La scène indépendante est depuis toujours le théâtre de concepts innovants et d'hybrides surprenants, comme nous allons le voir avec McPixel, mélange détonant entre les point and click made in LucasArts et les mini-jeux crétins à la Wario Ware.
C'est à l'occasion de la 21ème itération de la compétition Ludum Dare, consistant à créer un jeu en 48 heures sur un thème imposé, que McPixel vit le jour dans une version d'essai comportant six niveaux et une fin cachée. Devant le succès inattendu de son prototype (médaille d'Or dans la catégorie « Humour » et Bronze dans la catégorie « Fun »), son créateur se mit en tête d'en faire un jeu complet. Cependant, la promotion du jeu fut, d'après son auteur, un désastre. C'était sans compter sur Valve et le lancement providentiel du programme Steam Greenlight.
« MAC PI-XEL ! »
Le soft se présente sous la forme de petits tableaux successifs dont le but est on ne peut plus simple : il faut trouver ce qu'est / où est la bombe et la désamorcer, le tout en vingt petites secondes. Qu'on réussisse ou qu'on rate, on passe à l'écran suivant jusqu'à avoir achevé la série complète. Les actions s'effectuent au clic gauche, pas moyen de faire plus simple. Les deux seules indications à l'écran étant le chrono égrainant lentement mais sûrement les secondes restantes et un point d'exclamation apparaissant au-dessus de la tête du protagoniste si une interaction est découverte. Mais attention : le nombre d'actions que vous pouvez effectuer par essai est très limité. Une ou deux, tout au plus. Du coup, on teste, on échoue et...
Se planter un sabre laser dans le bec et s'envoler en battant des « ailes », logique...
… C'est là, durant cette petite latence où on essaie désespérément de comprendre ce qui se passe, qu'on découvre ce qui fait tout le sel du jeu : l'absurde. Rien, strictement rien de ce que vous entreprendrez ne se passera normalement. Rouler une galoche à Obama, tuer Jenova avec l'attaque Trempette, tabasser un vieux à coup d'extincteur, faire pleuvoir dans un sauna en jouant du ukulélé, sauter dans une piscine avec un Gettho Blaster... Chaque action donnera lieu à quelque chose de parfaitement débile, saugrenu et, souvent, franchement cradingue. On se prend alors à essayer des trucs complètement idiots pour voir ce qui se passe ce qui est, au final, récompensé par une médaille d'or si toutes les interactions d'un tableau ont été trouvées. De plus, si vous réussissez à résoudre trois énigmes d’affilée, vous vous retrouverez dans un niveau bonus à la difficulté accrue, où les restes encore gigotants de la logique sont passés au lance-flammes dans un rire dément.
C'est dans les vieux pots...
Sur le plan graphique, on se retrouve avec un jeu typé old-shool au possible. Les personnages ont peu, voire pas d'animations, tandis que l'arrière-plan est constitué de simples images JPEG en très basse résolution défilant en boucle. Malgré cette simplicité parfaitement assumée, les différentes animations qui se produisent lors des interactions font souvent mouche et ne manqueront pas de vous faire sourire, voire rire aux éclats. Les quelques mélodies accompagnant le jeu se comptent sur les doigts d'une main, mais on se surprendra à les siffloter une fois le jeu quitté.
… Qu'on patafiole mieux le chihuahua !
Ceci dit, McPixel n'est pas exempt de défauts. Malgré la centaine de tableaux disponibles et les DLC gratuits qui sortent de temps à autre, la durée de vie est riquiqui. Les boucles de musique sont également beaucoup trop courtes et rendent l'écoute usante à la longue tandis que la propension au die and retry est plus qu'envahissante dans certains tableaux (la pyramide et le Bombodorre en tête). Quant aux énigmes en synergie (si vous échouez la première, vous ratez également la seconde qui en est la suite directe), l'idée bien que géniale est trop tardive et pas assez exploitée. A noter la présence de quelques bonus bien débiles, comme un chat parfaitement fonctionnel où tout le monde porte le pseudo McPixel, un créateur de niveaux, une cinématique parfaitement incompréhensible expliquant le pourquoi du comment et un jeu de rythme qui restera dans les... euh... annales.
Points forts
- Un humour craspec et frappadingue...
- Des graphismes rétro fort à propos...
- Des mélodies sympatoches
- Des références à gogo
- DLC gratuits
- Version « gratuite » soutenue par l'auteur si vous n'avez pas envie de payer
- Premier jeu Greenlight
Points faibles
- ... Qui ne plaira pas à tout le monde
- ... Qui risquent également d'en rebuter quelques-uns
- ... Mais en trop petit nombre et usantes à la longue
- Trop court
- Faible rejouabilité
- Die and retry vraiment prise de tête sur certains tableaux
- Niveaux bonus inaccessibles une fois le jeu terminé
C'est évident, McPixel est un petit bijou de débilité décomplexée, un concentré d'absurdité bas du front comme on aimerait en voir plus souvent. Malgré sa petite durée de vie et sa faible rejouabilité, les quelques minutes que vous passerez en compagnie de ce sociopathe objectophile, ayant une fâcheuse tendance à se soulager sur tout et n'importe quoi, sauront vous redonner le sourire en ces temps moroses. Une expérience aussi saugrenue qu'un prout durant la messe.