Vingt-deuxième siècle. Humains et Réploïdes, androïdes doués d'intelligence, vivent en paix et en harmonie dans un monde qui peine à se remettre des dernières crises l'ayant secoué. Pour préserver cette paix si durement acquise et la protéger de l'influence des Mavericks, Réploïdes défaillants et dangereux, la création d'une armée est ordonnée. Mais la Repliforce, tel est son nom, est bien vite jugée inefficace, et finit même par se rebeller lorsque des accusations sont portées à son encontre, suite à un attentat meurtrier ayant provoqué la chute d'une cité flottante. Une insurrection qui ne tarde pas à menacer l'ordre établi et la sécurité d'un monde décidément maudit. Mais à peine commence-t-on à redouter le pire que la détonation d'un canon-plasma retentit au loin ; et avec elle, le sifflement d'un sabre laser qui fend l'air. Tout n'est peut-être pas perdu...
Initiée en 1994 sur Super Nintendo avec la lourde tâche de succéder à Mega Man, son aïeul sur NES, Mega Man X n'a pas tardé à s'imposer comme une référence des jeux de plates-formes avec son orientation résolument action. Si le premier opus a su trancher par rapport à ses illustres aînés par la mise en place d'un univers plus mature et d'un gameplay moins exigeant mais toujours plus dynamique, force est de constater que ses deux suites n'apportaient que très peu d'innovations majeures, se contenant bien souvent d'ajouts mineurs sans oser porter atteinte à des codes certes solides, mais un rien éculés. Qu'attendre alors de ce quatrième épisode ? Eh bien, du classique, avec toutefois une grande nouveauté.
Le risque Zero
Bon nombre de joueurs de la première heure en rêvaient, pour certains il s'agissait même d'un fantasme, partiellement assouvi dans l'opus précédent, mais cette fois-ci est la bonne pour Zero, le compagnon écarlate de X, qui apparaît enfin dans ce quatrième opus comme un personnage jouable à part entière. Ainsi, à l'amorce d'une partie, il vous sera demandé de faire un choix entre chacun des deux protagonistes, X ou Zero, choix qui vous engagera alors jusqu'au terme du jeu. Si sur le plan scénaristique, cette dualité permet une approche de l'histoire sensiblement différente, en s'attardant par exemple sur le passé sombre de Zero et le dilemme qu'il sera amené à affronter, il s'agit surtout d'une véritable alternative en termes de jouabilité, l'approche longue distance et classique de X contrastant avec celle plus nerveuse, plus axée corps-à-corps de Zero. Armé de son Z-Saber, le Réploïde à crinière blonde se laisse manier avec bonheur, les coups de sabre s'enchaînant avec autant de fluidité que de style, et les diverses techniques et améliorations que l'on pourra obtenir en battant chacun des huit boss du jeu viendront même enrichir le tout. Coup de sabre enflammé vers le haut, attaque de glace vers le bas, double sauts et autres joyeusetés du genre seront ainsi au programme. "Sabrez" le champagne : Zero est jouable, et fichtrement bien jouable !
Une mécanique bien huilée
Si incarner Zero est une alternative aussi plaisante que rafraîchissante, la prise en main de X reste elle assez classique dans son ensemble, et ne devrait pas dérouter l'habitué des premiers épisodes. Comme toujours, il vous sera possible de charger votre bras-canon pour relâcher une boule d'énergie plus puissante. Comme toujours, chaque boss vaincu vous permettra d'acquérir une nouvelle arme, celle-ci étant le point faible d'un autre boss. Comme toujours enfin, il vous faudra scruter chaque coin, chaque recoin des niveaux afin d'y trouver quatre pièces d'équipement servant à renforcer le Réploïde bleu, du casque aux jambes, en passant par l'arme et l'armure. Ajoutez à cela, aussi bien pour X que pour Zero, la possibilité d'augmenter votre barre de vie en collectant les huit cœurs, un par niveau, ainsi que la recherche des quatre réservoirs d'énergie, et vous obtenez là les éléments traditionnels et incontournables de la série. Efficace.
Tout aussi efficace, et non moins appréciable, la diversité des niveaux traversés. C'est bien simple, aucun des huit niveaux, qui constituent le jeu, ne ressemble à un autre. Et il n'est pas là simplement question de décors, mais de véritables variantes sur la manière d'y progresser et d'en atteindre le bout. L'espace cybernétique, par exemple, mettra votre technique à l'épreuve en vous poussant à jouer de manière rapide et limpide afin de recevoir divers bonus, tandis que pour vous frayer un chemin dans l'antre de Jet Stringray, vous devrez faire preuve de concentration et de réflexes aux commandes d'une moto lancée à toute vitesse. N'oublions pas de signaler également la présence d'armures méchanoïdes géantes qu'il vous sera possible de monter et de contrôler pour traverser des pans entiers de niveaux. En cherchant bien d'ailleurs, il vous sera même possible d'aller affronter un boss tout en restant à bord de l'engin ! Bref, cette diversité est la bienvenue pour éviter ennui et lassitude, d'autant plus que le jeu, fidèle à son héritage, ne se laissera pas dompter si facilement et mettra votre compteur de vies à rude épreuve.
Transition générationnelle
Ce quatrième opus étant le premier à être pensé pour une console 32 bits, il était légitime d'en attendre une refonte graphique et sonore qui exploite au mieux les capacités offertes par la machine de Sony. Si le passage à la 3D a été sagement évité pour garder intactes les sensations de jeu, l'aspect graphique tout en 2D a toutefois subi un certain lifting qui se remarque notamment sur le design de X et Zero. Les petits robots du temps de la Super Nintendo bénéficient désormais de proportions plus réalistes, leurs silhouettes gagnant en taille et en détails, et voient également leurs animations retravaillées et enrichies, sans pour autant que cela impacte la jouabilité. Les décors restent assez fidèles à l'univers de la série, et vous feront passer de la chaleur étouffante d'un volcan furieux aux troncs mécaniques d'une jungle hostile. Un type d'environnements que l'on voit fréquemment revenir dans la série, certes, mais comme vous l'aurez sans doute compris en étant parvenu à ces lignes, nous avons là affaire à du classique sur toutes les lignes. Seul ajout plutôt appréciable, bien que parfois inégal, celui de courtes séquences tout en dessins animés venant s'intercaler à divers moments de l'histoire, pour enrichir celle-ci et la rendre plus vivante. Une histoire qui reste relativement anecdotique, malgré quelques revirements inattendus et un effort général pour développer l'intrigue, ainsi que le personnage de Zero, qu'il convient de relever.
Ha, Ha, Yeah, Yeah, Ha, Yeah, Ha...
Autre grande tradition, et ce depuis l'époque NES, la qualité musicale qui, via de nombreux thèmes cultes, a largement contribué au succès de la série. S'il est difficile de parler ici de thèmes forts, voire mémorables, l'ambiance musicale de Mega Man X4 se veut un poil plus variée, plus éclectique que de coutume, sans pour autant abandonner ses rythmiques rapides et entraînantes en adéquation avec l'action intense du titre. Le résultat est donc tout à fait correct, chaque piste ou presque collant à merveille avec l'esprit du niveau qui l'accompagne, des sonorités électroniques et synthétiques d'un vaste réseau cybernétique à celles plus calmes, plus froides d'une base secrète perdue au milieu du blizzard. Seules petites fausses notes dans cet ensemble : les voix. A chaque attaque, chaque mouvement effectué, votre protagoniste poussera un cri d'effort, et ce de manière systématique. On aura donc vite fait de crouler sous une avalanche intempestive de "Ha !", de "Yeah !", et autres exclamations du genre, compréhensibles ou non. Outre le fait que les doublages soient exclusivement en anglais, comme les textes, le jeu d'acteur tend parfois à être grotesque, et le choix d'une voix particulièrement enfantine pour X a de quoi surprendre. Un léger couac donc, qui n'aura au final que peu d'incidence sur la qualité globale du titre, mais qui pourra prêter à sourire pour peu que vous compreniez un minimum l'anglais.
Points forts
- Jouer avec Zero !
- Le gameplay toujours aussi bon
- Un level design varié
- Les cutscenes en dessins animés
- Un léger affinage graphique
Points faibles
- Classique
- Quelques sons intempestifs
- Tout en anglais
Si ce quatrième volet s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, en s'appuyant sur les solides acquis de la série, il n'en reste pas moins efficace tout en proposant une expérience de jeu alternative et rafraîchissante par la possibilité, enfin, d'incarner Zero à plein temps. Certains lui reprocheront peut-être son classicisme acharné, ses mécaniques éculées et sa technique un rien dépassée, mais il serait dommage de ne pas apprécier à sa juste valeur un gameplay aux petits oignons, servi par un level design des plus variés qui ne devrait laisser que peu de place à l'ennui. Un Mega Man X comme on l'aime, en fin de compte.