Créé par Ivan Zanotti, un développeur italien fort ambitieux, Imscared revisite le survival-horror minimaliste, un genre dont l'efficacité n'est plus à démontrer depuis l'arrivée des concepts phares que sont Slender et SCP.
Il y a toutefois une différence cruciale entre Imscared et ses voisins : lui ne se contente pas seulement de faire monter la tension jusqu'à vous faire sursauter à répétition, non, lui, il vous surprend. En effet, le titre parvient, en incluant une trame et des mécaniques de gameplay innovantes, à vous faire ressentir avec brio l'angoisse et même un brin d'empathie, le tout évidemment saupoudré d'une bonne dose de stress et de surprises. Pour un jeu gratuit bricolé par un seul homme avec Game Maker et Paint, on peut dire que le pari est audacieusement réussi !
Loin du classique sursaut en série
En démarrant Imscared, on s'attend à découvrir un First Person Adventure dans lequel notre personnage évolue calmement jusqu'aux sempiternels screamers en chaîne. Si l'on reste dans le schéma habituel, cet élément effrayant reviendra sans cesse nous harceler et son impact sur l'effet de surprise diminuera logiquement au fil de ses apparitions. En complément, les titres analogues se cantonnent souvent à ajouter des effets sonores tonitruants pour réitérer le sursaut, mais ne vont généralement pas plus loin. Le résultat fonctionne très bien cela dit, et ce ne sont pas les centaines de "réactions face caméra" devant ces jeux qui viendront dire le contraire. Toutefois, ces titres arborent malheureusement la même recette tout au long du jeu, et c'est là que Imscared parvient à faire mouche en sortant des sentiers battus. Sans trop vous spoiler, et en prenant en considération la faible durée de vie du jeu (entre 20 et 40 minutes), on ne peut que vous dire que l'indépendant italien a fait de l'excellent travail sur les mécanismes animant son œuvre. Grâce à une trame simpliste mais efficace, il est parvenu à segmenter son titre en plusieurs étapes, à la fois différentes et complémentaires. Bien évidemment, pour vivre l'expérience à fond, il est recommandé de suivre les conseils donnés au début, à savoir : éteindre les lumières et brancher son casque.
Un concept de game design audacieux
Le premier segment de jeu permet de s'attarder sur le gameplay, plutôt classique et efficace, s'articulant autour des déplacements et de la recherche de clés pour ouvrir des portes. Déjà, quelques détails bien pensés vous mettent dans l'ambiance, notamment une salle avec un visage effrayant flottant dans la pénombre et vous observant depuis sa cage ensanglantée. Ça commencerait même à devenir angoissant s'il venait à disparaître, n'est-ce pas ? Ça tombe bien, il s'évanouit aussitôt dans la pénombre, et ne comptez pas sur votre champ de vision réduit à quelques mètres pour vous aider. Autre salle cosy de cette bâtisse qu'il est astucieux de remarquer : une pièce vide, meublée d'une simple chaise et d'une corde de pendu. Tout est décidément fait pour vous rassurer ! Votre première partie durera d'ailleurs moins de dix minutes et s'achèvera sans doute sur un sursaut, précédant la fermeture automatique du jeu. Ne vous en faites pas, c'est tout à fait normal. Vous remarquerez d'ailleurs en relançant le jeu qu'on vous demande un mot de passe. La réponse à cette énigme se trouve ni plus ni moins dans le dossier du jeu, qui s'est vu agrémenté de nouveaux fichiers, dont un très mystérieux, rédigé par la créature responsable de l'infarctus que vous venez d'expérimenter. En effet, à la manière d'un In Memoriam ou d'autres « jeux en réalité alternée », le soft se joue de vous et « communique » par le biais de fichiers de textes et d'images, générés dans le répertoire du jeu. C'est alors au joueur de poursuivre sur sa lancée avec courage et vaillance, et d'oser affronter à nouveau l'un des personnages les plus horrifiques jamais créés sur Paint. Les séquences suivantes vous offrent une toute autre expérience, tantôt focalisée sur la course-poursuite, tantôt sur l'exploration et la mise en scène. L'ambiance bascule alors du classique catalyseur de sursauts à un étonnant glauque rappelant les rues de Silent Hill. C'est ce panel de références, habilement transplanté dans un jeu gratuit et totalement amateur, qui fait d'Imscared un jeu impressionnant et mémorable.
Points forts
- Une recette innovante et gratuite
- Le côté "réalité alternée"
- Une réalisation minimaliste mais honnête
Points faibles
- Durée de vie faiblarde
- L'aspect technique rebutant pour certains
- On en veut plus !
Avec sa durée de vie d'une demi-heure et son expérience à la fois dérangeante, innovante et bien entendu totalement gratuite, Imscared s'impose comme un titre auquel il est bon de s'essayer. Cela dit, les allergiques aux gros pixels et aux sons cradement mixés trouveront sans doute l'aspect technique global du soft très limite. Néanmoins, sa mise en scène, ses mécaniques de gameplay, et notamment la notion de « jeu en réalité alternée » vous étonneront sûrement assez pour que vous ayez envie d'en voir plus.