Ce cher Borderlands 2 s'offre cet été un 4ème DLC d'une grande qualité, surfant sur la vague de la narration omnisciente, comme l'avait si bien fait Call of Juarez : Gunslinger au mois de mai de cette même année. Le résultat est une campagne riche en contenu et une ambiance aux petits oignons proposant de dézinguer à tout va au cœur d'une partie de jeu de rôle plateau orchestrée par la petite et truculente Tina.
Dernier DLC du Season Pass de Borderlands 2, Tiny Tina’s Assault on Dragon Keep succède à trois contenus à la qualité quelque peu déclinante au fil des sorties. Gearbox semble avoir entendu les plaintes de sa communauté et propose donc une refonte narrative et visuelle, aussi loufoque et audacieuse que le titre original. La recette prend terriblement bien, si bien que le développeur annonçait, peu après la sortie de ce DLC, la mise en chantier d'un 5ème contenu, ayant visiblement flairé que son studio était encore loin de l'épuisement en matière d’idées innovantes. Proposé à un prix de 9,99 euros pour une durée de vie plus qu’honnête bien qu'en partie rallongée par quelques gunfights s'éternisant, ce DLC de Borderlands 2 signe le retour de GearBox dans la cour des pointures du contenu additionnel de grande qualité.
Jouons à un jeu dans le jeu
Tout commencera pour vous en vous rendant aux Unassuming Docks avec, on vous le conseille, un personnage de niveau 32 ou plus. Dès votre arrivée, une cinématique vous met au parfum en vous faisant le pitch : la brillante équipe de bras cassés incarnant les « héros » de l'aventure poirote le temps qu'un espion d'Hyperion délivre des informations capitales sous la torture. C'est dans ce cadre tout ce qu'il y a de plus respectueux des conventions de Genève que Tina propose à ses semblables de jouer à une partie du jeu de plateau Bunkers & Badasses. Les dés sont jetés, vous êtes désormais un des personnages de cette quête dont les ramifications dépendront de la créativité de la jeune blonde aux tendances psychopathes !
Le ton de l'aventure est d'ailleurs vite donné, naviguant entre histoire absurde et références en pagaille. Vous partez donc en quête de la reine du royaume, kidnappée par le beau Sorcier (joué par le beau Jack, évidemment), lequel a en plus dérobé la lumière qui rendait le monde si enchanteur. C'est donc dans un univers torturé, rempli de tableaux somptueux et piochant çà et là l'inspiration heroïc fantasy, que vous évoluerez tant bien que mal, du rivage à la ville, puis vous passerez par la forêt, les mines, cimetières et autres donjons, avant d'affronter votre éternel ennemi. Vous rencontrerez d'ailleurs dans ces différents niveaux plusieurs personnages caricaturaux, comme par exemple le joueur débutant ne pouvant pas avancer dans sa partie car poursuivi par un certain "noobkiller".
Une mine de références appuyée par une direction artistique de qualité
Un soin tout particulier a été accordé à l'ambiance visuelle et sonore de l'aventure, qui emprunte pour le coup des codes nouveaux et crée son propre genre. Après tout, qui n'a jamais rêvé de jouer dans un paysage onirique, un chouïa malmené, avec un ninja bardé de fusils à plasma ? Le plaisir des yeux (surtout durant la première moitié de l'aventure) va donc de pair avec celui des oreilles, nourries aux mélodies et thèmes collant parfaitement avec les ambiances abordées. On passe d'une mine naine, avec des petits airs d’Ironforge et de Moria, aux forêts infestées d’arbres malfaisants en un clin d’œil, tout en saluant volontiers les ambiances respectives, tantôt épiques et oppressantes, tantôt mystiques et sinistres.
Il est bon de préciser, au passage, qu'il est inutile d'être féru de jeux de rôle papier pour comprendre l'humour. Les références sont ici très abordables, tout comme le ton et le langage, très « djeunes » pour reprendre les termes des personnages, dans la droite lignée de l'épisode original. Qu'on adore ou qu'on déteste, nul doute que certains passages ne laisseront pas indifférent, on pense tout particulièrement à la fin de l'aventure, aussi absurde que drôle. Toutefois, on regrette un peu que la narration soit « si peu » présente durant les 10 à 15 heures que représente l'aventure. Omniprésente et très influente au début de l'histoire, Tina s'éclipse peu à peu pour laisser le joueur faire sa route seul avant de réapparaître par intermittence. On se retrouve souvent dans une position d'attente vis-à-vis de cette narration, qui aurait gagné à être plus intense et plus uniformément étalée durant la quête principale.
Un contenu solide au rendez-vous
Avec sa durée de vie légèrement rallongée par la longueur de certaines séquences de combat, comme l’éternel coup des 4 ou 5 mini-boss à la chaîne, le titre se veut très correct en termes de contenu. En plus des environnements variés, vous trouverez un bestiaire riche, faisant le tour des créatures « classiques » de l'heroïc fantasy. On prendra donc plaisir à savater des dragons de toutes sortes, des nécromanciens, paladins, squelettes, orques, nains, magiciens maudits, j'en passe et des meilleures. La quête principale vous amènera d'ailleurs à la rencontre de divers personnages clés, vous offrant des quêtes annexes, rallongeant un peu plus le contenu du titre.
On découvre également avec plaisir la fée boostant votre vitesse ou encore les nouveaux coffres, qui à l’inverse des mimiques qui vous fileront une crise cardiaque, mettent en place un système de D20 duquel dépendra le contenu du coffre après ouverture. Il est d’ailleurs possible d’utiliser deux dés, lors du lancer, contre quelques barrettes d’Eridium, un ajout assez intéressant rendant cette ressource un peu plus utile qu’avant. Affichant tout de même quelques bugs classiques permettant au mieux une exploitation d’erreurs de pathfinding et au pire vous bloquant occasionnellement sur un coffre avec pour seule option le suicide, ce 4ème DLC reste une excellente expérience et une très bonne manière de varier les plaisirs offerts par Borderlands 2.
Dans l'impossibilité de prendre nos propres images, les screens qui illustrent cet article proviennent de l'éditeur.
Points forts
- L'ambiance heroïc fantasy décalée et la direction artistique
- Le contenu conséquent assurant 10 à 15 heures de jeu
- Les références, la narration et l’univers vous plongeant au cœur d’un jeu de rôle papier
Points faibles
- Le manque de régularité dans l'intensité de la narration
- Certaines séquences de combats successives durant la quête principale
- Des loots pas forcément au niveau
Gearbox offre là un des meilleurs DLC de Borderlands 2, à travers une aventure originale et intense qui plaira à coup sûr aux rôlistes comme aux adeptes de gunfights survoltés. Face au potentiel de cette mise en abyme, inutile de dire qu’on en redemande, surtout au niveau de la mise en scène. Toutefois, les 3 modes de difficulté et la coop offriront aux joueurs assez de challenge pour être rassasiés. Excellente pioche !