L’heure du grand délire approche. Dans moins d’un mois maintenant, les joyeux timbrés de South Park vont venir mettre le bazar sur nos consoles, bien décidés à nous faire passer un bon moment dans un jeu de rôle qui sent le « grand n’importe quoi maîtrisé ». Et ce, tout en respectant l’univers créé par Parker et Stone.
Attention ovni. Bien que Cartman et ses potes sévissent dans une série animée depuis plusieurs années, aucune occasion digne de ce nom ne leur avait été donnée de venir s’insulter et enchaîner les coups bas sur consoles. Cet oubli, THQ s’apprêtait à y remédier, avant que la société ne disparaisse et que, fort heureusement, Ubisoft ne soit là pour récupérer la licence. Cartman, Kyle, Stan et Kenny seront donc bien de la partie, dans ce jeu de rôle pas vraiment comme les autres.
Le respect de l'esprit de la série
Et vous ? Vous êtes un petit bonhomme sans histoires, qui vient d’emménager dans la petite ville du Colorado. Vous n’avez ni frère, ni sœur, et plutôt que de vous voir glander toute la journée, votre père va rapidement vous inciter à dégager de la maison pour vous faire des amis le plus vite possible. Bien entendu, avant de partir vers l’inconnu, nous n’avons pas pu résister à l’idée d’explorer cette baraque, histoire de se familiariser avec les lieux et découvrir si d’éventuelles interactions demeurent réalisables.Rappelons-le, nous sommes dans South Park et son ambiance totalement barrée peut révéler quelques surprises. Elles ne tardent d’ailleurs pas à arriver. La plus éloquente reste sans aucun doute celle de la salle de bain où se trouvent la douche… et les toilettes. Si se laver tout habillé fait partie des actions possibles mais sans grand intérêt, on s’est forcément laissé tenter de monter sur le trône. Et là, le prévisible arrive… Visiblement constipé au dernier degré, vous vous mettez à grogner en poussant comme un malade. C’est alors qu’apparaît une jauge et vous comprenez instantanément qu’il faut bourriner un bouton dans le temps imparti pour que l’affaire soit dans … le sac. Rassurez-vous, si vous échouez dans cette entrée en matière scatologique, vous sortirez quand même les fesses propres. Une mise en bouche qui, si des doutes étaient encore permis, lève le voile sur la nature absurde de l’aventure qui nous attend.
Kupa cabana
South Park n’est pas une grande ville. Obsidian n’a pas jugé intéressant, ni justifié, d’éparpiller l’histoire sur une étendue démesurée, préférant rapprocher les centres d’intérêt. De fait, après s’être lié d’amitié avec le naïf Butters, notre bonhomme va croiser, quelques mètres plus loin, le maître enchanteur Cartman qui règne sans partage sur le royaume de Kupa Keep. Si vous ne le saviez pas déjà, sachez que derrière ce nom bizarre se cache en réalité le jardin de votre interlocuteur. Voyant en vous le prophète susceptible de mettre un terme à la bataille que se livrent elfes et humains se disputant le bâton de la vérité, Cartman va enquiller les présentations. Inutile de taper votre nom dans le champ prévu à cet effet, le maître des lieux a décidé : vous vous appellerez dans un premier temps « Connard ». Et bonne nouvelle pour les amateurs de bêtises plus grosses les unes que les autres, à chaque fois que vous gagnerez un niveau, un nouveau sobriquet vous sera attribué. Le chevalier noir ? Le saltimbanque masqué ? N’y comptez pas. Votre surnom se rapprochera plus sûrement d’un vocabulaire beaucoup moins châtié. Toujours est-il que ce n’est qu’après cette introduction fleurie et jalonnée de grossièretés en tous genres, que vous foulerez le carré vert. Piscine gonflable en guise de bassin de vision, litière pour chat faisant office d’étable et Kenny déguisé en princesse, le ton est donné. C’est du grand n’importe quoi, mais du délire parfaitement orchestré, qui colle parfaitement à l’univers de ces gamins pas comme les autres.
« Simple comme bonjour »… ducon !
Jeu de rôle oblige, il est temps de choisir sa classe parmi les quatre proposées : Guerrier, Mage, Voleur et Juif. Cette dernière a finalement été validée à la place du Clerc, car les références et réflexions faites à Kyle étant devenues cultes (« les juifs n’ont pas le sens du rythme »…), il était impossible de passer à côté, même s'il faudra attendre un peu avant de connaître les compétences de cette catégorie. Le système de combat lui, reprend le bon vieux concept simple et efficace du tour par tour. Après s’être équipé chez l’armurier d’une épée (la classe choisie était celle du Voleur), il suffira de s’approcher d’un des assaillants pour déclencher l’affrontement. Sous les ordres de Cartman qui vous initie par le biais d’insultes bien senties, vous voilà plongé dans ce tutorial, qui vous demandera de faire preuve (d’un peu) d’intelligence (oui, oui !). Sans pour autant verser dans la complexité d’un FF, ce South Park sur consoles ne se limite pas non plus à jouer la vitrine marketing, dénuée de toute originalité. Attaquer et défendre via le menu radial, choisir la bonne option, respecter le timing de certaines attaques, cela n’a rien d’insurmontable mais attention, nous ne sommes qu’au début de l’histoire. Pas sûr que les objectifs de quête suivants soient aussi accessibles, que les gnomes voleurs de slips, les hommes-crabes et autres vilains canards ne se laissent conter fleurette aussi facilement. Il faudra dès lors jongler entre plusieurs sortes d’attaques pour percer la défense des adversaires, le tout saupoudré encore et toujours de vannes en fond sonore, de références et injures que les amoureux de la série et même les autres apprécieront avec délectation.
Obsidian assure
Pour optimiser les chances de succès du Bâton de la Vérité, Obsidian n’a pas cherché la prouesse technique qui aurait pu aboutir à un massacre de la licence. En respectant la patte graphique de cette légende animée, en préservant l’humour, la grossièreté et l’irrévérence qui fait son charme, le studio offre aux joueurs l’opportunité de plonger dans l’univers « pipi-caca » de Cartman, Kyle, Kenny et Stan, qui les attendent dans une aventure diablement grotesque. Le défi technique n’était pas prioritaire ici, en revanche Obsidian ne devait pas se louper et faire honneur à la création de Parker et Stone. C’est chose faite.
L’exercice était bien plus risqué qu’il n’y paraît. S’attaquer à une légende de l’animé pour l’adapter sur consoles… comme le disaient des anciens humoristes, « y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes ». Pour Obsidian en revanche, cela devrait bien se passer, tant leur soft censé plonger le joueur dans l’univers totalement barré de South Park est réussi. Tout, de la direction artistique à la bande-son, reste fidèle à l’original. Et l’idée d’en faire un jeu de rôle porte également ses fruits. Sans chercher la difficulté inutile et casse-gueule, le studio s’est contenté de développé un titre au gameplay simple, qui mise tout sur une ambiance inégalable et inégalée, à travers un scénario totalement crétin.