L’infiltration est un genre qui a une particularité très sensible : quand on se plante dans sa conception, on a toutes les chances de produire non pas un simple mauvais jeu, mais un véritable objet de torture. Dark est un exemple presque scolaire de ce principe. Et en prime, il est ridicule.
Il est vrai qu'il faut se garder des jugements hâtifs et ne pas fonder son opinion trop rapidement. Mais... Quand on commence à s'aventurer dans Dark, il ne faut que quelques minutes pour comprendre dans quelle abomination on vient de mettre les pieds. Sur le papier, Dark, c'est un vague descendant de Vampire : The Masquerade et Deus Ex, un action-RPG axé infiltration avec des vampires... Dans la pratique en revanche, ooohh, dans la pratique c'est tout autre chose. La première grosse gifle que Dark vous colle en pleine poire, c'est celle de la mise en scène et de la narration qu'on ne pourrait sans doute pas imaginer plus kitsch, cliché et mal gaulées. Eric Bane se réveille dans une boîte de nuit gothique, mal au crâne et canines en pointes, il rencontre un mec qui lui fait rencontrer la taulière qui lui explique que paf, il s'est changé en vampire ce à quoi il répond "non sérieux ?" avant de partir tranquilou apprendre à se servir de ses pouvoirs de prince de la nuit. Les dialogues sont navrants, la mise en scène tient de l'insulte au joueur/spectateur et le scénario qui vous emmène d'un lieu à un autre est une plaisanterie de mauvais goût. Piochant çà et là des influences vampiriques, Dark est un ramassis de clichés ineptes et ridicules au possible, jusqu'à la fameuse boîtes goth qui servira malheureusement de point de départ à vos missions, vous infligeant sa douloureuse playlist.
Le vampire anémique
Mais la meilleure partie reste l'étalage de la surpuissance du prince des ténèbres... Ah c'est qu'il envoie du lourd le vampire... quand une simple barrière suffit à l’empêcher de progresser. Dark est totalement axé infiltration, contrairement à ce que son arbre de compétences pourrait laisser penser, vous n'avez donc pas vraiment le choix des armes. D'ailleurs, il est impossible de ramasser des armes ou de tuer un ennemi autrement qu'en lui suçant (lentement) le sang ou en l'exécutant à mains nues. On peut évidemment débloquer et améliorer différents pouvoirs (un impressionnant total de 8 tout de même), comme la poigne vampirique qui est carrément votre meilleure alliée puisqu'elle permet de tuer à distance et même de faire disparaître automatiquement les corps. Bien pratique dans la mesure où entre ses animations foireuses et sa physique "rigolote", Dark ne vous facilite pas franchement le travail niveau dissimulation des preuves.
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Et on ne parle pas des exécutions aléatoires, si la plupart du temps on zigouille sa proie d'un petit coup sur la tête, de temps à autre, sans prévenir, on se fait un super salto avec coup de latte dans la gueule et on projette sa victime à 5 mètres... pile sous le nez de ses potes ! Merci. On pourra également parler du fabuleux bond obscur qui permet de se téléporter d'un point à un autre, en faisant un bruit d'enfer, pratiquement impossible à utiliser quand on est à couvert derrière un muret. Car, pour ne rien gâcher, Dark se paie le luxe d'une prise en main calamiteuse, farcie d'imprécisions ne manquant pas de vous pourrir l'existence.
Qu'on me donne un pieu pour en finir
Mais dans tout jeu d'infiltration, la véritable clef, l’élément principal et capital, c'est l'IA. Or, dans Dark, de l'IA, y en n'a pas. Ou plutôt, c'est un festival de grand n'importe quoi avec des ennemis qui ne savent pas donner dans la demi-mesure, étant tout à la fois complètement sourds et aveugles ou au contraire attentifs comme des félins. Le résultat, c'est que vous pouvez parfaitement évoluer sous le nez d'un garde qui ne vous verra pas, mais vous faire gauler par son pote posté 50 mètres plus loin. Si on ajoute un placement des hommes en faction particulièrement vicieux qui fait qu'on leur tombe parfois littéralement sous le canon à la moindre seconde d’inattention en passant un angle... Dark est clairement en lice pour recevoir le titre de jeu le plus injuste de l'année dans lequel on passe son temps à se faire défoncer la tronche, le super vampire étant en sus pratiquement incapable de se battre au corps-à-corps et possédant la vitalité d'un moineau anémique. Notez toutefois que si vous vous faites repérer, il existe une solution de secours : courir vers le checkpoint, ce qui provoquera une amnésie générale de l'IA. Ce vilain ensemble conduit en toute logique à une progression terriblement laborieuse, à un abus des quicksaves sur PC, bref, c'est tout simplement une catastrophe et on voit mal quelle folie masochiste pourrait pousser qui que ce soit à s'imposer une telle souffrance.
Points forts
- A au moins le bon goût de vouloir copier de belles références (Vampire The Masquerade, Deus Ex)
Points faibles
- L'IA codée en BASIC
- La réalisation ultra datée (et le cache-misère du cel shading)
- Les animations misérables
- 8 malheureux pouvoirs à peine utiles
- Le scénario et les dialogues ridicules
- Gameplay pénible, laborieux, frustrant, agaçant...
Rien, il n'y a rien à sauver dans Dark, ni son scénario, ni sa réalisation ou sa direction artistique douteuse et encore moins son gameplay complètement plombé par des mécaniques mal huilées et une intelligence à se cogner la tête contre un mur. Même les fans hardcore d'infiltration ou de vampires ne réussiront pas à trouver quoi que ce soit de vaguement stimulant ici.