L'œuvre littéraire de Miyuki Miyabe est assez connue au Japon : avant d'être déclinée en jeux vidéo, elle a été adaptée en manga puis en film d'animation. C'est en juin 2006 que sortait au Pays du Soleil Levant l'adaptation PS2 du dessin animé. Un mois plus tard paraît sur PSP Brave Story : New Traveler, dont l'histoire se déroule simultanément au volet PS2 et sur le même continent, appelé Vision.

Un joli prologue enchâssé

Alors que Brave Story raconte l'histoire de Wataru, un jeune écolier de onze ans qui décide de passer une porte magique pour se rendre sur le continent de Vision et demander de faire exaucer le vœu de retrouver sa mère par la Déesse, le jeu sur PSP nous emmène sur les traces d'un certain Tatsuya. Lui aussi âgé de onze ans, Tatsuya sera transporté sur Vision pour guérir son amie Miki, mystérieusement tombée dans un état de santé critique après un accident, alors que Tatsuya était trop occupé à jouer pour prêter attention à la demoiselle. Une fois arrivé, vous ferez la rencontre de plusieurs personnages qui se joindront à vous afin de vous aider à mener votre périple à bien, tous grisés de voyager aux côtés d'un Traveler, à savoir un adolescent d'un autre monde désireux de rencontrer la Déesse. En plus des membres permanents qui vous prêteront main-forte, vous croiserez le chemin des personnages du premier opus, à savoir Wataru et ses amis, qui vont aideront ponctuellement.

Un manque d'ambition

Le scénario, vous l'aurez compris, reste malgré tout assez proche du film d'animation, et force est de constater qu'il est assez banal. Vous devrez trouver cinq gemmes afin d'ouvrir le passage vers la tour de la Déesse. Si on aurait pu croire que, comme dans tous les autres RPG, les gemmes étaient des reliques cachées au fond de sombres temples aux énigmes farfelues, c'est avec une pointe de déception que l'on comprendra qu'elles sont en fait obtenues après des épreuves particulières, occire un boss la plupart du temps, et que ces événements suivent comme par enchantement la trame narrative. En bref, Tatsuya trouve par hasard les gemmes sur son chemin, sacré veinard. Mais cela nous permet de rencontrer des personnages assez atypiques, relativement éloignés des schémas classiques et des stéréotypes du J-RPG. Les dialogues sont agrémentés de touches humoristiques assez fines, principalement amenées par le personnage de Yuno, une fille-chat de 15 ans que vous rencontrerez très vite.

Des graphismes globalement beaux mais inégaux

L'aventure se déroule de manière traditionnelle : visites de villages, de cavernes, de forêts et de déserts, le tout entrecoupé de déplacements sur la carte. Les villes et les bâtiments présentent des graphismes fins et soignés, de même que les arrière-plans lors des combats. Les donjons et autres grottes restent quant à eux assez simplistes sans être vraiment moches, mais le nombre élevé d'embranchements, et donc d'allers-retours, accentue la monotonie. C'est sur la map que l'on trouvera les décors les moins beaux, entre couleurs un peu baveuses et environnements bâclés. Cela dit, le character design a bénéficié d'un soin indéniable, ce qui permet aux personnages d'être charismatiques, à l'exception de Tatsuya, qui ne parle jamais, et l'on regrettera donc qu'il soit imposé dans les combats par choix scénaristique. Le design des armes est lui aussi original.

Old-school !

Concernant le gameplay et le système de combat, les développeurs ont choisi de rester sur du classique. Le jeu est un RPG au tour par tour avec trois combattants, chaque personnage ayant ses propres caractéristiques. Magie, faiblesses et résistance, caractéristiques d'attaque, de défense, d'intelligence, sorts de soin, attaques groupées, tout est là. Encore une fois, le jeu réussit à s'affranchir de certains clichés du genre (la soigneuse avec son bâton et sa défense ridicule), et les attaques spéciales sont parfois impressionnantes et toujours très jolies, sublimées par des jeux de lumière du plus bel effet. Contrairement aux attaques normales, elles dépensent des BP (brave points) qui se rechargent en fonction des dégâts infligés. Petite particularité, les monstres ont la possibilité, sous certaines conditions, de s'enrager : leur taille et leurs caractéristiques augmentent, et ils regagnent de la vie. Si l'idée n'est pas mauvaise, la fuite est souvent préconisée car les monstres ne seront pas terrassés sans avoir préalablement mis K.O. au moins un personnage. De là résulte un nombre assez élevé de game over, d'autant plus rageants que les points de sauvegarde sont trop rares et les items de résurrection quasi inexistants. Il est par ailleurs impossible de sauvegarder sur la map.

Quelques bonnes idées

La progression des personnages se fait également de manière classique, par gain d'expérience. Il est à noter cependant que l'expérience des personnages en combat varie selon les dégâts qu'ils ont infligés et le nombre d'ennemis qu'ils ont tués. Inutile donc de vous reposer sur les meilleurs combattants pour laisser les moins expérimentés jouer les figurants, ce n'est pas la bonne méthode. Les combats gagnent ainsi une dimension tactique, où il faut gérer les coups donnés pour que le personnage à entraîner soit celui qui exécute l'attaque létale. Les attaques spéciales sont apprises à des niveaux fixés. Certains boss requièrent une technique particulière si l'on veut triompher, et bien que peu novateur, le système de combat est plus captivant qu'il n'y parait au premier abord. Une ou deux séances de leveling peuvent être à prévoir, mais vous pourrez également vous faire la main lors des multiples quêtes annexes.

Réminiscence d'un âge d'or ?

Le déroulement des événements suit un schéma qui se répète : le jeu est découpé en chapitres, et chacun comprend une ville (nouvelle ou non), un ou deux donjons, un boss, avec quelques variations. Cela dit, les situations et le contexte changent, ce qui empêche de tomber dans une certaine monotonie. Les musiques entraînantes et très réussies participent à cette variété. Au final, Brave Story : New Traveler est un RPG old-school comme on n'en fait plus. A une époque où les studios cherchent toujours l'innovation à outrance, et pas toujours pour le meilleur, ce jeu est une base sûre, qui ne cherche pas à révolutionner le genre, mais puise dans beaucoup d'autres J-RPG avec brio. Alors, n'étant pas sorti en Europe, la question est : vaut-il une commande en import ? Brave Story : New Traveler n'est pas un must-have, mais il séduira les nostalgiques des bons vieux jeux de rôle à la Final Fantasy ou Golden Sun, par sa simplicité, son intuitivité et ses graphismes. Si vous trouvez que les RPG s'égarent et que « c'était mieux avant », c'est le jeu qu'il vous faut.