Redonner vie à une licence que l'on croyait morte et enterrée n'est jamais chose aisée. Toutefois, les Canadiens de Piranha Games n'ont pas peur de relever le défi et comptent bien restituer les lettres de noblesse de la série mythique MechWarrior.
Pour rafraîchir la mémoire de tous, la série MechWarrior est la déclinaison du célèbre jeu de plateau BattleTech dont l'univers, toujours en expansion, fait rêver les fans depuis presque 30 ans sous forme de romans, jeux de rôle et même cartoons. Au 31e siècle, l'homme a conquis et colonisé des milliers de mondes pour former la Sphère Intérieure. Six grandes Maisons se livrent une guerre sans merci pour le contrôle de la souveraineté. Les champs de bataille de cette époque sont dominés par de gigantesques machines de guerre robotisées, connues sous le nom de BattleMechs. Aux commandes de ces redoutables engins, on trouve des pilotes qui constituent l'élite de l'élite, et qui savent que chaque bataille risque d'être leur dernier combat. On les appelle MechWarriors.
Bienvenue dans la Sphère Intérieure, MechWarrior
Bien que l'on soit dans le registre du mecha, les BattleMechs ne sont pas des machines agiles avec retroboosters à chaque membre et qui lancent une centaine de missiles par volée. Faisant entre 7 et 17 mètres et pesant de 20 à 100 tonnes, ce sont de vrais tanks bipèdes qui ne sont pas aisés à piloter à la première prise en main. On peut comparer le pilotage du Mech à celui d'un tank, où tourelle et chenilles sont indépendantes. Vous sélectionnez votre vitesse à l'aide de la manette des gaz et irez dans la direction de vos jambes alors que votre torse se pilote indépendamment. Rajoutez des bras mobiles contenants toutes sortes d'autocanons et autres canons laser, et vous serez le roi du champ de bataille. Pas évident pour les petits nouveaux mais comme une seconde peau pour les vétérans. De plus, le sacro-saint joystick est supporté et la panoplie usuelle des simulateurs est actuellement en considération (comme le Track-Ir ou plus tard l'Oculus Rift).
C'est chaud, Mech !
Tout BattleMech normalement constitué possède deux jambes, deux bras, un torse en trois parties (centre, gauche et droite) et un cockpit. Il y a trois manières d'en mettre un hors d'état de nuire : lui détruire ses deux jambes, détruire son moteur au centre ou, plus classe mais plus difficile, tuer le pilote en visant la tête. Chaque partie possède une valeur d'armure et une valeur de structure interne. Une fois l'armure en pièces, chaque tir qui touchera la section ira endommager l'équipement embarqué dans ce membre : armements, radiateurs, servomoteurs, senseurs... jusqu'à les rendre H.S ou à les arracher de l'appareil. Plusieurs facteurs sont à gérer sur un BattleMech mais la notion la plus importante est la chaleur. Plus vous tirez avec vos armes et plus votre réacteur chauffe. Ayant atteint un niveau critique, votre Mech se coupe par sécurité et ce pendant quelques secondes. Quelque chose que vous voulez éviter à tout prix sur le champ de bataille. Vous pouvez transgressez cette sécurité mais votre Mech risque de fondre littéralement de l'intérieur et cela finit par vous faire plus de mal que de bien. Cela n'est qu'une infime partie des éléments à savoir sur le gameplay. Tout ne semble pas évident au début mais au fur et à mesure des parties, on comprend de plus en plus de choses et le tout devient des plus agréables.
Pimp my Mech
L'une des features stars de ce nouveau MechWarrior est incontestablement le MechLab encore plus poussé que celui de ses prédécesseurs. Attendez-vous à passer des heures entières à customiser votre Mech comme il se doit. Tout ou presque est configurable et directement inspiré du jeu de plateau : changez le moteur pour gagner en vitesse, rajoutez des radiateurs pour améliorer la dissipation de chaleur, embarquez des systèmes antimissiles ou autres contre-mesures électroniques sans évidemment oublier les armes. Seulement voilà, chaque BattleMech a un tonnage qui lui est propre et qu'on ne peut dépasser. Chaque pièce d'équipement possède un poids et un nombre de slots. Il faut donc arriver au résultat voulu sans dépasser la limite de tonnage et de taille. Vous voulez rajouter un autocanon ? Downgradez votre moteur pour perdre du poids et compensez avec votre arme. Du coup vous allez trop lentement ? Optez pour un moteur XL aussi léger que performant mais qui prend plus de place. Peur de tomber en rade de munitions ? Rajoutez-en dans les jambes ! Tous les scénarios sont possibles et on se retrouve à aimer peaufiner son Mech avant le combat.
C'est la guerre Mech !
Le studio de Vancouver a beaucoup mis l'accent sur le Role Warfare. Traduction : quel que soit votre type de BattleMech, vous serez toujours utile à votre équipe. On peut classer quatre types de Mechs. Légers : très rapides, ils sont bons pour scouter l'ennemi et rendre folles les cibles isolées. Moyens : manœuvrables et bien armés, meurtriers à plusieurs. Lourds : soutiens appui-feu, de préférence à distance. Assauts : lents, véritables plates-formes d'armement sur pattes, bons dans la plupart des situations mais très peu manœuvrables et à ne pas laisser seuls. Cela va sans dire que les joueurs doivent coopérer pour prendre l'ascendance tactique. Exit le radar actif, ici, tout est une question de renseignements. Vous ne verrez les ennemis sur votre radar seulement si un de vos coéquipiers l'a en visuel. Ne vous séparez jamais de votre groupe à moins que vous sachiez ce que vous faites car la moindre erreur est fatale : il n'y a pas de respawns. Une fois votre Mech éventré, vous n'avez plus qu'à en prendre un autre dans votre hangar et chercher une autre partie. Les parties aléatoires deviennent vite limitées et on préférera jouer en groupe pour établir ses propres tactiques. Il existe actuellement deux modes de jeux en 8v8 : Assault, où vous devez capturer la base adverse et Conquest, un classique mode domination qui corse le tout car le groupe s'en retrouve généralement fragmenté. En marge d'un mode 12v12 prêt à sortir, toute une pléthore d'autres modes sont actuellement à l'étude comme un mode Dropship où vous utiliserez votre stock de Mechs et un mode d'attaque / défense asymétrique.
Vise mon Mech avec ses jambes en diamant
Les questions qui fâchent s'engagent alors. La licence MechWarrior devenue free-to-play, doit-on payer pour être compétitif ? On se souvient tous de World of Tanks avec ses Gold Ammo qui ont fait grincer pas mal de dents. La réponse est : pas vraiment. Il y a bien sûr deux types de monnaie : les C-Bills et les MechWarrior Credits, achetables avec argent réel. Les C-Bills se gagnent assez aisément au fil des parties et il existe un très gros bonus pour les 25 premières afin d'accueillir les nouveaux MechWarriors. Les C-Bills serviront à acheter les Mechs et leur équipement, et les MCs serviront à débloquer des couleurs de personnalisations, des goodies (comme les éternels dés de fourrure qui pendouillent au rétro) et des baies supplémentaires pour stocker ses BattleMechs. Les MCs servent aussi à acheter des Mechs qui ont fait l'histoire de la Sphère Intérieure dans une variante déjà existante. Ils possèdent un nom, un skin unique et parfois une petite particularité sympathique mais ils ne sont jamais plus puissants que les autres. Tout est fait pour être à la portée du commun des mortels mais celui qui mettra la main au portefeuille débloquera juste un poil plus vite ou recevra des ajouts cosmétiques. Rajoutez un arbre de spécialisation assez long à débloquer, et vous aurez un jeu multijoueur qui vous tiendra longtemps en haleine pour vous orienter vers le style de jeu qui vous plaît.
Mech de communauté
Mais LE gros projet en approche annoncé par Piranha est le Community Warfare. Une fois introduit dans le courant de l'année, les joueurs pourront prêter allégeance à l'une des grandes Maisons de la Sphère Intérieure, ou bien fonder une corporation de mercenaires (similiaire à une guilde). L'histoire de Mechwarrior Online se déroule en 3050 à une échelle en temps réel. C'est-à-dire que le 1er juin 2013 correspond alors au 1er juin 3050. Ce qui fait que l'univers et les territoires évolueront au fil du dénouement déjà connu de BattleTech. Mais la règle s'applique aussi à la technologie : un BattleMech ne peut exister dans le jeu s'il n'a pas encore été inventé. Idem pour les équipements et les armes. Les joueurs seront donc témoins de ces événements en temps réel et auront même un impact sur leur déroulement. Ils accumuleront alors des points de loyauté qui leur permettront de débloquer du contenu propre à leur faction. D'autres features n'ont pas été officialisées et Piranha Games reste très prudent sur la communication autour du CW mais on ne peut cacher que cela reste très ambitieux et fort intéressant, sachant qu'un événement majeur de 3050 chamboule totalement le cours de l'histoire. Le jeu est actuellement sans cesse bombardé de nouveaux contenus comme de nouveaux Mechs ou de nouvelles cartes. Tout est fait pour rassembler les joueurs sous une même bannière dans la lutte pour la Sphère Intérieure.
Malgré encore quelques soucis techniques, d'équilibrage et d'accessibilité pour les nouveaux venus, ce nouveau MechWarrior a tout pour plaire aux fans de simulations, de jeu compétitif en ligne et aux amateurs de free-to-play décidément pas pay-to-win. La communauté est forte sur les forums et très bon enfant, ce qui est toujours un bon point pour ce genre de jeux. Les joueurs seront toujours ravis de vous filer un coup de main ou des conseils. Les développeurs ont pris pas mal de retard sur les contenus qu'ils comptaient sortir pour se caler sur cette fameuse timeline mais une fois en place, toutes ces promesses semblent aussi ambitieuses que génialissimes. Uniquement en anglais, le jeu étant canadien, une traduction française devrait arriver sous peu. A bientôt sur le champ de bataille, MechWarriors.