Tandis que le professeur Layton règne en maître sur les portables Nintendo, les plates-formes mobiles se cherchent encore un porte-parole du jeu à énigmes. Et si le nouvel ambassadeur du genre était Jacob Jones, un jeune garçon accompagné d'un Bigfoot amical ?
Un peu sorti de nulle part, Jacob Jones est arrivé sans trop de bruit d'abord sur iOS puis sur PlayStation Vita. Ici, nous parlerons du jeu dans son édition mobile, qui a récemment été traduite en français et qui ne diffère finalement pas beaucoup de sa consœur portable. Les deux versions proposent en effet les mêmes énigmes et la même histoire découpée en six épisodes. Pour l'heure, seul le premier segment est disponible et nous ne savons malheureusement pas quand la suite arrivera.
Bienvenue au camp Eagle Feather
A L'instar de bien des jeux épisodiques, Jacob Jones and the Bigfoot Mystery commence assez doucement par mettre en place l'univers, ses personnages et son scénario. On assiste ici à l'arrivée de Jacob à la colonie de vacances où il passera l'été malgré lui. Après avoir présenté le staff bien sévère, puis les camarades de chambrée, le jeu ne tarde pas à introduire un personnage plutôt important de l'aventure, Biggie, un bigfoot qui vit caché dans la forêt. Jacob et Biggie se lient rapidement d'amitié et décident de découvrir quels mystères cache un vieux disque vinyle. Et puisque Jacob n'a jamais vu un 33 tours de sa vie, ce n'est pas gagné... Nous sommes d'accord, le scénario n'est pas (encore) le plus palpitant du monde, et le cliffhanger sur lequel se termine l'épisode n'est pas non plus le plus insoutenable qui soit, mais il faut bien garder à l'esprit qu'il ne s'agit que d'un début d'histoire amené à être développé au cours de cinq autres épisodes.
Drôle de colonie
Bien plus que le scénario, c'est surtout l'ambiance particulière du titre que l'on retient et qui, finalement, nous captive devant l'écran. Le design tout en rondeur des personnages et le fait qu'ils évoluent au milieu de décors faits de carton pâte, donnent une réelle personnalité au titre qui dégage ainsi un énorme capital sympathie. L'écriture est également à louer. Le casting est impeccable et on se plaît à suivre les nombreux dialogues remplis de références ou de remarques sarcastiques. Lorsque le père de Jacob laisse son fils à la colonie, il lui recommande par exemple de se méfier des garçons qui s'appellent Jason et portent un masque de hockey. Les fans de Vendredi 13 apprécieront... Les discussions entre les gamins, et surtout leurs histoires de fantômes dans la chambre, sont également très drôles à écouter, notamment, celle du mouton-garou qui s'en prend aux bergers la nuit tombée. Inutile de préciser que l'humour est omniprésent durant les trois bonnes heures que dure l'épisode. Le seul petit regret concerne la perte de quelques jeux de mots dans les sous-titres par rapport aux doublages anglais. Rien de bien grave heureusement.
Professeur Jones ?
Si le déroulement du scénario occupe ainsi une bonne partie de votre temps, Jacob Jones n'oublie pas de vous faire jouer. Le gameplay s'inspire grandement de celui du Professeur Layton. Comme lui, on ne s'occupe pas de diriger directement le personnage mais de taper l'écran pour lui indiquer un chemin à prendre ou une personne avec qui parler. Les énigmes interviennent régulièrement dans l'histoire, et rarement de façon aussi abrupte que dans les jeux Layton. Chez Jacob Jones, les puzzles sont généralement liés à la trame principale, ou du moins à l'action du moment. Ils s'insèrent donc très facilement dans la progression. Le revers de la médaille, c'est qu'ils ne sont pas très nombreux, ni très originaux d'ailleurs. Seulement 24 énigmes, c'est assez peu, mais à moins d'un euro l'épisode, on pardonne volontiers. Le niveau est également plutôt bien ajusté et entraîne quelques bonnes petites phases de réflexion. Si les joueurs coutumiers du genre ne buteront jamais bien longtemps devant les puzzles, les autres pourront toujours compter sur un système d'indices à utiliser en appelant l'oncle ou le grand frère de Jacob. L'appel à un ami consomme des unités téléphoniques que l'on peut obtenir en échange de canettes ramassées dans le décor. Le système rappelle là encore le Professeur Layton et ses pièces S.O.S. En fait, s'il fallait résumer Jacob Jones and the Bigfoot Mystery, ce serait en le décrivant comme un épisode du Professeur Layton – pour son gameplay, développé par le studio Double Fine – pour son ambiance et son design qui rappellent Psychonauts. On peut difficilement donner meilleur compliment au studio Lucid, véritable auteur du jeu, qui présente un jeu d'énigmes réussi et attachant.
Points forts
- Un jeu plein de charme
- Le design rondouillard soutenu par une réalisation très agréable
- Les énigmes demandent un peu de réflexion
- Les nombreuses références (ciné ou autres)
- La possibilité d'incliner l'iPhone pour fouiller les décors
Points faibles
- Le scénario a du mal à décoller
- Quelques blagues passent moins bien en français
En dépit de son histoire en demi-teinte, Jacob Jones and the Bigfoot Mystery réussit son entrée en matière grâce à un humour qui fait mouche et à une réalisation très attrayante. Sans renier ses inspirations laytonesques, le jeu propose également de bonnes énigmes, certes classiques, qui s'inscrivent à merveille dans un univers fort attachant. On a déjà hâte de connaître la suite des aventures du petit garçon et de son nouvel ami de la forêt.