Alors qu'il était initialement présenté comme une exclusivité PS3, le sympathique mais étrange Papo & Yo s'est finalement invité sur PC et Steam. Dans la lignée de Braid ou autres Journey, celui-ci entend jouer sur les émotions en abordant un sujet trop souvent tabou : la relation entre un enfant et son père alcoolique. Cela sera-t-il suffisant pour faire de ce petit jeu de plates-formes / réflexion un incontournable ?
Quasiment une œuvre autobiographique, Papo & Yo s'inspire de la jeunesse tourmentée de son directeur créatif : Vander Caballero. Celui-ci est représenté in-game sous les traits de Quico, un petit garçon terrorisé par les accès de violence de son père, un peu trop porté sur la boisson. Dans ces moments sordides, celui-ci se réfugie alors dans un conduit d'aération et s'évade dans un monde imaginaire. Tout n'y est alors que métaphores, à commencer par un monstre tantôt taquin, tantôt cruel et agressif. De même, les favelas brésiliens y sont dépeints comme un univers interactif et malléable dans lequel les maisons peuvent marcher ou voler et les murs bouger. Le but est alors de profiter de ces anomalies afin de progresser de ruelle en ruelle et ainsi atteindre un mystérieux chaman capable de soigner le monstre et ainsi résoudre (plus ou moins) les problèmes de Quico. Sachez simplement que cette introspection dans l'esprit d'un enfant perturbé n'entend pas apporter des solutions, mais a principalement pour but de soulever des questions.
Des mécanismes de gameplay simples mais efficaces
Au début de l'aventure, l'objectif est souvent de trouver un interrupteur ou de tirer sur une corde afin de faire apparaître un escalier ou une plate-forme. Les énigmes évoluent cependant rapidement et on peut par exemple être amené à déplacer des maisons en soulevant simplement quelques cartons. Trouver la personnification du jouet de Quico (nommé Lula) permet ensuite de planer quelques instants ou d'activer des mécanismes à distance, mais c'est seulement à partir de la rencontre avec Monstre que le jeu prend son envol. Cela offre en effet une multitude de possibilités, à commencer par le fait de pouvoir sauter plus haut grâce au ventre rebondi de la bête. Sachez par ailleurs que cette dernière est particulièrement friande de noix de coco, ce qui peut être utile pour la contrôler ou la diriger (par exemple sur un interrupteur). Mais attention, Monstre préfère par dessus tout les grenouilles (comprenez ici, l'alcool), en sachant qu'après consommation, celui-ci s'enflamme et attaque violemment le pauvre Quico. Cette fureur ne peut être calmée qu'avec un fruit pourri et apporte la seule touche apparente de violence du soft. Les possibilités sont donc au final plutôt nombreuses et la répétitivité est limitée. Cela est d'autant plus vrai que l'aventure proposée n'est pas spécialement longue et peut être bouclée en seulement 3 à 4 heures, notamment par manque de difficulté. Inutile de préciser que cela paraît un peu faible pour un titre proposé quasiment 13 euros.
Une expérience vidéoludique plus qu'un jeu
Cela fait-il pour autant de Papo & Yo un bon jeu vidéo ? Pas forcément... En effet, la réalisation, bien qu'évidemment plus soignée sur PC sur sur PS3, accuse un retard conséquent et n'est pas un modèle d'optimisation. Il arrive en outre qu'on se retrouve bloqué contre un mur invisible, ce qui peut pousser à regagner le menu. Du côté du gameplay, le constat n'est guère plus reluisant, tant les animations de Quico sont lourdes et imprécises. Cela complique grandement les phases de plates-formes et peut donc ternir quelque peu l'expérience. Néanmoins, il nous en faut plus pour vous déconseiller un achat. En effet, Papo & Yo est avant tout une ambiance et une expérience magnifique, mise en valeur par une bande-son tout simplement somptueuse. Les airs typés sud-américains proposés sont ainsi tantôt oppressants, tantôt enjoués, mais dans tous les cas, la qualité est là ! Cette bande-son porte un scénario lourd et profond, ponctué par une fin appréciable. Bref, si l'expérience est pour vous plus importante que le gameplay ou la technique, nous ne pouvons que vous conseiller de vous ruer sur ce Papo & Yo, qui, sans être de la trempe d'un Journey, devrait vous proposer quelques heures fort agréables.
Points forts
- Un thème intéressant et trop souvent tabou
- L'ambiance sonore très réussie
- Une histoire subtile et émouvante portée uniquement par des métaphores
- Des énigmes variées et intelligentes...
Points faibles
- ... Mais malheureusement trop faciles
- Techniquement limité
- Pas mal de bugs de collision
- Un poil court pour le prix
Certains l'adoreront, d'autres le détesteront, mais une chose est sûre, Papo & Yo ne laissera personne indifférent. D'aucuns apprécieront l'ambiance exceptionnelle proposée et le thème traité quand d'autres pesteront contre des bugs plus ou moins gênants, un gameplay parfois défaillant et un prix excessif. Cela ne sera toutefois pas suffisant pour que nous vous déconseillions ce voyage à la fois envoûtant et troublant dans l'imaginaire d'un enfant maltraité.