Il y a de cela quelques années, un petit jeu anonyme du nom de Narbacular Drop fut créé par des étudiants de l'école américaine Digipen. Quelques mois plus tard, le destin de ces anciens élèves prit un tour inattendu quand la célèbre compagnie Valve décida de tous les recruter pour travailler sur un nouveau projet. Son petit nom ? Portal. Des années plus tard, une histoire similaire attendait de nouveaux étudiants de la même école. Ces élèves développèrent pendant leurs études un certain Tag : The Power of Paint, dont les mécanismes de gameplay furent grandement réutilisés dans la seconde moitié du sublime Portal 2, ce qui conduira Valve à réitérer sa méthode de recrutement.
A mi-chemin entre un FPS, un puzzle-game et un jeu de plates-formes, Tag : The Power of Paint propose d'utiliser pour seul accessoire un pistolet. Mais attention, point d'ennemis à occire ou d'explosions à outrance dans ce jeu très calme. En effet, figurez-vous que votre pistolet ne tirera aucune balle. Dans ce jeu, de la peinture aux effets inattendus remplace la balistique. Les possibilités de cette arme atypique feront travailler vos neurones qui seront mis à dure épreuve pour réussir à traverser des tableaux intelligents, complets et très bien pensés.
« Elle est à vous cette bonbonne de peinture ? »
Ce pistolet à peinture sera donc votre meilleur et seul ami pendant la petite demi-heure qui vous sera nécessaire pour venir à bout du titre. Cette arme originale propose trois couleurs différentes : le vert, le rouge et le bleu. La couleur verte permet de sauter vers des endroits inaccessibles. La couleur rouge permet, quant à elle, de réaliser de puissantes accélérations qui, si bien exécutées, donnent l'opportunité d'éviter de nombreux pièges. Enfin, la couleur bleue permet de s'accrocher sur presque toutes les surfaces : murs, plafonds, cylindres, tout y passe et rend le joueur encore plus mobile qu'une araignée. Concrètement, un clic gauche tire des taches de peinture sur les murs ou les plafonds, avec la couleur préalablement sélectionnée. Un clic droit tire quant à lui de l'eau et efface les taches maladroitement placées. Enfin, détail important, le pistolet n'a, en début de niveau, qu'une seule, voire aucune couleur disponible. Il faudra alors débloquer les précieuses bonbonnes de peinture, ce qui rendra accessibles des chemins jusqu'alors bloqués dans des niveaux tortueux mais toujours très bien pensés.
Le level design justement, parlons-en. Très épuré à la manière d'un Mirror's Edge, les éléments des tableaux sont quasiment tous immédiatement visibles et rapidement compréhensibles. En effet, dans un monde tout en nuances de gris, les seules traces de peintures sont inévitablement créées par le joueur. Ainsi, il est très facile de comprendre le cheminement des niveaux puisqu'il est logiquement impossible de se perdre, grâce à nos traces de peinture, dans des tableaux comportant au final assez peu d'énigmes qui peuvent s'avérer être assez corsées. Les premières épreuves demandent seulement, en guise de tutoriel, de sauter sur un simple bloc ou de rebondir sur un objet pour finir un niveau. Néanmoins, le jeu se complique très rapidement et propose des énigmes demandant d'utiliser plusieurs couleurs à la fois. Ainsi, marcher sur du vert et atterrir sur du bleu conduit à s'accrocher sur des murs ou des plafonds ; utiliser du rouge combiné à du vert permet de réaliser des « super-sauts ». Enfin, le rouge combiné à du bleu donne l'opportunité de courir très rapidement en s'accrochant sur une surface en fin de course.
Quand un projet étudiant devient un des éléments phares d'un blockbuster
Accompagné d'une musique expérimentale de grande qualité, l'univers parcouru est, malgré son austérité et ses accents ternes, très agréable à parcourir. Néanmoins, les 9 niveaux et la très faible durée de vie (environ une demi-heure) laisseront indubitablement sur leur faim tous ceux qui se feront happer par un gameplay très original et novateur. Pour ces joueurs exigeants, on ne saurait que trop leur recommander Portal 2 qui utilise, dans sa seconde moitié, une grande partie des éléments développés dans ce Tag : The Power of Paint. La raison est simple. A la manière de Narbacular Drop en 2005, Valve recruta immédiatement à la fin de leurs études les 7 étudiants à l'origine du projet. Ces élèves talentueux auront donc contribué, tout comme leurs illustres aînés, et grâce à un talent indéniable, à la création d'un chef-d'œuvre du puzzle-game. Puisqu'on vous le dit que les études c'est important !
Points forts
- Un gameplay novateur
- Un level design original...
- ... et un design général qui l'est tout autant
- Une musique de qualité
- Gratuit
Points faibles
- Seulement 9 niveaux
- Des graphismes un poil trop épurés
- Daté techniquement
Tag : The Power of Paint est un ovni vidéoludique qui mélange des éléments de gameplay venant de genres aussi divers que le FPS, le puzzle-game ou le jeu de plates-formes. Le résultat final est plutôt réussi et propose de parcourir des niveaux intelligemment agencés, en utilisant une jouabilité simple mais efficace. L'expérience s'avère certes très courte mais franchement sympathique, d'autant plus si vous avez eu la chance de jouer à son successeur, un certain Portal 2.