Beau à en pleurer, comme on en a désormais l'habitude

Les deux opus de Trine sont, pour tous ceux qui ont eu le plaisir de s'y adonner, de véritables petites perles d'inventivité et de réflexion. Cela dit, ce qui vient en premier à l'esprit lorsque l'on parle de ces deux monuments du jeu de plates-formes, c'est sans nul doute leur patte artistique proprement fabuleuse ainsi que leur perfection technique. Trine 2 avait déjà obtenu le sacro-saint 20/20 sur ce critère, qui s'imposait de lui-même, pas étonnant par conséquent que cette extension marche sur les pas de son aîné et trouve même le moyen de le surpasser. Goblin Menace est en effet un chef-d'œuvre graphiquement parlant, et si le seul petit reproche que l'on pouvait émettre sur le jeu original était la faible variété de ses environnements ce n'est plus le cas ici.

Ce DLC propose en effet six vastes niveaux totalement inédits et d'une originalité encore une fois sans limite : le dépaysement est garanti ! Qu'il s'agisse des entrailles d'un ver géant, d'une petite virée en Egypte dans un labyrinthe interminable ou encore d'une excursion en Asie, vous voilà prévenu : devant la magnificence de chaque tableau, vous en déduirez bien vite qu'on ne joue pas à un Trine comme à n'importe quel autre jeu de plates-formes. Dans la série, on est plutôt cordialement invité à voyager, à pénétrer dans cet univers artistiquement incroyable qui nous fait hurler au génie à chaque nouveau décor. Et comme si cela ne suffisait pas, le tout est sublimé par des effets de lumière saisissants qui finissent de nous achever. Inutile de s'attarder davantage là-dessus, les captures d'écran peuvent en témoigner : Trine 2 : Goblin Menace est juste splendide. Mais à part ces nouveaux paysages terriblement grisants et poétiques, ce DLC propose-t-il aussi quelques ajouts au niveau du gameplay ?

Des personnages un peu trop puissants ?

Pas de quoi s'inquiéter, s'il reprend les (très) solides bases de son prédécesseur, l'add-on nous gratifie de quelques nouvelles compétences. Il n'est pas spécialement utile d'expliquer à nouveau les bases et la coopération entre les personnages caractéristiques de la série puisque vous devez impérativement posséder Trine 2 pour jouer à Goblin Menace, intéressons-nous donc à ce qu'il y a de réellement inédit. Tout d'abord, il est conseillé d'avoir fini le jeu original avant de se lancer dans cette extension, pensez également à cela si vous invitez des amis en coopération et qu'ils n'ont pas encore terminé l'opus principal puisque le DLC commence juste après le combat final de Trine 2. Au niveau de la difficulté également, il vous faudra une certaine maîtrise des personnages pour progresser. Avoir débloqué la majorité des compétences d'Amadeus (le magicien) et de Pontius (le chevalier) est un gros plus, si vous avez également progressé avec Zoya (la voleuse) vous trouverez aussi le jeu bien plus facile, nous allons y revenir. Le grand intérêt de l'extension pour les puristes, outre le fait d'avoir de nouveaux niveaux à traverser synonymes d'enchantement de tous les instants mais aussi de nouveaux orbes et coffres à trouver, est de proposer des compétences de niveau 4 qui peuvent à juste titre être considérées comme des « ulti » ou « élites », termes fréquemment utilisés pour désigner des compétences surpuissantes dans les jeux en ligne.

Amadeus pourra magnétiser des boîtes et planches et construire de véritables édifices, Pontius sera capable de planer à l'aide de son bouclier et d'éviter ainsi la grande majorité des chutes, ce qui enlève toute la lourdeur propre à ce personnage et donc sa seule faiblesse, quant à Zoya, elle aura la possibilité de créer une zone anti-gravité dans laquelle le temps est réduit et où les projectiles mettent trente ans à vous arriver dessus, quand ils ne sont pas tout simplement déviés (tels l'acide ou la lave). Tout cela est particulièrement jouissif, mais ce n'était pas nécessairement indispensable car Trine 2 n'a jamais été un jeu redoutablement difficile et son extension ne l'est pas davantage. Les personnages deviennent ainsi un peu trop puissants avec ces compétences et il est presque préférable de terminer le jeu sans, afin de conserver un certain challenge. Grande force de ces ajouts en revanche : il est possible d'utiliser ces « élites » dans le jeu original, et de refaire sa grosse dizaine de niveaux avec. Cela donne donc l'occasion de parcourir une nouvelle fois Trine 2 après avoir fini le DLC, afin de le découvrir sous un autre angle, certes plus facile mais pas nécessairement dénué d'intérêt.

Beaucoup de plaisir, mais pas pour très longtemps

Même s'il est plutôt facile, Goblin Menace reste une très bonne pioche. Les nouvelles énigmes sont pour certaines assez difficiles à résoudre en solo, rien d'insurmontable toutefois. Il y a en revanche bien plus d'orbes à trouver pour améliorer nos capacités, et toujours autant de secrets à découvrir. La bande-son se révèle comme d'habitude magistrale, même si elle ne reprend (pour la plupart) que les musiques du jeu original. Les quelques boss sont cependant assez décevants : la complémentarité entre les personnages poussée à son paroxysme et la petite merveille de gameplay que représentent Trine 2 et son DLC avaient de quoi nous proposer des affrontements largement plus épiques. D'autant plus qu'en ligne droite, le soft n'est pas bien long et il ne faudra guère plus de 3 heures pour en avoir fait le tour... En revanche, pour qui veut trouver tous les globes, tous les secrets, et bien s'amuser avec des amis (en local ou en ligne), on peut facilement doubler, voire tripler la mise, ce qui est honnête pour un DLC facturé un peu moins de 8 €. Oh, et nous allions en oublier le scénario dans tout ça, qui fait très « DLC » pour le coup : la femme du mage Amadeus se fait capturer par des Goblins. Voilà, tout est dit en une dizaine de mots, mais même en brodant il eut été difficile d'en dire plus. Tant pis pour le scénario, il n'empêche heureusement pas d'apprécier le titre à sa juste valeur !