Quand une infime partie des équipes d'Ubisoft Montréal décide de laisser momentanément de côté les AAA pour mettre leur talent au service d'un projet plus intime, cela donne Child of Light. Fortement inspiré par les RPG japonais, le jeu se veut avant tout être un poème jouable selon ses créateurs. Une déclaration audacieuse que l'on aurait même pu qualifier de prétentieuse si, et seulement si, nous n'avions eu l'occasion de contempler et d'essayer ce titre ô combien prometteur.
Après de nombreuses années passées à travailler sur des séries d'envergure comme Assassin's Creed ou Far Cry, l'envie de plancher sur des projets plus personnels apparaît légitime. A la tête d'une équipe réduite à qui un budget modeste (reste à voir dans quelles proportions) a été accordé par Ubisoft, Patrick Plourde, directeur créatif à Montréal, se voit aujourd'hui offrir la possibilité de laisser parler ses envies et son talent. Une vraie opportunité pour ce dernier qui constitue également une occasion en or pour l'imposante société française, parfaitement consciente que les productions plus originales vendues à moindre coût ont en ce moment la cote. Prévu pour 2014 en téléchargement sur un maximum de plates-formes - PS3, PS4, Xbox 360, Xbox One, Wii U et PC -, Child of Light incarne ainsi la nouvelle caution artistique du catalogue d'Ubi.
Tableau vivant
Rares sont les jeux qui touchent votre esprit et s'impriment dans votre mémoire à l'instant même où vous posez votre regard sur eux. Child of Light fait incontestablement partie de ceux-là. Inutile de prendre la manette en mains pour remarquer la fabuleuse direction artistique du titre. L'énorme travail fourni à ce niveau saute immédiatement aux yeux. Les différents tableaux au sein desquels le joueur évolue sont autant de somptueuses peintures dont on admire la richesse et la beauté. Pour obtenir ce résultat enchanteur, les équipes d'Ubisoft se sont inspirées d'artistes comme John Bauer ou Edmond Dulac. On a connu références moins prestigieuses. Tout cela a bien sûr été rendu possible par le désormais célèbre UbiArt Framework, le moteur ayant été créé pour les derniers Rayman. Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre la série de Michel Ancel et Child of Light. L'action de ce dernier se déroule en effet sur un plan en « 2D ».
Hommage aux J-RPG
La comparaison s'arrête toutefois ici car la production de Patrick Plourde est un hommage aux classiques du RPG japonais. Ceux qui nous ont fait rêver, en particulier au cours des années 90. Le jeu, qui se découpe en une succession de tableaux - voire de fresques – propose ainsi un mélange entre combats au tour par tour et exploration. Parcourir les environnements de manière horizontale ou verticale pour découvrir des trésors cachés fait partie des possibilités offertes au joueur. Ce dernier est par ailleurs libre d'avancer ou de revenir sur ses pas. Il peut aussi pénétrer dans chaque maison pour dérober le moindre item ou parler avec les différents personnages. Dans les lieux plus hostiles, toucher les ennemis – toujours visibles à l'écran – revient à déclencher des affrontements. La spécificité de ces derniers tient à une sorte de jauge ATB sur laquelle figure le visage de chaque protagoniste du combat. Celle-ci se découpe en deux parties. La première symbolise l'attente nécessaire avant la prochaine action alors que la seconde représente le temps qu'il faut pour lancer un sort ou une attaque. La petite particularité du système concerne le fait qu'il est possible d'interrompre une offensive adverse si on dégaine en premier et que l'opposant est encore dans la zone de « cast ». Pour le reste, le joueur peut se défendre, utiliser des objets ou attaquer. Classique. Pour compléter le tableau, chaque personnage - l'équipe grandit au fur et à mesure de l'aventure - gagne de l'expérience et possède un arbre de compétences. Autre option de personnalisation, il est possible de booster son équipement en attribuant trois bonus – que l'on peut crafter – à chacune des pièces composant ce dernier.
Luciole, amour et rock'n roll
Puisque Child of Light appartient au genre du jeu de rôle, l'histoire tient évidemment une place importante dans l'aventure. Du moins le suppose-t-on. Car pour le moment, peu d'éléments du scénario ont été portés à notre connaissance. Se limitant à quelques vignettes et dialogues écrits, la narration passait d'ailleurs au second plan dans la démo qui nous était proposée. On sait juste que le royaume de Lemuria n'est pas au mieux à cause de la Reine Noire. Cette dernière a eu la joyeuse idée de chaparder la Lune, le Soleil et les Etoiles. Pratique... Pas de panique, l'âme de la jeune princesse Aurora vient toutefois de rejoindre Lemuria. Et cette dernière va justement partir à la recherche des trois sources de lumière volées. Dans sa quête, cette dernière pourra compter sur l'aide précieuse d'Ingniculus, une jolie petite luciole bleue. Concrètement, dans Child of Light, les deux acolytes sont jouables. La coopération est d'ailleurs nécessaire pour progresser dans l'aventure. Si vous êtes seul, le jeu permet de contrôler Aurora et Igniculus en passant de l'un à l'autre à la volée. Certains puzzles nécessitent d'ailleurs l'utilisation des capacités de chacun. On a par exemple pu constater que la luciole a la faculté d'émettre une forte source de lumière. Un pouvoir qui sert à révéler certains secrets mais aussi à aveugler les ennemis lors des combats. Ce qui a pour effet de ralentir leur progression sur la jauge ATB et d'élargir ainsi les possibilités tactiques. La princesse à la longue chevelure rousse et son ami possèdent également tous deux le pouvoir de voler. D'où le côté exploration extrêmement prégnant.
Dès sa première présentation, Child of Light rentre directement dans la catégorie des titres à surveiller de très près. D'une beauté qui nous subjugue, le jeu d'Ubisoft est parvenu à nous envoûter en quelques secondes. On admire d'ores et déjà sa direction artistique singulière, son univers charmeur ainsi que sa bande-son magique. Restent évidemment quelques interrogations concernant le gameplay et la narration mais en l'état, ce conte de fées merveilleux nous a vraiment séduits.