En dépit des sempiternelles révélations de dopage pré-Tour, qui cassent un à un les mythes de la montagne, la Grande Boucle demeure une épreuve incroyablement populaire dans le monde entier. C'est donc en toute logique que Cyanide remet le couvert à l'occasion de la 100ème Édition du Tour de France, après deux tentatives de piètre qualité. Cette fois, promis, les consoleux vont être gâtés.
Transformer un jeu de gestion PC fort de solides bases en une simulation console n'est point chose aisée. Demandez à Cyanide qui, depuis 2011, tente de filer le virus du Tour de France aux joueurs PS3 et 360. Jusqu'à présent, le vrai-faux portage fut trop douloureux pour donner les résultats escomptés. Orphelins du combo clavier / souris, nous nous voyions proposer un titre au rabais, à mi-chemin entre le jeu de gestion incomplet et la simulation hyper bridée. Mais ça, c'était avant.
C'est vous qui pédalez, c'est vous qui décidez
Soyons honnêtes, les différences entre cette version et la précédente ne sont pas légion mais suffisent à notre bonheur. Désormais, l'intégralité d'une étape peut être jouée. Cela sonne comme une évidence mais les éditions 2011 et 2012 simulaient automatiquement des tronçons, proposant ainsi des morceaux d'étapes, sans donner la possibilité au joueur de les disputer de bout en bout. Une hérésie que les petits gars de Cyanide ont fini par corriger. Et cela change à peu près tout, à la fois en termes d'immersion et de tactique puisque vous pouvez attaquer quand vous voulez, où vous voulez, et vous êtes seul responsable du résultat, quel qu'il soit. De plus, si vous faites partie de ceux qui adhéraient à ce principe de portions et ne souhaitez pas vous coltiner les 21 étapes en entier, sachez qu'il est possible de lancer une simulation à tout moment. Idéal lorsque, sur une étape de plaine, vous misez tout sur votre sprinteur fétiche. Il vous suffit alors de reprendre le contrôle à quelques kilomètres de l'arrivée pour faire votre boulot. Comptez environ 30 minutes par étape jouée manuellement du début à la fin, forcément moins si vous simulez tout ou partie de celle-ci. Vous pouvez aussi délibérément choisir de ne disputer qu'un ersatz de Tour de France en sélectionnant vous-même les étapes qu'il contiendra. Mais l'intérêt est franchement moindre.
Le Tour de France comme si vous y étiez
Fort de la licence officielle du Tour de France 2013, le jeu édité par Focus jouit d'une authenticité certaine. Les rares coureurs à arborer des noms fictifs peuvent être renommés rapidement via l'éditeur prévu à cet effet. Mais pour le reste, c'est carton plein. Carte de France, profil schématique et vidéo des étapes, sponsors, classements en tout genre, montant des primes, toutes les données souhaitées par le fan hardcore sont au rendez-vous. Le tout, dans une interface malheureusement un peu austère et pas toujours très claire. In-game, le confort est total. En quelques secondes, le joueur accède aux infos essentielles (classements des maillots distinctifs, écarts, situation des équipiers...) que son directeur sportif ne manque jamais de compléter. Vous êtes au courant de la moindre attaque et bénéficiez de tendances sur l'allure du peloton et de l’échappée, ainsi que sur les chances de réussite de cette dernière. Évidemment, le principe d'oreillette est reconduit et permet de donner toutes sortes d'instructions à vos coéquipiers (relayer, attaquer, protéger, attendre, etc.), ce qui bousille malheureusement un peu la crédibilité du soft si vous n'êtes pas leader. Rien ne vous empêche de laisser la fonction de côté, donc le réel impact est au final tout relatif.
Jeu en ligne et modèles 3D : Tout disparaît
Parmi les nouveautés qui tombent à plat, l'école de cyclisme, sur laquelle le grand public pouvait éventuellement miser. Alors qu'on s'attendait à un didacticiel interactif, il ne s'agit en fait que d'une succession d'écrans fixes bourrés de texte. Le Tour de France 2013 : 100ème Édition n'a de toute façon pas nécessairement besoin d’un tutoriel étant donné qu'il demeure accessible à tous les publics un minimum intéressés par le vélo. L'autre mauvaise surprise, c'est la suppression du jeu en ligne. Au profit d'un multi en local, certes, mais sa disparition n'est pas justifiée et divise quasiment la durée de vie par deux. Car désormais, il va vous falloir trouver un autre adepte de la bicyclette à votre domicile pour profiter des joies du Tour à deux. Un mode identique au solo mais franchement sympa, doté d'un split vertical qui ne nuit pas à la lisibilité de l'action. Enfin, sachez que techniquement, la bête est totalement à la rue et multiplie les fails : coureurs qui clippent dans le peloton, au fil de votre remontée, clipping de décors omniprésent, aliasing sur tous les contours, notamment des arbres, lags déclenchés par les interventions radio du directeur sportif, recyclage de modèles 3D le long de la route, textures ternes... Bref, le constat technique est lamentable mais étrangement, cela ne perturbe que très peu notre expérience de jeu.
Points forts
- La possibilité de jouer les étapes en intégralité
- Une IA coriace et cohérente
- La gestion des trajectoires en descente
- Le directeur sportif omniprésent
- Un HUD qui fournit pas mal d'infos
- Un système de succès internes qui incite à animer les étapes
- Le multi en versus ou coop en local...
Points faibles
- ... mais plus de jeu en ligne
- L'école de cyclisme, sous forme de texte et pas ludique pour un sou
- L'interface tristounette et peu ergonomique
- Une réalisation indigne du support
- Les bruitages low cost
- Trop cher pour un jeu dépassé dans un mois
Le Tour de France 2013 : 100ème Édition a trouvé son public : des joueurs consoles qui s'intéressent au cyclisme une fois par an, lorsque la Grande Boucle passe devant leur porte, mais qui ne sont pas forcément passionnés par le vélo 365 jours par an. Le jeu de Cyanide remplit donc son office en nous proposant plus de contrôle sur notre poulain et des possibilités tactiques étendues, ainsi qu'un multi local efficace, au détriment du jeu en ligne, malheureusement sucré. En dépit d'une réalisation indigne de la machine, ce titre nous a séduit car plus ludique que prévu. Toutefois, en qualité de jeu événementiel et donc éphémère, son tarif a de quoi faire tiquer.