Blue Estate est loin, très loin de mes expériences passées sur d'anciens jeux de tir consoles. Je ne peux toutefois parler que pour la version PS4, seule version à laquelle j'ai joué – Blue Estate est aussi annoncé sur PS3, Xbox One et Xbox 360, impliquant l'utilisation de Kinect sur les consoles Microsoft. Sur PS4 donc, le viseur est simplement dirigé avec le gyroscope de la manette. Pas besoin de PlayStation Camera ou de quoi que ce soit d'autres qu'un pad Dualshock 4 pour viser avec simplicité et précision. Tout ce qu'il y a à faire, c'est incliner son pad dans la direction voulue pour que la mire suive le mouvement. Si nécessaire, une simple pression de touche permet de tout recentrer, alors que les gâchettes servent à tirer ou recharger. L'utilisation du gyroscope est toute simple, mais encore fallait-il y penser. Dans ces conditions, on ne bataille pas contre la maniabilité, mais on apprécie l'expérience de jeu à sa juste valeur.
Destins croisés
Le jeu, justement, suit les mésaventures de Tony Luciano, le fils du Don local, qui tente de retrouver la strip-teaseuse Cherry Popz, enlevée par un gang rival. On incarne aussi Clarence, un ancien soldat embauché par le Don pour réparer les bévues de son abruti de fils. Au fil des 7 ou 8 missions de jeu, on suivra ainsi le parcours inversé des deux protagonistes : la chute de Tony et la montée de Clarence. Le tout est servi avec un humour qui s'autorise pas mal de libertés. La présence du sosie de Kim Jong-il en chef du gang rival en est un parfait exemple. Le fait que les cheveux de Tony tombent régulièrement sur l'écran en est un autre. Dans ce cas de figure, il convient de donner un coup vers le haut sur le pavé tactile pour remettre la chevelure en place. Ce genre de manipulations fonctionne aussi pour récupérer un objet ou pour distribuer des mandales selon la situation, donnant un peu de variété dans un gameplay autrement très classique.
D'un côté, Blue Estate ne révolutionne pas le genre du rail-shooter. Il s'agit toujours d'un jeu de tir guidé où les ennemis surgissent aux moments clés pour vous mitrailler. D'un autre côté, la simple refonte des contrôles, le fait d'avoir associé le viseur au gyroscope, renouvelle l'expérience et démontre en quelques secondes son efficacité. Sans avoir à batailler contre un curseur imprécis ou trop lent, le confort offert par Blue Estate permet de se concentrer pleinement sur l'ambiance très Tarantinesque du jeu. On se marre en dégommant des hordes de mafieux et finalement, c'est tout ce que l'on demande à un tel jeu.