On ne va pas se le cacher, l’annonce de Nosgoth n’était pas vraiment ce que les fans attendaient pour le futur de la série Legacy of Kain. Envolés les espoirs d’un nouveau jeu d’aventure, faites place désormais à un free-to-play exclusivement multijoueur basé sur les restes fumants du background de la licence : la guerre entre humains et vampires dans le monde de Nosgoth. Le jeu est actuellement en phase d’alpha fermée et nous avons eu l’opportunité de pouvoir y faire nos premiers pas, tant sur le sol que sur les murs comme vous le constaterez.
La tâche risque d’être difficile pour Nosgoth ; à peine dévoilé et pourtant déjà détesté par une communauté espérant depuis (trop) longtemps le retour d’une saga mythique: Legacy of Kain. Gardez le background mais oubliez tout espoir d’aventure, Nosgoth sera un jeu PVP ni plus ni moins. Partant de là, deux cas de figure se présentent : certains puristes refuseront peut-être tout simplement d’accorder le moindre crédit à ce qu’ils considèrent comme une trahison, tandis que d’autres, accompagnés de joueurs ne connaissant pas la saga, iront jeter un coup d’oeil intrigué sur un jeu ne se revendiquant ni MMORPG ni MOBA.
Multijoueur & multi gameplay
Dans quelle case ranger alors Nosgoth ? La petite équipe de développement de Psionyx sous la houlette de Square Enix semble se satisfaire de proposer un jeu difficile à étiqueter, à mi-chemin entre les genres ou, comme ils l’appellent, une expérience compétitive multijoueur. C’est sans doute trop vite oublier d’autres free-to-play comme Forge ou encore Panzar à l’ambition et au système de combat somme toute très proches : se mettre sur le coin de la tronche à la troisième personne et par équipes, dans des arènes de combat fermées en choisissant une classe aux capacités propres. Dans Nosgoth, passif de la saga oblige, la bataille opposera les humains aux vampires. L’occasion de découvrir deux gameplays bien différents faisant l’originalité du projet. Pour l’heure, l’alpha du jeu ne permet que de se lancer dans un classique mode deathmatch opposant deux équipes de quatre joueurs. Dans un premier temps, l’une endosse le rôle des humains et l’autre celui des vampires. Une fois le score arrivé à 40 ou bien dix minutes écoulées, on inverse les rôles pour ainsi éviter toute forme de frustration chez le joueur. Il faudra donc maîtriser plusieurs façon de jouer pour sortir victorieux, puisque les deux races s’appréhendent avec une approche particulière des combats.
Le bal des vampires
Commençons par les vampires et leurs spécificités. Corps-à-corps et déplacements libres sont les termes caractérisant le mieux ces guerriers aux dents longues. Car contrairement à leurs adversaires humains, il faudra s’approcher de sa cible pour lui envoyer une bonne série de mandales vampiriques. Pour y parvenir, on pourra compter sur leur capacité naturelle à grimper sur tous les murs ainsi que sur leur vitesse de déplacement. Ces deux éléments permettent de véritablement traquer sa proie pour lui tendre une embuscade aussi inattendue que meurtrière. On retrouve d'ailleurs un système de déplacement proche de celui d'un Assassin's Creed, tout aussi fluide que trop automatisé, car il suffit d'une seule touche pour tout escalader. Trois classes sont disponibles lors du spawn. Le faucheur, une sorte d’assassin traqueur, se faufilera discrètement sur le terrain attendant le bon moment pour bondir à longue distance sur sa cible et la lacérer de ses griffes. Plus bourrin et tanky, le Tyran foncera tête baissée dans la bataille pour semer mort et confusion, tandis que la sentinelle en profitera pour prendre de la hauteur afin de s’élancer sur de courtes distances dans les airs pour saisir au vol sa proie en garantissant un atterrissage douloureux sur le sol. Notez aussi que l’on peut se saisir du cadavre en charpie d’un adversaire pour s’en servir de casse-croûte servant à remonter sa barre de vie. Actuellement, jouer vampire représente selon moi la phase la plus amusante et tactique du jeu. Car au-delà de la sensation grisante de pouvoir crapahuter sur les murs en mode free run, il faudra se mouvoir en équipe pour aller assaillir l’ennemi de façon coordonnée. L’élément intéressant ici, est que l’on ressent particulièrement le fait d’être dans la peau d’un traqueur, ce qui confère aux vampires un gameplay plus offensif et tactique que celui des humains.
Restez groupés et visez bien !
Si les vampires doivent inévitablement se rapprocher le plus possible de leur cible, c’est l’inverse qui prévaut pour la faction humaine qui évitera le corps-à-corps comme la peste. Disons simplement que les trois classes disponibles ne disposent que d’un arsenal à distance orientant le jeu en équipe vers la défensive. Première classe disponible, le chasseur un arbalétrier polyvalent à l’aise à moyenne et longue portée caractérisé par une cadence de tir très élevée. Revers de la médaille, il faudra régulièrement recharger son arme et veiller à s’approvisionner en munitions aux spots appropriés. Afin de bien embêter l’ennemi, il dispose d’un bola servant à entraver les mouvements de la cible durant quelques précieuses secondes (c’est particulièrement efficace contre les Tyran). A ses côtés, le ranger fait office de sniper et pourra faire pleuvoir les flèches sur une large zone. Enfin, on ne se passera pas des brûlants services de l’alchimiste, la présence féminine de l’équipe, au lancer de grenade dévastateur et au mur de feu capable de bloquer la progression de l’ennemi. En l’état actuel, les humains sont condamnés à se battre à distance en évitant les combats au corps-à-corps desquels il s’avère difficile de sortir indemne. La stratégie à appliquer consiste généralement à ne jamais quitter ses trois coéquipiers pour se couvrir mutuellement afin de profiter de la puissance réunie de toutes les capacités spéciales des classes. Dommage, car en comparaison des vampires et de leur free run sur les toits, les phases de jeu en humain souffrent pour le moment d’un manque de profondeur.
Un véritable free-to-play ?
Côté graphismes, cette version alpha s’en sort avec les honneurs avec trois maps aux environnements différents et travaillés mais où les textures manquent encore un peu de finesse. Toutefois, n’oublions pas que cela a encore le temps d’évoluer et que le jeu devra tourner sur un maximum de configurations du fait de son statut free-to-play. En tout cas, la fluidité est au rendez-vous et l’ambiance sombre ne trahit pas les origines de la saga. Même si pour le moment le nombre de participants à cette alpha est réduit, le système de recherche de parties permet de trouver un match en deux clics. On commencera d’abord dans une sorte de newbie zone en disputant des rencontres contre d’autres débutants avant de pouvoir lancer des matchs plus prestigieux une fois le rang 5 acquis. La question qui fâche maintenant, Nosgoth sera-t-il véritablement gratuit ? Il est encore bien trop tôt pour se prononcer et pour juger du modèle que suivra le jeu lors de son ouverture au public. La boutique permet à l’heure actuelle d’acheter quelques nouvelles armes, de nouveaux perks, des skins, des boosts d’xp ou encore des clés calquées sur le même système de paquet surprise que les caisses Mann co de Team Fortress 2. Si un joueur gratuit pourra sans problème acquérir ces objets en dépensant des points gagnés grâce aux victoires, il aura aussi la possibilité d’acheter des cristaux pour accélérer les choses. Leur prix n'est pas encore communiqué mais devrait se situer dans la moyenne des offres du même genre. Rien que de très classique pour un free-to-play me direz-vous, mais ce point méritera bien entendu un éclaircissement lors du test.
Si on l’observe pour ce qu’il propose, Nosgoth se révèle être un free-to-play multijoueur dynamique et efficace proposant un double gameplay en adéquation avec son background. Même si la balance du plaisir de jeu entre les deux clans pencherait plutôt du côté des vampires pour leur grande liberté de déplacement couplée au sentiment d’être dans la peau d’un traqueur, on ne peut s’empêcher de penser que la licence Legacy of Kain emprunte une route à l’opposée des attentes des fans de la première heure en tentant une incursion dans l’univers ultra concurrentiel du free-to-play. Un pari qu’il faudra être capable de tenir en peaufinant l’équilibrage des races tout en proposant un suivi sans faille du jeu pour capter les anciens joueurs mais aussi attirer les néophytes de la saga.