Si vous ne connaissez pas le scénario de Jurassic Park, sachez qu'un type un peu fou mais riche du nom de John Parker Hammond ressuscite des dinosaures. Pour ça, il les clone grâce à l'ADN préhistorique venu des moustiques conservés dans la sève d'arbres depuis des millénaires. John décide alors de prendre l'une de ses îles, nommée Nublar, de mettre tous ces gros reptiles dans des enclos puis d'en faire un parc d'attraction : Jurassic Park. Le héros, le docteur Alan Grant, est invité sur l'île en tant qu'expert paléontologue avant l'ouverture du site, pour assurer que le parc soit totalement sécurisé. Naturellement, ça ne se passera pas comme prévu et durant une violente tempête, un vilain informaticien corrompu va s'empresser de désactiver les enclos pour s'emparer des oeufs de dinosaures. C'est ici que commence notre jeu de plates-formes.

Deux histoires pour le prix d'une !

Après être resté sans voix devant un gros carnivore qui grogne "SEGA !" avant l'écran-titre, vous allez vite noter que deux trames s'offrent à vous. Chacune est introduite par une cinématique très jolie. La première consiste à prendre le contrôle de Grant, qui, conduisant à toute vitesse sa voiture, percute simplement un tyrannosaure n'ayant rien trouvé de mieux que d'exploser la clôture de son petit parc pour gambader joyeusement à travers l'île. Vous vous retrouverez donc perdu au beau milieu de l'île et vous devrez vous en évader. La seconde, nettement plus intéressante, vous propose de passer directement aux commandes d'un puissant vélociraptor venant de s'échapper de la même façon que le T-Rex et cherchant à tout déchirer, que ça soit humain ou non.

Là est la grande force du jeu : la possibilité de choisir entre ces deux personnages totalement différents tant au niveau du gameplay qu'au niveau des sensations qu'ils fournissent. En effet, le reptile est bien plus agile et résistant que notre petit docteur pourtant bien plus garni en termes d'arsenal d'armes, du pistolet au lance-roquettes en passant par le taser... Il est amusant de noter que la majorité des armes sont tranquillisantes et endorment les dinosaures ennemis. Il ne faut donc pas perdre de temps avant qu'ils se réveillent. Des dinosaures, justement, qui s'élèvent au nombre de sept. On compte des petits tout verts appelés compsognathus, des tricératops qui vous fonceront dessus uniquement si vous les agressez, des dilophosaures crachant du venin et bien sûr des vélociraptors qui ont par ailleurs un comportement très étrange. Parfois ils seront vraiment agaçants, parfois complètement stupides et immobiles. On peut croiser également des ptéranodons qui sont probablement les dinosaures les plus vicieux du jeu. Précalculez bien chaque saut car il est fort probable que l'un d'entre eux se pointe pour vous faire tomber misérablement. Ne vous en faites pas, une simple prune entre les deux yeux suffira à les calmer. Les deux autres reptiles présents sont légèrement différents des autres. Il s'agit du fameux T-Rex et du mythique Brachiosaure avec son gigantesque cou, premier dinosaure que l'on voit dans le film. Ces deux-là se retrouvent positionnés à différents endroits dans plusieurs niveaux et ne peuvent pas se déplacer. Si le carnivore tyran sera à éviter, notre grand herbivore, lui, servira régulièrement d'ascenseur. Le tyrannosaure vous avalera sans pitié si vous ne prenez pas soin de lui coller quelques balles avant de passer devant lui.

Combien de temps tiendrez-vous manette en mains ?

Voilà pour le bestiaire. Oui, ça peut paraître léger, mais aucun autre monstre préhistorique n'apparaît dans le film, on ne peut pas vraiment en vouloir à BlueSky Software. Par contre, gardez à l'esprit que votre vrai ennemi n'est pas forcément ces créatures, mais le level design à la fois sadique et tordu qui représente à lui seul la difficulté du jeu. A plusieurs reprises, vous devrez sauter sur des plates-formes que vous ne pouvez pas voir à l'écran. C'est d'autant plus énervant que l'on se retrouve par conséquent très souvent à chuter dans le vide, dans l'espoir de tomber dessus par hasard. La rigidité du docteur n'aide pas à améliorer la maniabilité. Il a la sale manie de marquer un temps d'arrêt d'une seconde après chaque saut, ce qui est très déstabilisant. Comme pour ruiner le gameplay, les développeurs ont jugé nécessaire de rendre punitive la chute d'une hauteur trop conséquente. Le problème est que cette hauteur est difficilement décelable à l'oeil nu, étant donné qu'un grand nombre de plates-formes se situent hors de notre champ visuel.

Afin de nous prouver que mourir est amusant, on nous propose régulièrement des situations inutilement difficiles. Sachez que dans Jurassic Park, un dinosaure mort ou endormi respawne si l'on s'en éloigne trop. Pour rendre le tout encore plus agaçant, Grant n'est pas fichu de passer à côté d'eux sans qu'un mur invisible nous bloque le passage. Tout ceci nuit grandement au plaisir de jeu, sans compter les quelques bugs de collision liés aux différents pièges que vous rencontrerez. C’est donc au cours de 7 niveaux (avec un boss de fin navrant) que nous accompagnerons notre ami, et bien qu’ils ne soient pas transcendants graphiquement, ils ont au moins le bon goût d’alterner régulièrement la palette de couleurs d’un stage à l’autre. La modélisation des mobs est assez convaincante pour l’époque. Pour ce qui est de l’ambiance sonore, la musique ne se révélera pas mémorable bien qu’elle s’avère efficace pour vous immerger dans l’univers. Les bruitages, eux, sont corrects dans le sens où BlueSky s'en sert d’éléments de gameplay pour nous prévenir de l’arriver d’un dino.

Grawr, je suis un raptawr!

Heureusement, le jeu possède quelques idées brillantes. La principale étant donc d’offrir au joueur le choix d’incarner le Raptor, le gameplay étant complètement repensé pour l’occasion. On ressent la lourdeur de la bête qui a tout de même une certaine souplesse dans son maniement du fait que l’on puisse se déplacer un peu partout à la vitesse que l’on souhaite. Pour attaquer, trois coups. Une morsure qui vous permet également d’avaler des compsognathus pour reprendre votre vie, un coup de patte arrière et enfin le saut (non sans rappeler un certain petit plombier moustachu). Trois types différents de sauts : un saut classique dont vous pouvez étendre la hauteur avec le bouton haut, un saut muni de la patte arrière pour griffer vos ennemis et un saut accroupi très rapide qui pourra vous faire traverser les niveaux plus vite que vous ne l’avez réalisé, à la manière d’un Sonic. Il faut aussi préciser qu’avec ce protagoniste, nos victimes sont à la fois des humains et des gros lézards. Un gros soin lui a donc été apporté pour que le joueur se sente vraiment dans une position de puissance et de liberté après avoir galéré avec Grant et sa maniabilité énervante. Malheureusement, on incarne cette bestiole qu’au cours de 5 stages qui se terminent vite, lorsqu’on les connaît. On se retrouve donc avec un jeu mi-figue, mi-raisin.