Pour la seconde fois en quelques semaines, Eidos Montréal s’est offert un petit plaisir en (re)levant le voile sur les prochaines aventures de Garrett. Héros de légende dans Dark Project, le voleur aux gants de velours effectue son grand retour sur PC mais aussi sur consoles puisque après avoir esquivé la PS3 et la 360, il ne compte pas faire la passe de deux et sera bien présent sur PS4 et Xbox One.
Ceux qui aiment le genre ne l’ont pas oublié. Dark Project, dont le premier épisode est sorti en 1998 a non seulement démocratisé l’infiltration, mais s’est surtout construit une solide réputation grâce à un univers médiéval steampunk fantastique et un gameplay d’une souplesse incroyable. Afin de rendre hommage à Garrett, ce voleur inimitable, et ne pas louper le départ du train vers la next-gen, Square Enix et Eidos Montréal planchent depuis longtemps sur Thief, le nouvel opus de la saga, qui s’est un peu plus dévoilé lors d’une présentation pré-E3. Un retour en grâce censé également rappeler que Dishonored n’a rien inventé…
A pas de loup
Lors de cette démo, les développeurs ont surtout voulu montrer que l’obscurité constitue la première arme de Garrett, et qu’il peut, au prix d’une étude de la situation et d’un soupçon de patience, infiltrer un domaine sans se faire repérer par les gardes. Forcément de nuit c’est plus simple, mais la présence de nombreuses zones de lumières diminue fortement les caches possibles, ce qui en soi, ne pose pas trop de soucis tant elles sont peu nombreuses. Profitant ainsi des murets et d’un système de dash (déplacement rapide), Garrett avance à pas feutrés, prenant soin d’observer la ronde des gardes pour mieux les contourner. Histoire de nous montrer qu’il existe un moyen de se sortir d’un mauvais pas, l’homme qui se charge de la démo va faire en sorte de se faire repérer par la milice, avant de disparaître dans la pénombre. L’alerte est donnée, les gardes affluent et l’étau se resserre inéluctablement autour de la position du voleur. Grâce au dash qui le rend invisible le temps du déplacement, Garrett change de spot et décoche une flèche de diversion près d’un homme s’approchant dangereusement. Il peut assommer la cible ou la laisser tranquille, le choix est ici libre à tous. Néanmoins, pour celui qui éprouve l’envie de nettoyer la zone, si on lui souhaite bon courage face à la quantité de types présents, il ne faudra pas oublier un détail primordial : après chaque attaque furtive, il faut cacher le corps. Car, à l’instar d’un Hitman ou d'un Dishonored, la découverte d’un type mangeant l’herbe donnera systématiquement l’alerte. Alors prenez le temps de le balancer dans un coin, ça vous sauvera certainement la vie, du moins, ça la facilitera. Et si, par bonté de cœur, vous décidiez de laisser la vie sauve à un garde, n’oubliez pas, Garrett est avant tout voleur. Alors profitez que vos victimes aient le dos tourné pour leur faire les poches ! Même pour quelques piécettes ! Mises bout à bout, elles vous serviront pour améliorer votre équipement entre deux missions.
Soucieux de dévoiler encore un peu de gameplay et les différentes manières d’aborder une situation, le développeur va ensuite s’amuser avec les éléments dynamiques que représentent les lumières. En premier lieu, il va s’occuper d’une torche en l’éteignant grâce à une flèche d’eau. Classique et peu spectaculaire, la suite des événements le sera beaucoup moins, du moins dans sa forme. Fracassant une lampe à huile en profitant d’une jauge de concentration pleine (qui permet de ralentir le temps, rendre la visée plus précise et mettre en surbrillance des éléments importants), Garrett va gentiment attendre que deux gardes mettent les pieds dans le liquide pour balancer un projectile enflammé et observer la belle danse de Saint-Guy, sous les yeux médusés de renforts impuissants. On a bien compris, le voleur ne sera visiblement jamais à court de ressources pour avancer. Eidos Montréal a tenu à préciser que Thief s’adressera à tout style de joueurs, qu’ils optent pour une discrétion maximale ou s’autorisent quelques séquences d’action symboliques. Mais mieux vaut choisir la voie du sage et se faire un minimum remarquer car, on a pu le voir, lorsque tous les gardes sont à ses trousses, Garrett éprouvera le plus grand mal à s’en défaire. D’ailleurs, pour aider les joueurs, débutants ou non, à anticiper le danger, le studio a mis en place un système d’alerte assez efficace : l’écran se noircira progressivement si quelqu’un, hors de vue, s’approche et pour les cibles détectées, une marque au-dessus de leur tête apparaîtra lorsqu’elles soupçonneront votre présence. Si avec ces indices, vous vous faites quand même repérer, c’est que vous l’aurez certainement cherché.
La présentation touche à sa fin, et c’est le moment que choisissent les développeurs pour nous montrer la technique à utiliser en cas de brefs pépins : la fuite. Faisant montre de la souplesse qui le caractérise, l’homme araignée va ainsi s’amuser avec les murs et autres points d’appui pour s’éloigner d’une situation devenue intenable. En quelques secondes, le voilà perché dans son aire, profitant d’interstices et de trous de souris pour se faufiler vers un autre dessein. Nous n’aurons pas l’opportunité de découvrir la ville dans laquelle se déroulera une partie du jeu, mais celle-ci devrait s’avérer être un terrain de jeu formidable avec tout ce qu’il faut pour opérer en silence, entre ses ruelles, ses balcons et autres toits.
Premier de cordée chez Square Enix à se diriger vers l’attirante nouvelle génération de machines de salon, Thief s’annonce assez jouissif. Le rendu visuel remarquable et la finesse des textures renforcent sans mal l’immersion de ce FPS qui, même s'il reprend les mécanismes classiques d’infiltration, parvient à les sublimer par leur diversité. Emporté par une ambiance unique, le titre accouché par Eidos Montréal, qui s’est déjà dénudé une première fois en aperçu, affiche de belles promesses. Reste maintenant à confirmer.
C’est en voyant Thief que l’on se rend compte de l’écart qu’il existe désormais entre le titre de Square Enix et le récent Dishonored. Si les deux jeux affichent de beaux atouts, que ce soit au niveau du gameplay ou celui du level design, on ne peut nier la présence d’un écart technique et visuel évident. Dishonored n’est pas si vieux mais paraît déjà désuet à côté de ce nouveau venu qui montre ce que l’avenir proche nous réserve. Par son ambiance et la qualité d’une direction artistique enthousiasmante, Thief marque au fer rouge le retour d’un Garrett en pleine possession de ses moyens.