Terres d'accueil de nouvelles expériences ludiques, les plates-formes iOS hébergent Badland, une nouvelle petite pépite du jeu indépendant qui mêle avec brio deux ingrédients a priori pas faits pour s'entendre. On trouve en effet dans Badland le gameplay tactile à une touche typique d'un jeu casual, et la progression millimétrée et hardcore d'un die & retry. Drôle de mariage, n'est-ce pas ?
Le pouvoir d'immersion de Badland est immense, et immédiat. Dès la première seconde du jeu, nous voilà à appuyer sur l'écran tactile de notre mobile pour alors voir une petite bestiole battre des ailes et commencer un terrible voyage. Appuyer pour voler, voilà la seule et unique tâche qui vous sera confiée durant les quarante niveaux actuellement présents dans Badland. En alternant de longues pressions ou de petites tapes régulières, il est possible de maîtriser tant bien que mal notre créature, toujours un peu gauche dans son envol. Suivant le niveau, l'écran défile tout seul à plus ou moins grande vitesse, ou n'avance pas du tout, s'adaptant alors simplement à l'allure de notre boule de poils ailée. L'objectif est systématiquement double : éviter les pièges de plus en plus nombreux et faire attention de ne pas se faire distancer par l'écran, ce qui n'est pas toujours simple car, encore une fois, la créature n'est pas vraiment des plus gracieuses. Qu'à cela ne tienne, l'imprécision des mouvements fait partie intégrante du gameplay de Badland.
Renouvellement constant
A chaque mort, que ce soit déchiquetée par une scie circulaire, ensevelie sous un éboulement, ou simplement prise de court par la vitesse de l'écran, la créature réapparaît quelques mètres plus tôt, au dernier point de passage franchi. D'où l'aspect très die and retry évoqué plus haut. Et croyez-moi, vous allez mourir un bon paquet de fois avant de voir la fin d'un niveau. Les développeurs du studio Frogmind ont pris un malin plaisir à multiplier les pièges et les situations pour que les dangers se renouvellent sens cesse durant le jeu. La variété doit aussi beaucoup aux différents bonus à ramasser durant le vol. Certains rétrécissent la créature, d'autres la font grandir. Certains la font tournoyer dans un sens, d'autre dans le sens opposé. Il y a aussi les ralentisseurs de temps, les accélérateurs de vitesse, les bonus qui transforment les créatures en balles rebondissantes, puis en boules collantes, voire en cubes invincibles. Enfin, il y a les bonus de clonage. Ces derniers donnent un goût particulier au gameplay puisqu'on se retrouve alors à gérer le vol de deux, trois, cinq, dix, voire même vingt créatures en même temps et il suffit que l'une d'entre elles touche un bonus pour que toutes soient affectées. Il s'agit là d'une règle importante du gameplay puisque le jeu propose parfois quelques petites phases de réflexion durant les niveaux. Au lieu de mener tout le monde dans la zone du haut, pourquoi ne pas tenter de diviser l'essaim. Oh tiens, le groupe du bas touche un bonus réducteur permettant à ceux du haut de passer par un petit conduit jusqu'alors trop étroit. Dans Badland, il suffit qu'un représentant du groupe soit toujours en vie pour que le jeu continue. Les sacrifices pour le bien du groupe sont donc monnaie courante, et même encouragés lors des phases de réflexion.
Un voyage sublime au pays de la mort
Le balai aérien, parfois bien macabre de ces bestioles est sublimé par un enrobage mystérieux qui ne souhaite pas encore dévoiler ses secrets. Le parcours, de plus en plus sombre et glauque au fil des niveaux, est donc laissé à l'interprétation ouverte. Libre à chacun de trouver le sens qu'il souhaite donner à cette folle échappée. Tout ce que l'on sait, c'est que le voyage commence sous couvert d'un ton plutôt féerique. Les couleurs sont vives, quelques créatures semblent nous observer de loin dans la forêt. Puis la nature laisse progressivement place à des environnements plus mécaniques et menaçants avec en fond quelques cadavres d'animaux. Glauque à souhait, Badland a un pouvoir hypnotique indéniable que l'on doit tant à ses graphismes qu'à sa bande-son également très énigmatique.
Du multijoueur très local
Pour parfaire le tableau, Badland a enfin la bonne idée d'offrir un mode multijoueur sur le même appareil. Chaque participant s'occupe de diriger les créatures de sa couleur en tapotant sur le coin de l'écran qui lui est attribué. Le but est alors d'aller plus loin que les autres, en évitant les pièges et en se servant judicieusement des bonus disposés sur le parcours. Bien sûr, le confort de jeu sera plus appréciable sur iPad que sur iPhone mais le simple fait de trouver du multijoueur même sur téléphone est suffisamment rare pour être signalé.
Points forts
- L'ambiance étrange et mystérieuse
- Le gameplay immédiatement accessible
- Les situations sans cesse renouvelées
- Un peu de réflexion pour franchir certains pièges
- Le multijoueur sur le même écran
Points faibles
- Un manque de précision parfois pénalisant
Sublime et très énigmatique, Badland réussit le tour de force de mixer deux genres que l'on pensait antinomiques. Le gameplay immédiat à un bouton emprunté au genre casual cache en effet des mécaniques de jeu bien plus travaillées et hardcore renvoyant directement au style die and retry. Le résultat accroche instantanément et nous pousse à tout faire pour sauver sa ou ses créatures des multiples morts qui jonchent le parcours. Le mode multijoueur est aussi une riche idée qui permettra de partager cette ambiance unique avec trois amis sur le même appareil.