Nous commençons nos pérégrinations dans le pays de Canaan, jeune nation à peine centenaire mais déjà frappée par le malheur. Quatre héros légendaires décidèrent jadis de partir à la recherche des animaux sacrés afin d'ouvrir, grâce à leurs pouvoirs, une porte menant au paradis. Après plusieurs péripéties aussi mystiques que loufoques, ils disparurent et laissèrent seulement derrière eux le souvenir d'une légende. De nos jours, de jeunes aventuriers partent à leur recherche, avec pour seules armes un sac à dos et leur enthousiasme, dans le but de continuer cette histoire. Ainsi débute notre épopée.

Dès les premières minutes, la cible du jeu est clairement définie au vu des graphismes très colorés, enchanteurs, enrobés d'un style manga agréable à l'œil et des personnages au style enfantin fort réussi mais manquant cruellement de variété : Canaan est destiné avant tout à un jeune public. Dès la création du personnage, le jeu respire la simplicité et l'accessibilité grâce à un système de personnalisation banal. Féminin on masculin, le choix est néanmoins relativement faible pour se distinguer dans cet univers enchanteur. Seulement 9 coupes de cheveux et modèles de visages sont mis à votre disposition, autant dire que croiser son clone à chaque coin de rue est monnaie courante. Le nombre de classes rattrape un peu la donne grâce à 5 possibilités qui conviendront à la plupart des joueurs, sans révolutionner le genre. Le guerrier est l'archétype du bourrin de service pouvant aussi bien tailler en pièces les vils ennemis qu'encaisser les dégâts. Le prêtre peut soigner un groupe grâce à la magie de la lumière ou se joindre à la bataille grâce à la magie de l'ombre. L'archer appréciera d'occire son ennemi à distance. Quant au mage, il préférera l'utilisation de sortilèges à la force brute. Enfin, les druides, rendus disponibles quelque temps après la sortie du jeu, affectionnent particulièrement le fouet et le poison.

Une fois l'avatar créé, ce dernier commence ses premières quêtes et découvre un système de combat déroutant. Dans Canaan, se déplacer gaiement au milieu des ennemis n'est pas un souci puisque ces derniers attaquent très rarement de leur propre chef. Pour pouvoir avoir sa chance d'affronter les adversaires, il faut cliquer directement sur ces derniers, ce qui nous transporte dans une sorte d'arène où les combats se déroulent au tour par tour face à un ou plusieurs ennemis (en général deux d'une même sorte). Si ce système offre certaines qualités (pas de vol de cibles, les ennemis n'attaquent pas en cas d'AFK, le repop est illimité...), il faut reconnaître que son utilisation n'est pas des plus excitantes. La faute à un faible nombre de sorts à débloquer et des temps d'attente relativement longs entre chaque attaque. On se retrouve alors à spammer la même touche en boucle jusqu'à l'inéluctable conclusion. Pour rendre encore moins palpitante la chose, le jeu propose un système automatique permettant de choisir son sort en laissant à l'ordinateur le loisir d'attaquer la cible à notre place. Cette alchimie mal dosée transforme les combats en ode à l'ennui où l'on attend avec résignation la fin de l'action en faisant autre chose. Autant dire que monter au niveau 100, actuellement le plus haut atteignable, avec ce système s'annonce être une aventure courageuse mais pas forcément très intéressante.

Mais qui dit MMORPG dit également quêtes. Bien que ces dernières soient le moyen le plus efficace pour monter son expérience (assez longue à augmenter par ailleurs), elles s'avèrent être plutôt ennuyeuses et agaçantes à effectuer. Elles consistent en général à aller parler à tel PNJ ou à tuer X adversaires pour un ou plusieurs donneurs de quêtes. Ce système fort classique commence à atteindre ses limites quand plusieurs quêtes consistent à tuer exactement les mêmes monstres plusieurs fois de suite pour différents PNJ. N'attendez pas beaucoup plus d'excitation pour le jeu à plusieurs qui laissera les commandes à un chef de groupe disposant du pouvoir de décisions (en dehors des combats) à votre place, ce qui transforme notre avatar en pantin. Si les combats peuvent paraître de prime abord bien plus palpitants en groupe, on se rend vite compte qu'ils sont aussi mous et inintéressants qu'en solitaire et n'apportent pas de plus-value exceptionnelle au niveau de l'XP. Seules les instances (présentes en grand nombre) gagnent à être explorées à plusieurs puisque certains ennemis sont presque impossible à soloter. En soi, le bestiaire de Canaan est réussi et le design de la plupart des ennemis est rigolo. Néanmoins, il pèche par une très faible quantité de mobs à occire et qui reviennent bien trop régulièrement en découdre. Le système de guildes quant à lui permet de s'amuser un peu plus en progressant à plusieurs et donne également l'occasion d'affrontements entre guildes lors de la «bataille du prestige» qui consiste à récupérer un totem avant l'équipe adverse.

La très grande qualité du titre demeure néanmoins dans sa surprenante accessibilité. Dans Canaan, le joueur est rarement bloqué tant les mécanismes de gameplay sont intuitifs. Vous cherchez un PNJ ? Pas de soucis, un système de recherche vous y conduira. Des mobs pour une quête ? Vous trouverez les coordonnées dans le menu avec déplacement automatique du personnage vers le lieu où se trouve le vil adversaire. Vous voulez allez dans la prochaine ville ou instance sans perdre un temps précieux ? Allez donc parler au réceptionniste, il vous y conduira en une fraction de seconde moyennant quelques piécettes. De l'XP doublée ? Une broutille, le distributeur d'expérience vous en fournit 7 heures par semaine, etc. Ces mécanismes rendent le titre très attractif et addictif avec un résultat en termes d'accessibilité et de simplicité très réussi. Pour rendre encore plus attirant le jeu auprès du jeune public, un système plutôt complet de familiers est à disposition. En plus d'être présents en combat, ce qui rend ces derniers encore plus simples, les familiers peuvent être collectionnés partout dans l'univers (concrètement, les mobs que vous affrontez en combat sont récupérables grâce à des pièges). Ils apportent au joueur des statistiques supplémentaires et il faut aussi veiller à leur bien-être pour que les bienfaits apportés soient vraiment profitables. Ces familiers peuvent également se voir augmenter leurs statistiques comme la robustesse ou le physique. Néanmoins, ce système s'avère fort contraignant puisqu'une fois la statistique à monter choisie, il faut attendre plusieurs dizaines de minutes avant de la voir prendre effet (ou payer quelques pièces pour accélérer le processus). Autant dire qu'il est courant d'oublier complètement cet aspect du jeu. Le craft fonctionne sur le même modèle : il impose de se déplacer dans des zones de récoltes où votre familier procédera au farming à votre place pendant de longues minutes où vous ne pourrez rien faire d'autre que regarder. Bonjour l'ennui.

Enfin, qui dit MMO free-to-play signifie généralement fonctionnalités payantes. A ce niveau-là, les utilisateurs de Canaan ne seront pas déçus. Le mode VIP donne droit à 7 heures d'expérience double toutes les semaines (en plus des 7 heures accessibles à tous). Il permet également de bénéficier d'un peu plus d'or que le joueur lambda et de nombreuses réductions chez les marchands. Enfin, les joueurs VIP auront l'avantage d'avoir un emplacement d'inventaire et de banque supplémentaire ainsi que deux ou trois autres broutilles difficilement accessibles pour tout un chacun. Si l'accès au statut VIP ne vous suffit pas et que vous êtes bien décidé à sortir le portefeuille, il est également possible d'accéder à la boutique grâce à un logo flashy et omniprésent nous rappelant très «subtilement» que certaines fonctionnalités avancées existent : achat de familier unique, de stuff épique ou de matériel de craft supérieur, etc. Tout est là pour combler les attentes des joueurs exigeants.