BJ Blazkowicz. Si ce nom ne vous évoque aucun souvenir, deux raisons peuvent l’expliquer : soit vous avez une mémoire de poisson rouge ; soit vous n’avez jamais arpenté les niveaux de l’un des pères fondateurs du FPS. Pourquoi on vous parle de cet homme ? Tout simplement parce qu’il reprend du service dans Wolfenstein : The New Order.
Inutile de s'épancher trop longtemps sur le cas Wolfenstein, du moins sur l'historique de cette licence qui, on le sait tous, a donné ses premières lettres de noblesse au FPS. Ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est de voir que malgré son âge (Wolfenstein est né en 1992), malgré les innombrables jeux du même genre, elle bénéficie d'un capital sympathie indéfectible, aussi bien auprès des joueurs que des développeurs. La preuve, alors que Wolfenstein n'a plus donné signe de vie depuis 2009 et que l'on pensait la licence mise au placard, voilà que Bethesda rappelle Blazkowicz à la barre pour tenter de mettre un terme définitif à l'hégémonie nazie.
Ne voulant pas prendre le risque de nous fatiguer d'entrée avec un énième conflit de la Première ou Deuxième Guerre mondiale, les développeurs de MachineGames (Les Chroniques de Riddick) ont pris le temps de pondre un scénario assez original, sortant un peu des sentiers battus. Nous sommes dans les années 60 et Blazkowicz se réveille après un coma de 14 ans. A priori, l'Allemagne a perdu la guerre, De Gaulle est le premier président de la Ve République et on danse sur des Beatles à l'orée d'une carrière phénoménale. Et bien non. Dehors, c'est carrément l'apocalypse. Les nazis ont gagné 39-45 et le IIIe Reich règne sur l'Europe. Et comme si cette nouvelle n'était pas assez violente au saut du lit (d'hôpital), l'agent va apprendre que les Allemands ont également mis la main sur une technologie avancée mystérieuse… et que des robots surarmés ont renvoyé ces bons vieux bergers allemands dans leurs chenils. De quoi avoir envie de replonger dans un long sommeil…
Missionné pour anéantir le pouvoir en place et trouver les poches de résistants susceptibles de l'aider dans sa tâche, Blazkowicz connaît donc son programme à venir. Le hands-on commence alors que notre homme papote avec un chauffeur de taxi qui l'emmène vers son premier objectif : une sorte de Kommandantur qu'il doit infiltrer. Se faufilant dans les gravats, stigmates de récents affrontements, Blazkowicz avance à pas feutrés. Le temps d'esquiver l'attaque d'un chien-robot monstrueux qui succombera sous la chute d'un bloc de béton, de récupérer des armes sur les soldats efficacement étranglés et le voilà dans l'enceinte. Question jouabilité comme pour le level-design, New Order affiche dans les premières minutes une approche on ne peut plus classique. Une mise en bouche qui n'en demeure pas moins agréable, tant par l'ambiance affichée qu'un environnement assez réussi.
Une fois arrivé dans le complexe, les affaires vont se corser et Blazkowicz va se rappeler aux bons souvenirs des nazis en utilisant tout ce qui lui tombe sous la main pour les occire. Les échanges de feux nourris offrent de belles séquences de gunfights et notre ami pourra compter, comme à l'accoutumée dans ce genre de situations, aux nombreux murets pour se planquer dans un premier temps, et tirer à l'aveugle sur ces cibles extrêmement mouvantes. On le comprend assez rapidement, New Order ne prendra aucun risque, se contentant d'offrir un FPS aux mécaniques éprouvées. Néanmoins, il faut souligner l'excellent comportement de l'IA, symbolisé par des ennemis qui n'hésiteront pas à venir vous déloger si vous campez trop longtemps. Aussi bien techniquement que visuellement, Wolfenstein fait le boulot, mais ne se démarque pas vraiment des autres FPS. Les vingt minutes passées manette en mains se sont révélées agréables, même si le niveau joué n'a débouché sur aucune grosse surprise et qu'il faudra attendre de voir la suite pour savoir si cet opus peut passer de bon jeu à celui d'incontournable.
Machine Games a eu le cran de s’attaquer au mythe que représente Wolfenstein. Mais sans doute crispés par l’enjeu, les développeurs n’ont visiblement pas voulu prendre trop de risques, accouchant d’un FPS propre mais au demeurant très prévisible. Le scénario assez original, la diversité des armes et l’IA convaincante peuvent néanmoins suffire pour se laisser tenter par l’aventure. En revanche, on ne peut que regretter l’absence d’un mode multijoueur.