Lorsque l'on évoque les jeux LucasArts, on a de suite en tête toute cette tripotée de point'n click plus déjantés les uns que les autres. On en oublierait presque que le studio s'est également illustré dans d'autres genres, par exemple dans des jeux d'action de type hit'n run. Zombies Ate my Neighbors, ce titre vous parle ? Eh bien LucasArts a fait encore plus original et barré avec Big Sky Trooper !
Oui, barré est sans nul doute le mot qui correspond le mieux pour décrire Big Sky Trooper. Alors que le jeu se lance à peine et que l'écran titre n'a pas encore pointé le bout de son nez, voici que le logo LucasArts est intercepté par une patrouille extraterrestre. Après quelques recherches, ces envahisseurs nommés Slugs découvrent l'origine de ce logo et en concluent que les terriens aiment la publicité. Chose que les aliens abhorrent au plus haut point ! Ils décident alors tout bonnement de détruire la planète. Face aux attaques, l'armée terrienne recrute des soldats parmi la population afin de renforcer son unité d'élite : les Big Sky Trooper, équivalent à un général de... 21 étoiles. Le ton est donné, nous voilà partis pour sauver l'univers dans un style graphique type cartoon, sur fond d'invraisemblance et de situations sans queue ni tête !
Un titre un peu trop structuré
Vous avez alors le choix entre un personnage masculin ou féminin, ce qui ne change absolument rien au jeu si ce n'est votre préférence entre un look d'attardé fini à la pelleteuse ou un look de cruche bercée trop près du mur. S'ensuit une épreuve avec quelques tests dont le résultat importe finalement très peu. Hop, vous êtes dorénavant général 21 étoiles et envoyé dans votre vaisseau, prêt à botter du Slug ! A partir de là, le jeu suit une certaine routine qu'il ne quitte quasiment jamais. Première étape, vous avez accès à une carte de la galaxie et devez aller de planète en planète jusqu'à votre objectif de mission actuelle. Seconde étape, à chaque planète traversée, une phase de shoot'em up s'enclenche sur un écran de contrôle. Vous pilotez votre vaisseau et tirez sur les aliens qui se présentent à vous jusqu'à ce que la menace soit écartée. Troisième étape, vous enfilez votre combinaison et atterrissez sur la planète afin d'éliminer maintenant la menace Slug à sa surface. Et enfin dernière étape, vous revenez dans votre vaisseau et placez une station relais autour de la planète afin de vous y téléporter de n'importe où. Bravo, vous devez à présent réitérer le même procédé durant une dizaine d'heures de jeu !
Comme une impression de tourner en rond
Je suis un peu mauvaise langue, mais l'idée est tout de même là. Le système est fort sympathique au début, mais quand on en vient à devoir traverser une dizaine de planètes pour atteindre à chaque fois son objectif, ça devient très vite lassant. Surtout que les phases de shoot'em up sont tout sauf passionnantes, et que dire des combats au sol où les maps sont soit d'un vide sidéral soit des dédales complètement frustrants. Ah oui, il n'a pas été fait mention du fait que les planètes ont la structure de vraies planètes, c'est-à-dire qu'en allant toujours dans la même direction, vous revenez à votre point de départ. Idée sympathique et logique, cependant, au vu de la taille minuscule de chaque surface et des mêmes décors qui se répètent, c'est juste un calvaire pour se repérer et se diriger. Fort heureusement, il existe plusieurs types de planètes afin de varier les plaisirs... masochistes. En outre, votre carte galactique va s'étendre de plus en plus au fil du jeu, tout en conservant ce système de retour à votre point de départ. Au final, on se retrouve avec une quarantaine de planètes liées entre elles de manière totalement désordonnée et sur un écran qui, en plus d'être trop petit, tourne en rond. C'est assez aberrant comme fonctionnement et pour vous y retrouver, vous avez uniquement votre ordre de mission qui pointe sur la planète à rejoindre ainsi que quelques rares destinations qui prennent une autre forme sur la carte. Le mieux reste quand même de faire sa propre carte sur papier, bien utile d'ailleurs pour annoter quelques détails dont on aurait besoin par la suite En fin de compte, il est juste très fâcheux de prendre petit à petit le contrôle de l'univers mais de n'avoir aucune réelle indication précise de notre influence et progression à l'écran.
Tout vient à point qui sait attendre
Le constat général est donc très mitigé. Cependant, le jeu finit par surprendre en prenant plus d'ampleur au fil du temps. L'intérêt se renouvelle, les objectifs de missions deviennent plus intéressants, les planètes visitées plus diverses et variées. Des premières missions où il est question de sauver un agent échoué, vous devez par la suite réparer diverses machines qui maintiennent la cohésion de l'univers. Cela passe par des sortes de donjons bien plus complexes et travaillés que tout le reste, avec d'innombrables portes et clés à débusquer. Et au bout, ni plus ni moins que le roi Slug à battre à chaque fois. En outre, l'univers devient plus vivant et fun avec la présence de PNJ au look atypique, ainsi que d'innombrables items farfelus comme des pancartes de pubs permettant de tuer instantanément tous les ennemis, ou encore la possibilité d'installer des fast-foods sur certaines planètes. Du gros n'importe quoi en somme, mais dont on ne se lasse assurément pas ! Les interactions entre les planètes sont finalement bien plus nombreuses qu'on peut le croire au premier abord, le tout étant évidemment de ne pas se perdre bêtement parmi l'amas de destinations possibles. Et d'être un brin curieux, aussi.
Jamais sans ma combinaison !
Si la répétitivité des actions se fait quand même énormément et toujours ressentir, le joueur conserve néanmoins un intérêt certain sur le long terme grâce à l'évolution du héros et de sa combinaison. Pour votre personnage, une fois les deux pieds sur une planète, vous possédez un quota de cœurs équivalent à autant de jauges de vie. A chaque jauge vidée, vous perdez donc une vie. Au départ, vous possédez 21 cœurs max qui correspondent à vos étoiles de général. Au fur et à mesure de vos exploits, vous gagnez de nouvelles étoiles qui augmenteront ainsi votre maximum de cœurs. Notez qu'il est impossible de se soigner lorsque l'on est sur une planète (sauf bien plus tard dans le jeu), et que le seul moyen de l'être consiste à revenir dans le vaisseau. En pratique, cela arrive extrêmement rarement sauf dans les donjons les plus tordus, et on en profitera d'ailleurs pour pointer du doigt le gameplay complètement raté durant les phases avec votre héros. Le laser qui vous sert d'arme principale possède un effet et une portée ridicules, sans parler des mouvements lourds de votre héros dont on perd quasiment le contrôle dès qu'il prend des dégâts. En soi, ça ne reste pas non plus très problématique car il n'y a pas énormément d'ennemis et les dégâts reçus sont infimes par rapport à nos jauges de vie. Mais lorsque vous êtes bloqué dans un coin par un robot qui possède une hit-box plus large que lui, cela a tendance à passablement énerver. Outre les différents items qui parviennent à diversifier un peu le gameplay, vous êtes aussi amené à faire évoluer votre combinaison par le biais de modules récupérés également après certains objectifs clés. Il y en a quatre, et vous devez les connecter ensemble via un mini-puzzle présent dans l'inventaire pour que leurs effets s'activent. Vous pourrez ainsi nager dans l'eau ou voler grâce à un jetpack, ou encore avoir la possibilité de lancer des missiles nucléaires ! Chaque combinaison de modules permet un effet unique, à vous de tous les découvrir. Ces modules consomment en outre une réserve d'énergie et qui est calquée sur le même principe que vos cœurs, à la différence près que ce sont des batteries à la place.
Et Robert, il te resterait pas quelques missiles pour mon vaisseau ?
En marge de votre héros, votre vaisseau est également amené à évoluer. Pour cela, vous devez anéantir des trolls présents sur des étoiles noires facilement repérables sur la carte galactique. Ce sont les duels les plus durs du jeu, occasionnant de lourds dégâts et qui sont très stressants. De nouveau, la mobilité du héros n'aide pas non plus. Une fois la victoire acquise, vous gagnez une nouvelle pièce permettant d'augmenter diverses caractéristiques du vaisseau : sa vitesse, sa puissance de feu ou encore son armure. Autant dire qu'il ne faut pas négliger son vaisseau, car la flotte ennemie évolue également de son côté. Toutes ces évolutions, du héros en passant par votre vaisseau, sont réellement un plus car elles permettent de rafraîchir un gameplay général bien trop morose et manquant d'ergonomie. L'inventaire par exemple est tout sauf pratique, vous devez systématiquement passer par lui pour utiliser un objet lui-même perdu parmi tant d'autres. De même, il faut passer par l'ordinateur central de votre vaisseau pour avoir une explication sur un quelconque item. C'est bordélique, ce n'est pas intuitif et ça qualifie à merveille le gameplay général du jeu. Malgré toutes ces idées intéressantes qui jalonnent le jeu, on reste vraiment frustré par ce héros à peine maniable et les phases de vaisseau qui en plus d'être trop présentes sont fatigantes. Au-delà de ces désagréments et d'une fin un poil bâclée, le soft reste une perle d'humour décalé et de situations souvent délurées. Si vous avez de la patience, que vous êtes curieux et fan des ambiances à la LucasArts, alors Big Sky Trooper reste une aventure bien sympathique et amusante malgré tous ses défauts.
Points forts
- Un scénario complètement loufoque
- Bien plus riche qu'il n'y paraît au premier abord
Points faibles
- Trop répétitif
- Certaines phases de gameplay très laborieuses voire même aberrantes
Big Sky Trooper, c'est une sacrée dose d'humour combinée à un univers qui ne se prend jamais au sérieux. Après un début assez redondant, le jeu parvient à s'émanciper un peu de sa routine et plonge le joueur dans un univers à la fois riche et décalé. Certes la jouabilité montre ses limites malgré une continuelle volonté de renouvellement, certes le joueur ressent souvent une certaine frustration. Mais à côté de tous ces points noirs, il faut bien avouer que l'univers du jeu reste très attachant et que l'on a vraiment envie d'arriver au bout de l'aventure coûte que coûte. C'est assurément un titre fun, et c'est bien entendu signé LucasArts !