Le moins que l’on puisse dire, c’est que Starcraft II : Wings of Liberty a déchaîné les passions. L’absence d’un mode en réseau local, le fait que l’histoire et la campagne soient divisées en trois parties sont autant de sujets qui ont engendré une vague massive de protestations. Même si le succès (et le mot est faible) a été au rendez-vous, Blizzard n’a pas le droit à l’erreur avec cette première extension, intitulée Heart of the Swarm. En effet, les développeurs se doivent de justifier l’achat de ce titre en proposant un contenu encore plus riche, tout en préservant les symboles de la réussite et de la longévité de la licence : l’accessibilité, la profondeur, l’équilibre et l’efficacité de son gameplay. Et encore une fois, le studio américain relève le défi haut la main.
L'histoire de Heart of the Swarm met en scène Sarah Kerrigan, qui a repris forme humaine grâce à l'intervention de Raynor et au pouvoir de l'artefact Xel'Naga. La Reine des Lames ayant disparu, les Zergs se sont divisés en plusieurs factions et ne semblent plus présenter de réelle menace. Mais Kerrigan est animée par un profond désir de vengeance. Elle est prête à tout pour éliminer l'empereur du Dominion, Arcturus Mengsk, qu'elle tient pour responsable de sa capture par les Zergs des années auparavant. Elle entreprend donc un long voyage qui la conduira de planète en planète afin de réunifier l'Essaim et de prendre sa revanche…
Une interface entièrement revue
La première chose qui saute aux yeux en lançant le jeu, c'est la refonte complète de Battlenet opérée par Blizzard. Tous les menus importants sont désormais accessibles en un clic ou presque : campagne, modes multijoueurs, parties personnalisées, replays, etc. L'interface gagne donc en ergonomie et offre une navigation simple et agréable. Les différents canaux de discussion s'affichent directement en page d'accueil, ce qui permet d'échanger avec la communauté en un clin d'œil. A ce sujet, sachez que les développeurs ont intégré de nouvelles fonctionnalités sociales, que nous détaillerons un peu plus loin dans ce test. Pour le moment, attardons-nous sur le mode solo du jeu, qui nous réserve son lot de surprises et de nouveautés fort réjouissantes.
Starcraft II à la sauce MOBA
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Le joueur dirige Sarah Kerrigan durant la quasi-totalité de la campagne, qui se compose d'une vingtaine de missions réparties sur plusieurs planètes. C'est à bord d'un Léviathan que notre héroïne accomplit son périple, accompagnée entre autres de la fidèle Izsha, qui sert de guide durant les missions, et d'Abathur, dont l'unique raison de vivre est l'évolution de son espèce. Si l'on n'échappe pas aux classiques « construisez votre base, levez une armée et anéantissez toute présence hostile », certaines missions ont le mérite de sortir des sentiers battus et d'apporter un vent de fraîcheur fort bienvenu au genre. On a même droit à des combats de boss, chose plutôt rare dans un STR. Néanmoins, la réelle nouveauté du soft par rapport à son prédécesseur réside dans l'évolution du personnage principal.
En effet, au fur et à mesure de votre progression, Kerrigan accumule des points d'expérience (obtenus en accomplissant les objectifs principaux et secondaires des missions) et monte en niveaux. En plus d'augmenter sa barre de vie, ceci lui permet d'apprendre de nouvelles capacités qui vous faciliteront grandement la tâche. Vous n'avez accès à ces capacités qu'à certains paliers (niveau 10, 20, 35, etc.). Chaque palier propose trois sorts différents et vous devez en choisir un, en sachant que ce choix n'est pas définitif. Par exemple, au niveau 20, Kerrigan peut apprendre « Mutation frénétique » (augmentation des points de vie et de la vitesse d'attaque pendant un temps limité), « Générer des chancres » ou « Guérison ». Les possibilités sont donc multiples et vous êtes libre de choisir telle ou telle compétence en fonction de vos goûts ou de la mission.
Mais la Reine des Lames n'est pas la seule à évoluer tout au long de la campagne. Grâce à Abathur, vos unités peuvent elles aussi gagner en puissance par l'intermédiaire des mutations et des évolutions. A l'image des pouvoirs de Kerrigan, les mutations octroient à votre armée de nouvelles capacités ou des bonus. Chaque espèce dispose de trois mutations différentes, que vous pouvez changer à l'envi. A l'inverse, les évolutions transforment définitivement vos unités. Deux souches d'évolution sont disponibles par espèce. Par exemple, vous pouvez faire évoluer vos Zerglings en Zerglings Raptors ou Teignes, les premiers ayant la capacité de sauter par-dessus les falaises et de bondir sur vos ennemis tandis que les seconds sont produits par trois et bénéficient d'un temps d'incubation plus court. Pour vous aider dans votre choix, vous devez accomplir des mini-missions qui permettent de tester les souches d'évolution et d'en apprécier les avantages et les inconvénients. Là encore, les combinaisons sont nombreuses, modifient sensiblement l'expérience de jeu et les stratégies et apportent de la variété au gameplay.
Un mode Entraînement vraiment réussi
Un autre moyen de varier les plaisirs est de se lancer dans le mode Parties personnalisées, qui a lui aussi du neuf à offrir. En effet, sachez qu'il est désormais possible d'affronter une IA correspondant à votre niveau de jeu, grâce à un système de matches de placement au cours desquels vos performances sont analysées pour vous proposer ensuite une intelligence artificielle adaptée à votre « skill ». Mais la plus grosse nouveauté, celle que tous les débutants à Starcraft attendaient, est le mode Entraînement : il permet d'acquérir les fondements du gameplay de chaque race via une série de trois tutoriels à la difficulté progressive. Le premier se focalise sur la création et la gestion des unités terrestres de base, tandis que le second présente en détail les unités plus avancées. Enfin, le troisième donne accès à la totalité de l'armée de la race et reproduit fidèlement les conditions d'une partie multijoueur. Idéal pour apprendre des build order simples et pour se préparer aux matches de classement. La compétition n'est pas votre tasse de thé ? Qu'à cela ne tienne, vous pouvez lancer une partie non classée et affronter des joueurs de votre niveau sans pour autant figurer dans le ladder. Bref, vous l'aurez compris, Blizzard a considérablement enrichi son bébé afin de fournir un jeu adapté à tous types de joueurs. Et les développeurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin.
Un multijoueur qui s'annonce spectaculaire
Starcraft est désormais une figure incontournable de l'e-sport. Le studio américain entend bien poursuivre dans cette voie et souhaite même aller encore plus loin. Ainsi, il n'a pas hésité à remettre en question l'équilibre des races en apportant çà et là quelques modifications au niveau des unités. Le faucheur est accessible plus facilement, le templier noir a vu son coût réduit, les hydralisks peuvent se déplacer plus rapidement, etc. S'il est encore trop tôt pour mesurer avec précision l'impact de ces changements, on peut d'ores et déjà présumer qu'ils donneront naissance à de nouvelles stratégies et qu'ils apporteront une touche encore plus spectaculaire aux matches opposant des joueurs professionnels. Et comme si cela ne suffisait pas, Blizzard a tenu à ajouter de nouvelles unités au soft.
Les nouveautés Terranes
Le Warhound étant définitivement retiré du jeu (jugé trop puissant et peu intéressant), seules deux nouvelles unités viennent compléter l'armada Terrane. La première, appelée nettoyeur, est une transformation du tourmenteur. Produit par l'usine et nécessitant une armurerie, le nettoyeur est une unité légère biologique et mécanique rappelant furieusement le firebat. Armé de son puissant lance-flammes, il se révèle particulièrement efficace contre les unités terrestres de mêlée (zélotes, zerglings, etc.). En revanche, il ne fait pas le poids face aux unités blindées attaquant à distance (traqueurs, maraudeurs, etc.). Le deuxième ajout de l'armée Terrane est la mine veuve, unité légère mécanique peu coûteuse mais meurtrière. Produite par l'usine, elle peut s'enfouir dans le sol pour surprendre l'ennemi. Elle fait des ravages contre les unités blindées mais est sensible aux moyens de détection adverses (corbeaux, vigilants, observateurs, etc.).
Les nouveautés Zergs
Les Zergs obtiennent également deux unités supplémentaires dans Heart of the Swarm : l'essaimeur et la vipère. Le premier est une unité blindée biologique capable de s'enfouir dans le sol et de créer des nuisibles qui attaquent les cibles terrestres pendant une durée limitée. Très efficace contre les unités comme les marines, les cafards ou les traqueurs, il ne résiste pas aux assauts des chancres ou encore des tourmenteurs. La vipère, quant à elle, se sert de son grappin pour attirer ses ennemis vers elle et de son nuage aveuglant pour diminuer la portée des unités terrestres. Idéal donc contre les chars de siège, les colosses ou les hydralisks. En revanche, elle succombe très rapidement aux attaques répétées des vikings ou des phénix.
Les nouveautés Protoss
Les Protoss sont les plus gâtés dans cette extension. Les développeurs ont tenu à renforcer leur flotte en leur accordant trois nouvelles unités aériennes : le noyau de vaisseau mère, l'oracle et le tempête. Créé à partir du nexus à condition de disposer d'un noyau cybernétique, le noyau de vaisseau mère est capable de détecter les unités camouflées, de se téléporter (ainsi que les alliés alentour) au nexus ciblé et d'évoluer en vaisseau mère. Il est donc redoutable face aux mines Terranes ou contre les unités terrestres telles que les Zerglings ou les zélotes. Les vikings ou les mutalisks sont ses pires ennemis. L'oracle est l'unité d'harcèlement par excellence. Très rapide et doté de capacités spéciales lui permettant de ralentir des ennemis ou de connaître leur position, il est très efficace contre les ouvriers mais partage les même points faibles que le noyau de vaisseau mère. Enfin, le tempête est une unité blindée très puissante et tirant à très longue portée. L'essaimeur, le char de siège et le colosse sont ses cibles privilégiées mais il se montre beaucoup moins performant face aux vikings, aux disloqueurs ou aux corrupteurs.
Battlenet, un véritable réseau social
Nous finirons ce (très long) test en détaillant les nouvelles fonctionnalités sociales que les développeurs ont intégrées au jeu, ce qui renforce son aspect communautaire. Sachez que vous pouvez dorénavant rejoindre des groupes ou des clans pour partager vos stratégies et échanger avec des joueurs ayant les mêmes centres d'intérêt que vous. Vous recevez également une alerte lorsque quelqu'un proche de vous se connecte au réseau, pratique pour espionner les habitudes vidéoludiques de vos collègues de travail. Vous avez en outre la possibilité de participer au classement de n'importe quelle région du globe. Vos parties sont récompensées par des points d'expérience, octroyant des bonus exclusifs tels que des portraits et même des skins pour vos unités ! Enfin, le système de replays a été considérablement amélioré puisqu'il est désormais possible de les visionner à plusieurs, et même de prendre le contrôle et de continuer la partie de véritables joueurs professionnels ! En résumé, Blizzard nous livre là un titre plus complet que jamais, apportant de nombreuses nouveautés tout en gardant un gameplay équilibré et efficace. Chapeau bas !
Points forts
- Une campagne passionnante...
- Un scénario captivant
- Quelques cinématiques vraiment impressionnantes
- Une durée de vie quasi illimitée : comptez une douzaine d'heures pour finir la campagne, des centaines voire des milliers pour le mode multi
- Un mode Entraînement parfaitement réalisé
- Un gameplay toujours plus riche, profond, précis et efficace tout en restant accessible et équilibré
- Une refonte de Battlenet particulièrement réussie
- Des fonctionnalités sociales encore plus évoluées
Points faibles
- ... mais un peu trop linéaire
- Des voix françaises pas toujours convaincantes
Starcraft II : Heart of the Swarm est le digne successeur de Wings of Liberty. Plus qu’une suite ou qu’une simple extension, c’est un jeu complet que nous livre le studio américain. Les développeurs ont réussi l’exploit de produire un titre encore plus riche et pointu mais aussi plus accessible, grâce à un mode Entraînement abouti. HotS s’adresse donc vraiment à TOUS les joueurs, débutants et professionnels, et nous fait vivre une expérience que l’on n’oubliera pas de sitôt. On ne peut que saluer le travail accompli par Blizzard sur ce jeu, qui s’impose définitivement comme LA référence en matière de STR et de jeux vidéo en général.