On peut très bien ne pas occuper le devant de la scène et jouer un rôle finalement plus inattendu qu’on pouvait le penser. Deadpool, c’est un peu l’histoire d’un Marvel oublié sur le bord de la route au profit d’autres plus « bankables » comme Wolverine, Hulk ou encore Iron Man. Et pourtant, cela n’empêchera pas ce schizophrène d’être enfin à l’affiche de SON propre jeu vidéo avec aux commandes High Moon Studios, à qui l’on doit notamment La Mémoire dans la peau et quelques opus de la série Transformers.
Evidemment, si l'on vous parle de Spider-Man, de Magneto ou encore Dents de Sabre, tout de suite vous saurez les identifier sans aucun problème. Ils font partie de cette caste de super-héros que l'on exporte souvent au cinéma et qui ont actuellement le vent en poupe, si l'on recense les derniers longs métrages récemment diffusés (Iron Man 3 par exemple). En revanche, que ce soit du côté des super-vilains (ou super-héros aussi), bon nombre d'entre-eux restent malgré tout dans l'ombre et ne demeurent finalement connus que par les gros fans de comics. Pourtant, il y en a bien un qu'Activision a repéré et a décidé de mettre en nos mains de consoleux. De loin, c'est vrai, il ressemble à l'homme-araignée, son costume d'un rouge vif l'attestant. Mais en se rapprochant un peu et surtout en l'écoutant, pas de doute, ce n'est pas le gentil Peter Parker qui se planque là-dessous. Deadpool, c'est au contraire, l'antithèse de Spiderman, son négatif. Parker c'est la main sur le cœur, alors que Deadpool, c'est plutôt la main dans ta face. C'est le type totalement barré et grossier, qui n'a foi en rien et ne respecte personne. Et finalement c'est en cela qu'il devient attachant et qu'il mérite, tout autant que les autres, de connaître son heure de gloire.
Cette propension à se moquer de tout et à se comporter comme un sagouin, on le retrouve d'entrée dans le prologue du jeu. Dès l'intro, on le voit avachi dans son canapé balancé au beau milieu d'un appartement où la femme de ménage a abandonné l'idée d'y remettre les pieds. Il est là, tranquille, se grattant ostensiblement les parties génitales tout en proférant quelques insultes vers le commentateur télé. Car oui, on a oublié de vous dire, la particularité de Deadpool, c'est qu'il est conscient de faire partie d'un jeu vidéo, et quand il ne commentera pas tout ce qu'il fait, il s'adressera purement et simplement au joueur (au théâtre, cet écran imaginaire s'appelle le quatrième mur). Une interaction amusante et surtout dégageant un cachet qui différencie vraiment ce titre des autres beat'em all. De n'importe quel autre jeu d'ailleurs. Avant de partir pour la première mission, on a quand même voulu savoir si les développeurs ont poussé le délire du personnage à son paroxysme. Du coup, on clique sur toutes les interactions possibles de l'appart. Du geek devant son PC qui remet son CV à jour au type assis sur les toilettes nous vantant les bienfaits du burritos sur le tube digestif, Deadpool ne nous épargnera aucun cliché. Et encore, on ne vous parle pas de la scène où il se prépare des pancakes, ou encore celle de la pizza (laissons quand même quelques surprises au chaud). Le plus étonnant dans tout cela, c'est que même après vingt minutes, son monologue ne tournera jamais en boucle, preuve que High Moon Studios a vraiment travaillé le personnage. Plus que le jeu peut-être.
Sur le terrain, ce joyeux timbré se montrer aussi expressif qu'expéditif. Deadpool, c'est un beat'em all classique dans un environnement 3D, avec des vagues d'ennemis à dézinguer. On le voit assez rapidement dans cette partie qui se déroule dans un building, aussi bien graphiquement qu'en termes de level design, pas de quoi sauter au plafond niveau imagination. Mais le héros occupe tellement l'écran par ses vannes incessantes que l'intérêt du jeu passe presque au second plan. Pourtant, cela n'enlève en rien au plaisir de faire évoluer ce barjot et le faire virevolter dans les airs pour réaliser des combos de malades, et nettoyer une zone en deux secondes. Du corps-à-corps nerveux et jouissif pour un gameplay assez simple et rapide de prise en main, finalement c'est aussi sympa de temps en temps. Du coup, dès les premiers packs, on peut réaliser quelques beaux enchaînements en martelant un voire deux boutons, sans plus. Pour diversifier un peu l'action, Deadpool aura également la possibilité de dégainer deux gros calibres pour des gunfights qui, là encore, n'inventent rien mais ont le mérite de dynamiser un peu tout ça. Pour trouver des balles, pas de panique, vous les récupérerez sur les corps. Vous ne pourrez pas les louper, elles sont représentées pas une icône flottante. D'ailleurs, en parlant de cela, il faut également préciser que cet arsenal sera upgradable. En récoltant un maximum d'items dans les différents niveaux, vous pourrez aller faire quelques emplettes dans l'armurerie. Acheter des mines et grenades seraient d'ailleurs de bon conseil, notamment lorsqu'il s'agira d'affronter des boss comme ce type à la gatling qui vous court après dans le hall. Fichu comme un beat'em all classique, Deadpool ne prétendra pas devenir une référence dans le genre. Plus marqué par la personnalité du héros, l'autodérision, les répliques aussi vulgaires que marrantes, le jeu parvient, grâce à cette grosse plus-value, à nous emmener certainement plus loin que ne l'aurait fait n'importe quel autre titre. Jouer au jeu d'Activision, c'est accepter d'avoir entre les mains un jeu simple et sans prétention, mais avec une ambiance géniale et un personnage qui mérite vraiment de sortir de l'ombre.
Techniquement, Deadpool n’a pas l’étoffe d’un immense champion. Le jeu d’Activision se contente de reprendre les mécaniques classiques du genre, tout en y apportant une certaine nervosité et un gameplay accessible. Agréable et fun, le titre prend évidemment une dimension supérieure grâce à la psychologie et la personnalité de son héros. Décapant, délirant et complètement barré, Deadpool tient à lui seul le jeu sur ses épaules. Si l’expérience peut devenir inoubliable, ce sera uniquement grâce à lui et à sa performance qui perfore l’écran. Pour le reste, c’est quand même du déjà-vu.