Daedalic Entertainment enchaîne les projets à une vitesse phénoménale. Il faut dire que le studio allemand s'arrange pour que ses employés – ils sont en moyenne 80, même si cela fluctue en fonction du nombre de jeux en développement - voguent de production en production pour faire profiter à chaque équipe de leur expertise. Si dans quelques jours, les joueurs accueilleront le RPG Blackguards, le mois de février verra la sortie d'un autre titre versant plus dans l'aventure point'n click classique, 1954 : Alcatraz.
Dans les années 50, San Francisco n'était pas tout à fait la cité accueillante qu'elle est aujourd'hui. Et pour cause, le crime organisé avait réussi à prendre dans ses tentacules la magnifique ville californienne. A cette époque, chantages, meurtres et trafic de stupéfiants occupaient quotidiennement la Une des journaux. Joe fait partie de ceux qui ont fait empirer la situation. Arrêté après un braquage à main armée, ce dernier croupit dans l'une des étroites cellules de la célèbre prison d'Alcatraz, située sur une île, à moins de trois kilomètres de San Francisco. Bien décidé à ne pas moisir en taule, Joe va tout faire pour essayer de s'évader. Avec notre aide et celle de sa femme, Christine, qui se trouve, elle, à l'extérieur.
Double jeu
Tout l'intérêt du jeu réside justement dans le fait que vous contrôlez à la fois Joe et Christine. Il est d'ailleurs possible de passer d'un personnage à l'autre à tout moment ou presque, l'histoire imposant au cours de quelques séquences que vous incarniez l'un des deux protagonistes. Globalement, les mécaniques de jeu restent identiques, que l'on soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la prison. On se déplace dans des environnements limités en termes de taille, on dialogue avec tout le monde et on cherche à résoudre les énigmes qui s'offrent à nous en utilisant les objets qui squattent notre inventaire. Le gameplay prend malgré tout une couleur un peu différente en fonction du personnage joué. Tout passe par les dialogues lorsque l'on incarne la jolie et raffinée Christine. Il faut notamment rendre de multiples services pour arriver à nos fins. Le musculeux et anguleux Joe doit pour sa part bricoler avec ce qu'il a sous la main pour s'en sortir tout en essayent de trouver une issue vers la liberté. Evidemment, cela va de soi, contrôler la jeune femme permet de rencontrer du monde et d'accéder à des lieux de diverses natures. Dans la peau du braqueur, on se retrouve à l'inverse confronté aux mêmes gueules cassées chaque jour. Il s'avère important d'apprendre à les connaître pour profiter de leurs forces et faiblesses. Enfin, les quelques discussions au parloir permettent à Joe et Christine d'échanger afin de faire avancer le plan d'évasion du premier cité. Chacun dépend évidemment de l'autre. Le joueur peut alors profiter de cette situation singulière pour jouer différentes partitions.
Des choix cruciaux
Le braquage de Joe ayant réussi, ce dernier a en effet eu tout loisir de planquer le butin avant de se faire attraper par la police. Aussi, quelque part dans San Francisco, une somme importante d'argent attend son propriétaire. Dès les premières minutes, le jeu vous offre la possibilité d'effectuer un premier choix. A savoir dire la vérité ou mentir à Christine sur l'existence de ce précieux trésor. Bien sûr, la suite des événements dépend de cette décision initiale. En particulier parce que d'autres gangsters dont le violent Mickey, que Joe a visiblement doublé, cherchent à récupérer l'argent. Ces derniers, libres de leurs mouvements, exercent une pression importante sur la femme du prisonnier. Elle qui subit en plus le comportement souvent lourdingue des hommes attirés comme des mouches par sa beauté... Mais l'aventure recèle bien d'autres embranchements qui débouchent sur des lieux différents et des situations diverses. A l'arrivée, l'ensemble des choix devrait donner une saveur différente à l'aventure. Le couple vacille en fonction des décisions prises, mais aussi des découvertes effectuées (notamment celles liées au passé sulfureux de Joe). Et, surtout, l'un des personnages peut éventuellement mourir.
Plongée au cœur des fifties
Jouer à 1954 : Alcatraz, c'est aussi effectuer une réelle plongée dans une époque singulière. Il se dégage une ambiance unique du point'n click de Daedalic. Les concepteurs du titre, Gene Mocsy en tête, ont utilisé des photos prises pendant les fifties pour restituer le charme du San Francisco de ces années-là. Chaque décor regorge ainsi de détails. De la salle de concert de jazz aux appartements, en passant par la prison elle-même, le plaisir de la découverte semble être présent à chaque instant. Le charme des personnages, qui semblent tous sortis de films hollywoodiens, opère pour sa part immédiatement. Enfin, la bande-son jazzy accompagnant l'ensemble tient également un rôle crucial dans l'optique de faire voyager le joueur dans le temps. Le style visuel, un peu dans la veine de celui du Walking Dead de Telltale mais en moins réaliste, en plus bande dessinée, se montre lui aussi plutôt réussi. A l'exception peut-être de certains personnages masculins (désolé Joe mais là...) dont la boîte crânienne semble avoir été écrasée. Le choc est au départ assez important mais on devrait finir par s'y habituer.
Difficile de ne pas se laisser séduire par ce point'n click aux allures de film noir. Travaillé sur le plan visuel autant que sonore, le jeu semble capable de nous immerger dans son univers. A l'issue de la présentation, on aurait ainsi bien aimé se plonger dans l'aventure et essayer de faire sortir Joe le braqueur d'Alcatraz, la prison dont on ne s'évade pas. Mais il faudra attendre février et la version du jeu sous-titrée en français pour cela. Pour patienter, on peut toujours se demander si l'histoire tiendra toutes ses promesses et si les choix seront réellement nombreux et décisifs. Des questions qui ne trouveront réponse qu'une fois le titre sorti.