Conçu conjointement par les Polonais de City Interactive et les Allemands de Deck 13, Lords of the Fallen est un projet pour le moins ambitieux dont le développement a commencé courant 2011. A sa tête, on retrouve Tomasz Gop, un ancien de CD Projekt qui a notamment travaillé sur The Witcher 2 en tant que producteur exécutif. Autrement dit, une pointure. Pour ce qui est du jeu en lui-même, il s'agit d'un RPG orienté action prenant place dans un monde fantastique particulièrement sombre. Voici ce que nous avons pu apprendre à son sujet au cours d'une présentation - pas de prise en main possible - riche en informations.
Avant de démarrer la présentation, les développeurs ont tenu à clarifier la situation à propos de la nature de Lords of the Fallen. Visiblement, ils craignent que des erreurs de communication n'induisent les joueurs en erreur.Ainsi, le titre n'est pas basé sur une licence préexistante. Il dispose d'un background propre avec des personnages imaginés de toutes pièces. Par ailleurs, ne vous attendez pas avec cette production polono-germanique à explorer un vaste monde ouvert. Non, si Dark Souls fait clairement partie des inspirations des concepteurs du jeu, ces derniers ont fait le choix de la linéarité. Ils souhaitent raconter une histoire précise et maîtriser chaque aspect de l'expérience proposée. City Interactive et Deck 13 ne s'en cachent pas, cette décision cadre aussi avec le budget alloué au développement.
Dieu, le retour
L'histoire de Lords of the Fallen découle d'une légende. « Dieu » et ses disciples ont été vaincus par les humains il y a de cela plusieurs milliers d'années. De son corps, enfoui sous terre, on ne distingue plus que quelques doigts gigantesques formant un immense massif rocheux. Dès le début du jeu, la période d'apaisement qui a suivi cette guerre est pourtant subitement brisée. Sans que l'on ne sache réellement pourquoi, quelques créatures appartenant à l'armée de ce dieu déchu font leur apparition. Suffisant pour que l'on envoie quelques personnes investiguer. En l’occurrence, dans ce monde singulier, on traite le mal par le mal. Aussi, les êtres les moins recommandables sont désignés pour aller se jeter dans la gueule du loup. On les reconnaît à leurs multiples tatouages symbolisant les crimes commis par le passé. Avec son air peu commode et sa corpulence d'ours polaire, Harkyn fait partie des personnes chargées d'enquêter sur le retour de l'ennemi. C'est son histoire que vous allez vivre à travers l'aventure concoctée par les développeurs.
De l'omniprésence de l'action
Les concepteurs de Lords of the Fallen, Tomasz Gop en tête, mettent clairement l'accent sur l'action lorsqu'ils évoquent leur jeu. Et pour cause, l'aventure vous réserve un nombre important de combats. Ces derniers ont la particularité d'être extrêmement intenses, dans le sens où il est impossible d'anéantir un ennemi en martelant les boutons de sa manette. D'une part parce que les coups ne s'enchaînent pas comme dans un beat'em all. Et d'autre part parce que les ennemis sont tous très coriaces. Pour se sortir d'un affrontement, il faut passer en premier lieu par une phase d'observation, chaque opposant affichant un style propre. Analyser ses « patterns » en prenant du recul est absolument nécessaire. Il est ensuite impératif d'utiliser les esquives – principalement les roulades –, les parades et de connaître le timing à respecter pour être efficace lorsqu'on lance les offensives dont dispose notre personnage. En fonction de l'équipement et de l'arme de ce dernier, les différences sont très importantes. Habillé en clerc et armé d'une hache, on aura besoin de beaucoup de temps pour balancer son attaque alors qu'en voleur, on peut piquer son ennemi lors de chaque petite ouverture. S'il est si important de faire preuve de patience et de ne pas se jeter à corps perdu dans la bataille, c'est parce que Lords of the Fallen se veut difficile. Tomasz Gop ne cache d'ailleurs pas que Dark Souls fait partie des titres qui l'ont marqué ces dernières années. Pour autant, le challenge ne sera pas tout à fait identique à celui offert par la production de From Software. S'il faudra passer par quelques morts bien sales pour continuer à progresser, la courbe d'apprentissage devrait, elle, être moins rude. Le but n'est pas ici de punir à tout-va mais plutôt d'être exigeant. Les points de sauvegarde sont notamment peu espacés.
Ready ? Fight !
L'une des grandes particularités de Lords of the Fallen tient au fait que les combats se déroulent généralement en un contre un. Un peu à la manière d'un jeu de combat finalement. En de rares occasions, deux ennemis vous font face. On a par exemple pu voir une créature, postée au loin, balancer des flèches pendant qu'un de ses congénères, porté sur le corps-à-corps, essayait d'empaler notre héros. Néanmoins, attendez-vous plutôt à une succession de face-à-face. A ce titre-là, les boss – les fameux Lords ou Seigneurs qui défendent le dieu - occupent une place particulière dans le jeu. Leurs habitudes de combat sont plus difficiles à décrypter que la moyenne et il existe plusieurs phases dans chaque affrontement vous opposant à eux. Le premier d'entre eux, un immense chevalier à la carrure imposante, perd son bouclier et son armure après que les trois quarts de ses points de vie aient été consommés. Conséquence, ses caractéristiques changent. Lourd et puissant au début du combat, il devient léger et rapide à la fin de celui-ci.
Prudence est mère de sûreté
Le parallèle avec Dark Souls peut être établi à travers d'autres aspects de Lords of the Fallen. Ainsi, lorsque Harkyn meurt, son esprit, chargé de toute l'expérience acquise depuis la dernière sauvegarde, reste à l'endroit où il a péri. Pour ne pas laisser s'envoler tout ce trésor inestimable, il vous faut retrouver cet esprit dans un laps de temps donné. Toutefois, à mesure que les minutes défilent, le nombre de points récupérables diminuent. Un procédé un brin sadique qui devrait vous amener à ne prendre aucun combat à la légère. D'autant que la barre de vie a une fâcheuse tendance à se vider à la moindre égratignure. Quant à la jauge d'endurance, elle limite votre capacité à esquiver vos ennemis. Bref, vous l'aurez compris, mieux vaut jouer la carte de la prudence. L'exploration peut être un moyen de se rendre la tâche plus facile. Outre dégoter quelques précieuses récompenses cachées ça et là, parcourir les différents embranchements proposés par les développeurs sera un acte récompensé. Au lieu d'affronter une énorme créature frontalement, emprunter un petit chemin de traverse peut vous faire atterrir derrière ce dernier. Vous entamez alors l'affrontement par un coup critique asséné dans le dos de l'ennemi. Encore une fois, ne vous méprenez pas, Lords of the Fallen est un jeu linéaire. Il n'y a qu'une seule route à suivre même si quelques petites subtilités de level design viennent de temps à autre égayer l'aventure.
Classes, magie et progression
Au début d'une partie, Lords of the Fallen vous propose de faire un choix entre trois classes : clerc, guerrier ou voleur. Cette décision a uniquement un impact sur la nature des sorts que vous pouvez utiliser. D'après les développeurs, la magie ne permet pas de gagner directement un combat mais juste d'augmenter ses chances de victoire. Utiliser les armes, quelles qu'elles soient, est toujours nécessaire pour venir à bout d'un ennemi. Les pouvoirs définissent aussi votre style de jeu. Ainsi, un guerrier peut par exemple lancer une sorte de double enflammé de lui-même sur l'ennemi pour l'assommer temporairement tout en lui infligeant quelques dégâts. De quoi vous donner un avantage dans l'affrontement. Le deuxième sort que nous avons pu voir permet au clerc de créer un leurre sur lequel s'acharne son adversaire. Par ailleurs, il faut savoir que les trois classes peuvent utiliser l'ensemble des équipements du jeu. Un guerrier a tout loisir d'enfiler une tenue de voleur si cela l'enchante. De même pour les armes. C'est important car ce que vous portez a une influence sur votre mobilité et donc, par extension, sur la manière dont vous devez vous battre. Concernant la progression de votre personnage, City Interactive et Deck 13 n'ont pas encore arrêté leur décision sur la manière dont tout cela se déroulera. Néanmoins, l'expérience - gagné en tuant des ennemis ou en accomplissant des quêtes secondaires - servira à améliorer ses statistiques ou ses sorts. De manière séparée. On termine avec un mot sur le fait qu'une fois le jeu terminé, il vous sera possible de le recommencer dans la foulée en optant pour la classe de votre choix. L'adversité sera alors nettement plus élevée mais vous conserverez les statistiques de votre personnage et pourrez redistribuer ses points de compétence.
Ce que l'on a vu de Lords of the Fallen nous semble très encourageant. Cette volonté de proposer un challenge sérieux est rafraîchissante. On sent que chaque combat demandera une réelle analyse de la situation et des forces en présence. Si nous n'avons pas pu jouer nous-mêmes, l'intensité des affrontements transpire à l'écran. En particulier lorsqu'un boss est impliqué. Visuellement, l'ensemble tient vraiment la route avec des environnements majestueux – rappelant par certains aspects Darksiders – et des ennemis au design très soigné. Prévu pour la fin d'année 2014 sur PC (support sur lequel tournait la version exposée) Xbox One et PS4, le jeu est évidemment loin d'être fini – le framerate est encore instable et les animations manquent parfois de liant – mais en l'état, l'impression de rentrer de plain-pied dans la next-gen est bien là.