Avec la multiplication des MMORPG ayant adopté le modèle du free-to-play, le marché a vu apparaître quelques titres de très grande qualité. On pense par exemple à l'inévitable Guild Wars 2. A l'inverse, de très nombreuses productions bas de gamme ont également surgi, souvent de nulle part. Résultat, les joueurs sont aujourd'hui – à raison – très méfiants envers les free-to-play, en particulier ceux venant d'Asie. Toutefois, certains développeurs issus de ce continent ont réussi à conserver la confiance des joueurs grâce à un vrai savoir-faire. C'est le cas de X-Legend. Cependant, avec l'évolution du marché, les exigences ne sont aujourd'hui plus les mêmes.

Le royaume du tout générique

Le nouveau bébé du studio taïwanais se nomme Aura Kingdom. Et nous avons pu passer de nombreuses heures en sa compagnie. Malheureusement, le premier élément qui saute aux yeux lorsque l'on commencer à jouer, c'est cette volonté de le part de X-Legend de ne jamais prendre de risque. A aucun niveau. Alors évidemment, tout le monde ne peut pas révolutionner le genre MMO mais on se sent ici engoncé dans un schéma vu mille fois. En témoigne cette direction artistique pour le moins générique « typée manga » comme aime à le rappeler Aeria Games. Certes, cela plaît à certains joueurs (souvent très jeunes) mais on a vraiment la sensation d'avoir déjà vu évoluer des centaines de fois ces personnages. Aucune personnalité ne ressort de leur design. Le second choc intervient après avoir franchi les dix premiers niveaux. Soyons clairs, les quêtes ne présentent peu, si ce n'est aucun intérêt. Grosso modo, elles se rangent dans deux catégories. D'un côté, il y a celles qui nécessitent de parler à tel ou tel personnage. Et de l'autre, celles qui demandent d'aller tuer un nombre donné de bestioles. Autant dire que l'on finit assez rapidement par s'ennuyer. D'autant plus qu'il existe – comme souvent avec les MMORPG asiatiques – un système permettant d'automatiser ses trajets. Sympa pour retrouver un PNJ paumé au fond de la forêt mais finalement assez révélateur du côté répétitif des missions. Certaines d'entre elles sont toutefois cachées, ce qui devrait pousser les joueurs à explorer le monde d'Aura Kingdom. Une exploration facilitée par le fait que les personnages peuvent voler. Tout simplement.

Sur un air de déjà-vu

Evidemment, Aeria Games nous parle d'une histoire incroyable dans un monde merveilleux. Difficile de juger après quelques heures seulement mais il nous a plutôt semblé que les dialogues étaient insipides et le scénario pas bien original. A priori, le monde du jeu vidéo ne manque pas de grands méchants qui menacent la paix de la planète.... Dans le même ordre d'idées, la théorie voudrait que les familiers (les eidolons) - obtenus à partir du niveau 10 - occupent une place unique dans votre aventure. Ils seraient même des compagnons de route et non de simples animaux de compagnie. Bien que ces derniers aient un rôle durant certaines conversations, on n'a pas réellement remarqué une quelconque nouveauté ici. Ils vous suivent en permanence et sont juste utiles lors des combats. Rien de très original... Le fait de pouvoir posséder plus tard trois familiers avec des caractéristiques différentes et de pouvoir switcher entre eux à tout moment changera peut-être ce constat. Mais rien n'est moins sûr. Les combats sont en revanche assez dynamiques. On apprécie les zones d'effet montrant le futur impact du coup des ennemis. Là aussi, c'est du déjà-vu mais cela fonctionne bien. La difficulté apparaît en revanche très faible. Ce qu'il faut savoir par ailleurs, c'est qu'il n'y a pas de classes dans le jeu. En fait, c'est l'arme que les personnages ont en leur possession qui détermine ce dont ils sont capables. La hache permet d'être orienté corps-à-corps, le grimoire de faire de la magie et les pistolets d'être efficace à distance. Au niveau 40 (on grimpe très très vite...), le jeu offre la possibilité de choisir une deuxième arme. De quoi varier les offensives. Par ailleurs, un système avec un vaste damier appelé sobrement chemin de la destinée donne l'occasion aux joueurs de développer de nouvelles compétences tout au long de l'aventure.

Un tableau gris foncé

Si Aura Kingdom a peu de chance d'être un MMORPG mémorable, le tableau n'est pas complètement noir non plus. Ainsi, le jeu a le mérite de proposer de répartir manuellement les points d'expérience. C'est déjà ça. Et puis il faut être honnête, contrairement à de nombreux free-to-play, il devrait se montrer très stable à sa sortie. On n'a pour ainsi dire rencontré aucun bug lors de notre longue session de jeu. Techniquement, le bilan est aussi assez réjouissant. Pour un titre gratuit, Aura Kingdom se défend bien. C'est bourré de couleurs et les effets sont plutôt jolis. Bref, globalement, X-Legend propose une production plutôt complète. Il y a tout ce que l'on peut espérer dans un MMORPG. Du PvE, du PvP (à partir du niveau 40), un peu de crafting et bien sûr des instances. Ces dernières, les joueurs ne pourront les faire qu'un nombre limité de fois par jour. Trois en solo, trois en groupe et une dans un mode difficulté très élevé. Tout cela pour éviter les abus au niveau du loot. Voilà qui est plutôt malin. Concernant le syndrome pay-to-win, Aeria Games assure qu'il n'est pas question de favoriser les joueurs qui sortiront leur portefeuille. Seul le confort de jeu pourra être amélioré.