Les super-héros et les jeux vidéo sont liés par une histoire d'amour parfois tourmentée. Leur idylle a en effet abouti au meilleur comme au pire. On a ainsi l'habitude de voir débarquer des adaptations bâclées qui ne font pas honneur aux licences dont elles sont issues. Heureusement, pour ce nouvel épisode des aventures de Spider-Man, les petits gars des studios Beenox sont allés chercher leur inspiration du côté de ce qui se fait de mieux en la matière.
Notre brave homme-araignée a pris l'habitude de tisser régulièrement sa toile dans le petit monde des jeux vidéo. Les fans savent déjà que ce sont les studios Beenox qui se sont chargés des dernières adaptations en date, on les retrouve donc sans surprise aux manettes de ce nouvel opus. Cet épisode ne se contente pourtant pas de reprendre la voie tracée par ses prédécesseurs. On se souvient que Spider-Man Dimensions et Aux Frontières du Temps proposaient tous deux un scénario original qui faisait intervenir différentes versions du Tisseur. Il s'agissait alors de jeux d'action relativement dirigistes dont l'intérêt était de proposer un gameplay assez diversifié. Ce nouveau volet prend une orientation totalement différente : il est directement lié au film qui a débarqué le 4 juillet dernier dans les salles obscures et propose une approche plus ouverte, un peu à la manière d'un Batman Arkham City.
Les fans de la première heure de Spider-Man risquent d'être pris au dépourvu, l'adaptation qui nous concerne aujourd'hui concerne moins la bande dessinée que le dernier film en date, il s'agit même précisément d'une suite de ce dernier. Le Dr Connors a perdu son teint verdâtre et il est désormais enfermé dans un asile psychiatrique. La société Oscorp tente de restaurer son image auprès du grand public et abandonne les recherches génétiques, jugées trop dangereuses, pour se tourner vers la robotique. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que Gwen Stacy et Peter Parker décident de vérifier par eux-mêmes que la firme applique bien ces jolis principes. Ils ne vont pas tarder à découvrir que des spécimens mutants sont encore détenus dans les locaux et leur intervention sera même à l'origine d'une évasion assez problématique. L'une des créatures est en effet capable de contaminer toute la population de Manhattan en transformant ceux qu'elle mord en horribles zombies. Pour endiguer cette épidémie, vous voilà réduit à faire évader le Dr Connors en espérant qu'il trouve un remède miracle... Le scénario prend de nombreuses libertés avec l'univers Marvel mais il vous permettra tout de même d'affronter un certain Rhino, le Scorpion ou encore la Vermine. Les combats contre des robots titanesques sont un peu moins orthodoxes mais ils sont tellement spectaculaires qu'on oublie bien vite ce détail.
Concrètement, cet épisode marque surtout le retour de Spidey dans un univers ouvert. Vous pourrez donc redécouvrir le plaisir de déambuler à travers les buildings de Manhattan en essayant de sauver quelques honnêtes citoyens entre deux chapitres de l'histoire. La ville n'est pas extrêmement vaste et ne propose pas une architecture très variée mais elle s'avère bien plus intéressante à explorer que ne l'étaient les environnements confinés des deux précédents volets. Pas la peine d'y aller par quatre chemins, on prend un plaisir fou à se balancer au bout de sa toile en poussant des cris d'adolescent survolté. Les développeurs de Beenox nous offrent là un gameplay particulièrement accessible : il suffit de maintenir la gâchette droite pour se balancer ainsi automatiquement. Les mauvaises langues feront remarquer que le Tisseur est visiblement capable d'accrocher ses fils aux nuages mais ce stratagème un peu grossier est nécessaire pour que le joueur ne ressente pas ces balades aériennes comme un calvaire. Là, au contraire, vous vous déplacez avec une facilité, une agilité et une rapidité déconcertantes. Ces qualités ne seront pas de trop pour mettre la main sur la foule de pages de comics éparpillées, pour prendre quelques photos insolites, pour venir en aide aux nombreux passants en danger, pour exploser les robots géants qui vous chassent ou pour seconder la police dans certaines opérations. Ces différentes activités s'avèrent à la longue un brin répétitives, mais elles nous donnent toutefois l'occasion de pimenter un peu vos sorties en plein air.
Profitez de ces moments de liberté car c'est bel et bien en milieu fermé que vous apprécierez le système de combat de cet épisode. En effet, lorsque les choses deviennent sérieuses, on oublie l'aspect open world et on retrouve des niveaux structurés de manière plus classique. C'est donc dans des couloirs ou au mieux dans de grandes salles que vous livrerez la plupart de vos combats. Ces derniers ont clairement un petit air de famille avec ce que proposaient les derniers Batman. Le sens "araignée" est ici mis à contribution pour vous indiquer quand appuyer sur la touche dédiée aux esquives et vous permettre d'aligner votre adversaire tout en poursuivant votre combo. Le système est incroyablement simple, on se contente de matraquer les coups tout en esquivant au bon moment, mais le résultat à l'écran est très satisfaisant. Les combats sont joliment chorégraphiques et offrent encore une fois cette grisante impression de force et d'agilité. Vous pouvez aussi compter sur votre toile pour effectuer facilement une manœuvre d'évasion ou pour asséner un redoutable coup aérien à l'un de vos ennemis. Vous êtes vraiment submergé ? Vous avez encore la possibilité d'utiliser des éléments du décor pour assommer un groupe de malandrins qu'il ne vous restera plus qu'à emmailloter de toile. Dernier emprunt à son confrère Batman, Spider-Man est aussi capable de pratiquer des attaques furtives : il s'agit de tomber sur un adversaire pour le coller rapidement au plafond.
Ces différentes habiletés seront mises à rude épreuve : les humains infectés ne sont pas vraiment des tendres et les robots d'Oscorp semblent bien décidés à vous faire disparaître. Ne vous fiez pas seulement aux premières heures de jeu qui sont relativement paisibles ni aux premiers boss assez inoffensifs, les choses vont s'accélérer et il vous faudra batailler ferme pour sauver votre peau. Les plus grosses bêtes mécaniques sont d'ailleurs particulièrement impressionnantes et risquent de vous en mettre plein les yeux. On note au passage que le titre n'est pas parfait : les environnements extérieurs sont aliasés, le tearing est omniprésent, les caméras parfois capricieuses, le scénario pas forcément toujours très haletant... Mais on préfère retenir les quelques bonnes idées de gameplay comme la possibilité d'utiliser la toile pour foncer directement d'un perchoir à l'autre ou pour sonder les environs à la recherche d'un ennemi en fuite. Tous ces détails ne doivent pas nous faire oublier la véritable force de cet Amazing Spider-Man : la possibilité d'incarner un Tisseur à la fois souple et rapide qui a autant d'aisance pour se balancer entre les buildings que pour distribuer une farandole de coups. Certes, on regrette que cette version Wii U exploite assez mal le GamePad et que les quatre packs de contenus supplémentaires proposés ici manquent d'envergure, mais on prend tout de même un incroyable plaisir à enfiler les collants de Spider-Man et c'est ça, finalement, le plus important.
Points forts
- La liberté de mouvements dans la ville
- L'agilité de Spidey
- Des combats souples et nerveux
Points faibles
- Le tearing omniprésent sur Wii U
- Des objectifs secondaires un poil répétitif
- Le GamePad mal exploité
The Amazing Spider-Man constitue une excellente pioche pour tous les fans de l'homme-araignée. On retrouve en effet un héros particulièrement agile qui est aussi à l'aise pour naviguer à toute vitesse entre les buildings que pour distribuer des mandales chorégraphiées. Ajoutez à cela une liberté de mouvements enfin retrouvée et vous obtenez l'un des meilleurs Spider-Man de ces dernières années.