Il y a des jours où tout semble se liguer contre soi, où le quotidien se transforme en une vaste prison, où on a envie de crier « c'est vraiment trop injuste ! »... Bref, il est venu le temps de taper du poing sur la table avant de toucher le fond, et, dans ces cas-là, il peut s'avérer bien utile d'avoir des super-pouvoirs. Quand des super-héros remettent en cause l'ordre établi et se révoltent contre leurs pairs, il en résulte forcément des combats épiques capables de faire trembler le monde. C'est justement dans ces affrontements titanesques que nous entraîne Injustice.
Vous n'êtes pas sans savoir que Midway, le développeur historique de la série des Mortal Kombat, a fermé ses portes en 2009. Mais, tel un phénix renaissant de ses cendres, Ed Boon est revenu sur le devant de la scène aux manettes de NetherRealm Studios et s'est chargé de donner une nouvelle jeunesse à la licence avec l'excellent épisode sorti en 2011. Le développeur n'a pas fini de bousculer le petit monde du jeu de baston puisqu'il accouche désormais d'Injustice, un titre mettant en scène des personnages directement issus des comics DC. On se souvient que Batman et Superman avaient déjà fait une apparition dans un jeu de combat avec Mortal Kombat vs DC Universe mais les résultats de cette tentative étaient plutôt mitigés. Rassurez-vous, Injustice est clairement d'une autre trempe.
DC, ton univers impitoyable
Même si vous n'êtes pas franchement familier des comics, vous connaissez forcément certaines productions de la maison DC. Un type qui vole habillé avec un collant bleu et une cape rouge, ça ne vous dit rien ? Un milliardaire plutôt musclé qui passe son temps libre dans une cave remplie de chauves-souris ? Vous l'aurez compris, les deux stars de DC tiennent forcément une place de choix dans ce jeu de combat, mais on y trouve aussi des sidekicks un peu moins célèbres. En effet, le roster compte tout de même 24 combattants, la moitié étant des super-héros, l'autre moitié des super-vilains. Si les têtes d'affiche sont Superman, Batman, le Joker, Doomsday, Flash ou Wonder Woman, d'autres tels que Raven, Cyborg ou Killer Frost se sont aussi invités à la fête. On sait déjà que quelques DLC viendront compléter le casting mais la démarche ne paraît pas particulièrement honteuse à partir du moment où le contenu de base est assez exhaustif pour amuser la galerie un bon moment et qu'il n'y a pas un sentiment de redite entre les différents combattants.
Tout ce beau monde est à l'honneur dans un mode Histoire qu'il ne faut pas prendre à la légère. Je vous vois venir, le scénario d'un jeu de baston ne peut pas valoir tripette à vos yeux ? Détrompez-vous, les derniers Mortal Kombat bénéficiaient déjà d'une narration soignée et on retrouve ici la même recette. Au programme, vous aurez droit à douze chapitres vous permettant d'incarner tour à tour différents protagonistes. L'histoire en elle-même n'est pas d'une originalité folle puisqu'il s'agit pour nos héros de choc de visiter une dimension alternative. C'est bien entendu l'occasion de retrouver des versions assez différentes des personnages que l'on connaît déjà, mais aussi plus globalement de poser la question de la légitimité des super-héros qui règnent d'une main de fer sur le monde parallèle en question. Une accumulation de clichés ? Peut-être, mais l'ensemble nous est servi avec un véritable sens de la mise en scène et parvient finalement à nous tenir en haleine. Les fans de DC seront heureux de retrouver une foule de clins d'œil faisant référence aux comics d'origine, mais les néophytes devraient aussi se laisser prendre au jeu en découvrant une histoire qui tient finalement assez bien la route.
Un gameplay accessible et efficace
Une chose est certaine, si jamais vous avez déjà touché au dernier épisode en date de Mortal Kombat, vous ne serez pas dépaysé en découvrant Injustice. On retrouve par exemple le même mélange d'une représentation en 3D et d'un gameplay essentiellement en 2D, quasiment la même jauge de super, des combos et des coups spéciaux qui ont un air de famille... La plus grosse différence tient finalement à la conception des arènes : les environnements gagnent ici en profondeur et surtout en interactivité. Vous avez ainsi désormais la possibilité d'envoyer votre adversaire rebondir dans l'arrière-plan pour ensuite enchaîner les coups à la façon d'un juggle combo. Vous pouvez aussi balancer le pauvre bougre en dehors de l'arène, s'ensuivra alors une petite cinématique particulièrement sadique qui vous entraînera jusqu'à une partie du décor. Ce n'est pas tout, les niveaux fourmillent de pièges ou d'objets que vous pouvez balancer à la figure de vos ennemis. Appuyer sur un bouton déclenchera des missiles, secouer une plante lui fera cracher du poison, une moto vous permet d'écraser votre adversaire... Cerise sur le gâteau, ces interactions seront différentes si vous incarnez un personnage balaise ou non : l'un va se contenter de lancer les objets tandis que l'autre s'en servira de manière un peu plus raffinée.
Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez pas de vous emmêler les pinceaux en essayant ces différentes possibilités : c'est toujours la même touche de tranche qui vous permet d'interagir avec le décor et l'indication clignote à l'écran lorsqu'une telle action est possible. Le souci de simplicité se retrouve à tous les niveaux, les coups spéciaux sortent facilement et il suffit d'appuyer sur la gâchette droite pour les booster en sacrifiant une partie de la jauge de super. Chaque personnage dispose d'un super-coup vraiment impressionnant qu'on déclenche en appuyant simultanément sur les deux gâchettes, exactement comme les attaques X-Ray du dernier Mortal Kombat. Une feature un peu étrange fait aussi son arrivée : une fois par combat, vous pouvez essayer de regagner un peu de vie en engageant un duel brutal. Le vainqueur de cette joute sera tout bêtement celui dont la jauge de super est la plus garnie. Histoire que chaque combattant se démarque réellement de ses petits collègues, ils disposent aussi chacun d'un atout bien particulier : Batman invoque une nuée de chauves-souris mécaniques, Green Arrow envoie ses flèches, Bane s'injecte du Venom pour booster momentanément ses dégâts... L'ensemble se montre particulièrement fidèle à l'univers original et nous promet une réelle diversité des combats, par contre ça se traduit aussi par un mauvais équilibrage qui fera certainement rager les amateurs de compétition.
A déguster en solitaire
Vous l'avez peut-être déjà compris, Injustice n'est clairement pas taillé pour le multijoueur compétitif. Des modes en ligne plutôt classiques sont bel et bien proposés mais le manque d'équilibre entre les combattants risque de vous gâcher le plaisir. Dans ces conditions, mieux vaut profiter du spectacle avec des amis qui ne prennent pas les choses trop au sérieux. L'ensemble devient par contre plus alléchant du point de vue d'un joueur axé sur le solo. Il profitera alors pleinement du mode Histoire (à condition de fermer les yeux sur certaines séquences ratées abusant des QTE), il découvrira avec plaisir que le mode Arcade dispose d'une palanquée de déclinaisons et il pourra même se faire la main sur un mode S.T.A.R. Labs qui regroupe la bagatelle de 240 défis. Bref, vous aurez de quoi vous occuper lors de vos longues soirées en solitaire.
Points forts
- Un gameplay accessible
- Des attaques spéciales qui font dans la démesure
- 24 combattants vraiment différents
- Les arènes truffées d'éléments interactifs
- Un mode Histoire long et prenant
Points faibles
- Des combats pas forcément très équilibrés
- Des animations un peu rigides
- Le gamepad ne servant qu'à afficher la liste de coups
Les équipes de NetherRealm nous pondent une nouvelle fois un jeu de combat aussi accessible que spectaculaire. Les plus pointilleux reprocheront à Injustice de ne pas être très technique et de proposer un équilibrage plutôt douteux. Ces petits détails passent rapidement à la trappe quand on évoque les différents modes solo particulièrement fournis et surtout un système de combat intuitif qui rend parfaitement honneur à l'univers DC.