Quinze années. Voilà déjà quinze années que Namco nous conte ses épopées estampillées Tales of empreintes de poésie et de bravoure. Nous sommes en 2010 et afin de fêter dignement cet anniversaire, c'est l'immortel Tales of Phantasia, berceau de la série, qui est une nouvelle fois éclairé par le feu des honneurs. Ou plus précisément sa suite directe, Narikiri Dungeon, dont le retour inattendu crée une véritable surprise, une surprise qui pourrait bien tenir du divin...
Souvenez-vous : en l'an 2000, les Tales of s'apprêtent à accueillir leur troisième grand opus, Tales of Eternia. Devenue rapidement un sacré phénomène au Japon, c'est en cette même année que la série donne naissance à un tout premier « escort title », un titre secondaire, dont l'objectif est de proposer des expériences différentes aux fans d'ores et déjà fidèles à la licence. Il s'agissait de Tales of Phantasia Narikiri Dungeon sur Game Boy Color, lequel reprenait l'univers du titre original (Tales of Phantasia, Super Famicom) pour y narrer une nouvelle aventure, une suite, dont les évènements reprendraient et rappelleraient beaucoup l'intrigue initiale. A l'époque, cette petite cartouche se prenait déjà pour une grande en offrant de jolies illustrations et en tentant de reproduire sur la portable de Nintendo le système de combat dynamique vu sur les consoles de salon. De grandes ambitions pour un jeu sympathique, à apprécier surtout en tant que suite, qui souffrit sûrement de cette Game Boy Color et de ses capacités limitées qui contenaient ses envies de grandeur, et qui resta malheureusement jusqu'alors méconnu du plus jeune public. Indéniablement, il fallait redonner vie à ce conte. Si Namco Bandai nous a au fil des années habitués à réaliser régulièrement des portages de ses titres phares, c'est bien la première fois qu'un escort title est l'objet d'un tel remake, ce qui ne présage que du bon quant à l'attention qui lui a été portée ainsi qu'aux qualités dont pourrait être doté ce Tales of Phantasia Narikiri Dungeon X...
Voyage temporel et purification spirituelle
Calendrier d'Asélia, année 4395. Une jeune fée nommée Etos, perdue et à la recherche de ses semblables, semble abandonnée par l'espoir et vidée de toute force. C'est alors qu'apparaît Norn, une belle et mystérieuse ange qui la revigore et lui confie en échange une tâche : s'occuper de deux nourrissons, Dio et Mell, dont l'origine est également inconnue. On note que le scénario subit d'ores et déjà quelques changements puisque dans la version initiale, le parent des jumeaux n'était autre que le joueur impliqué directement dans les dialogues ; ici, il est remplacé par ce petit être volant tout à fait adorable. Treize années passèrent et ainsi devenus de jeunes adolescents, nos deux héros reçoivent la visite d'Alberto, une armoire dragueuse et bavarde à l'accent espagnol tout à fait délicieux. Alberto leur permet de jouir du pouvoir des Narikiri, c'est-à-dire de changer de style martial (job), et les incite à arpenter le monde afin d'y aider les personnes en danger. Malheureusement, un malheur est vite arrivé, puisque Mell est responsable d'une terrible catastrophe inexpliquée poussant le groupe à voyager à travers le temps afin de rencontrer les différents héros du premier opus et de conclure un pacte avec tous les esprits originels. Une aventure parfois grave qui dévoilera petit à petit leur véritable identité, puisqu'il semblerait qu'ils soient la réincarnation de deux âmes jugées maléfiques par Norn, responsables de la tragédie ayant eu lieu sur Derris-Kharlan dont parle Dhaos à la toute fin de Tales of Phantasia...
Le moins que que l'on puisse dire est que ce scénario gagne énormément de son passage sur PlayStation Portable. Là où les dialogues étaient plats et les actions figées sur Game Boy Color, ils bénéficient ici de toute une mise en scène intéressante soutenue par des doublages d'excellente qualité. Et ça change tout ! Les scénaristes n'ont donc pas hésité à introduire de nouveaux personnages et à modifier le déroulement de quelques péripéties, afin de rendre l'intrigue plus intéressante et la succession des évènements mieux ficelée. L'aventure a pour base la carte d'Asélia, figée et grâce à laquelle on accède aux différents lieux d'un simple clic, comme dans la version initiale ou plus récemment dans Tales of Symphonia Dawn of the New World. Les différentes villes et donjons ont en revanche tous été remodélisés selon le style adopté dans Tales of Destiny PS2 : vus d'une caméra fixe en plongée, les décors type 2D sont réalisés en une 3D très fine qui permet une meilleure appréhension des perspectives. Les personnages sont quant à eux en 2D et se déplace dans ces environnements à l'aspect graphique réellement réussi grâce auxquels on retrouve bien le charme propre à l'univers de Tales of Phantasia. C'est également de là que sont tirées presque toutes les musiques, une nouvelle fois réarrangées et toujours aussi somptueuses, au milieu desquelles on découvre de nouvelles perles portant aussi la signature du grand maître Motoi Sakuraba. La meilleure bande-son de Tales of Phantasia jamais orchestrée ? Il se pourrait bien.
Quand l'art de l'escrime donne des ailes
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Le système de combat présenté par Narikiri Dungeon X s'inspire directement de celui de la version PlayStation 2 de Tales of Destiny, reconnu quasi-unanimement comme la meilleure déclinaison 2D du désormais célèbre « LMBS ». Ici, le nom exact est XAR-LMBS pour X Arts Aerial - Linear Motion Battle System. Prenant place sur un seul plan en deux dimensions vu de profil, les affrontements se déroulent en temps réel et opposent un maximum de quatre héros à un groupe d'ennemis. Si le joueur ne contrôle que le premier personnage tandis que le reste utilise à volonté ses lames, flèches, magies d'attaque ou sortilèges de soins, il est tout à fait possible de donner des ordres à ses coéquipiers grâce au menu approprié ou, de manière plus pratique, via les quatre raccourcis qu'offre le stick de la PlayStation Portable. La section « stratégie » permet à juste titre de prédéfinir le comportement des alliés pour ainsi garder un contrôle tactique sur ces combats explosifs. Cette fois, la grande spécialité est le fait de pouvoir enchaîner plusieurs techniques et donc combos en l'air sur un même ennemi, ce qui est particulièrement jouissif ! Chaque attaque est rapide et réellement jolie, tant et si bien que tout affrontement devient un déluge d'effets spéciaux rythmé par le cri des doubleurs dont la prestation est encore une fois excellente. Un système d'autant plus efficace qu'il est très instinctif, rapide à prendre en main, le tout sans souffrir de la maigre palette de boutons que la console portable de Sony met à la disposition du joueur.
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Outre cette accessibilité étonnante, le XAR-LMBS réussit surtout à intégrer un maximum d'expériences différentes dans une présentation des plus simples. Concrètement, chaque personnage a une jauge de vie, une jauge d'émotion, et c'est tout. Cette jauge d'émotion nommée « Emotional Brave Gage » et graduée en pourcentage augmente à chaque coup porté et diminue lorsque l'on utilise des techniques, remplaçant ainsi les traditionnels points de magie. Reprenant un système de balance instauré par Tales of Rebirth, plus le pourcentage émotionnel est bas, plus la défense est robuste au détriment d'une faible attaque ; plus le pourcentage est haut, plus l'attaque est redoutable aux dépens d'une défense fragile. Une fois les 100% de la jauge dépassés, le personnage a la possibilité de rentrer en « over brave », une furie frénétique augmentant considérablement son attaque et sa vitesse, permettant la réalisation de combos infinis. Un état d'acharnement tel qu'il est possible, une fois l'ennemi tué, de continuer à l'enchaîner encore et encore tant que le rythme d'attaque est conservé, en portant pourquoi pas un coup final de toute beauté grâce à l'un des nombreux hiougi (bottes secrètes ultimes) aussi destructeurs que visuellement époustouflants ! Bref, une véritable apologie du combo alors élevé au rang d'art, d'autant plus que Couleur, ce petit animal rond et mignon, peut à n'importe quel moment se dupliquer en la personne du joueur et imiter ses moindres gestes pour doubler l'efficacité de l'enchaînement infernal !
Dis-moi comment tu t'habilles, je te dirai qui tu es
Bien entendu, l'un des piliers de ce Narikiri Dungeon X est assurément le système de « narikiri » qui avait à l'époque donné naissance à la trilogie des Tales of the World Narikiri Dungeon puis Radiant Mythology. Ce système, déjà répandu dans le monde du jeu vidéo notamment du côté des Final Fantasy où il est communément appelé « job », consiste à changer le style de combat d'un personnage en le vêtant simplement des habits appropriés. Chaque tenue subit une évolution simultanée à celle de Dio et Mell et leur offre progressivement de nouvelles techniques d'attaque ainsi que diverses capacités de soutien. Ici, c'est une centaine de costumes différents qui est disponible, propres à la masculinité ou la féminité de chacun des deux héros, leur permettant ainsi de se spécialiser dans des domaines bien particuliers comme l'escrime, l'infirmerie, les arts martiaux à mains nues, la sorcellerie, l'archerie, le bûcheronnage ou encore l'artillerie lourde ! Certains costumes sont même parents d'éléments entiers de gameplay, à l'instar de celui de dompteur grâce auquel il est possible de capturer des monstres pour les intégrer à l'équipe et les réutiliser au combat en tant que personnages à part entière, exactement comme dans Tales of Symphonia Dawn of the New World ! Et comme Namco Bandai aime bien chouchouter ses fans avec des apparitions caméos, on retrouve entre autres le costume d'Asbel Lhant, héros principal de Tales of Graces, ainsi que celui de Haruka Amami tout droit sorti de la licence The Idolm@ster !
Si cette véritable richesse au niveau des affrontements et de l'évolution des personnages ne vous suffit pas, jetez donc un œil au contenu annexe qui a également bénéficié de beaucoup d'attention de la part des développeurs ! Ne se satisfaisant pas d'être un simple escort title, Narikiri Dungeon X comprend tout ce qui fait la complétude des grands opus de la série : des titres à glaner et à collectionner, un système de cuisine pour les gourmets en herbe, de nombreux inventaires à compléter en acquérant tous les objets et en étudiant tous les ennemis du monde... Sans bien sûr oublier la multitude de quêtes annexes et de petites scènes doublées permettant d'apprécier pleinement la personnalité propre à chaque protagoniste ! Le jeu inclut également un système interne de médailles hiérarchisées récompensant au fil des parties différentes actions ou victoires particulières, à la manière des trophées utilisés par l'interface de la PlayStation 3, preuve qu'il y a beaucoup de contenu à exploiter et que l'on a affaire à une durée de vie véritablement conséquente ! Cerise sur le gâteau, Namco Bandai qui dévoile progressivement sur le site officiel du titre des mots de passe permettant de récupérer dans le jeu du contenu inédit tel que des armes, des objets rares ou même de nouveaux costumes... Du DLC entièrement gratuit, en somme ! Alors comment ne pas considérer ce Tales of Phantasia Narikiri Dungeon X comme totalement excellent ? Et le pire dans tout cela, c'est qu'il reste un sujet de taille que nous n'avons pas encore abordé...
Tales of Phantasia, l'original, sublimé par une croix divine
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En effet, Namco Bandai nous a réservé une surprise, une ultime surprise, peut-être même la plus belle qu'il fut possible de nous faire. Son nom ? Tales of Phantasia Cross Edition. Car il n'y a pas un seul mais bien deux jeux à part entière dans la boîte de Tales of Phantasia Narikiri Dungeon X, et ce second n'est autre qu'une nouvelle version, la cinquième, de ce tout premier opus de la série qu'est Tales of Phantasia. Permettant ainsi aux joueurs de découvrir directement la préquelle de Narikiri Dungeon X, cette réédition est surtout l'occasion de compléter encore et encore l'expérience Phantasia, en reprenant la version PlayStation Portable déjà existante et en y apportant tout un lot de nouveautés variées. Concernant les combats, la modélisation des personnages a été affinée, les effets spéciaux embellis, et il est désormais possible d'esquiver rapidement en arrière, en avant, ou même en pleine attaque si l'urgence l'exige ! On recense par ailleurs tout un tas de petites modifications dont le but est de rendre la jouabilité la plus agréable possible, comme la fenêtre de dialogues et la police d'écriture légèrement retravaillées pour assurer une meilleure lecture à l'écran. Mais le véritable ajout dans cette Cross Edition est bien la venue d'un personnage entièrement inédit, la charmante Rondoline (aussi intégrée dans Narikiri Dungeon X !), qui semble également liée à l'histoire de Dhaos... Jouable en combat au même titre que les autres personnages, la demoiselle a obligé les développeurs à créer et modifier de nombreuses scènes du jeu pour s'inclure dans les conversations et ainsi nous accompagner tout au long de l'aventure. Si ce n'est pas une merveilleuse surprise, ça !
Points forts
- Un système de combat exceptionnel
- Enormément de costumes différents
- Des graphismes soignés et enchanteurs
- Des musiques envoûtantes
- Beaucoup de nouveautés et de contenu annexe
- Deux jeux complets et inédits pour le prix d'un
- Rondoline !
Points faibles
- L'absence de carte du monde à explorer
Arrivée de manière tout à fait inattendue, cette boîte estampillée Tales of Phantasia Narikiri Dungeon X renferme un véritable trésor séparé en deux pièces distinctes. La première est éponyme et correspond à la refonte totale d'un titre sorti il y a dix ans de cela, une refonte aux mécanismes de jeu et au contenu si impressionnants qu'elle n'a plus grand-chose à voir avec le terme d'« escort title » par lequel elle est désignée, pouvant aisément se mêler aux plus grands épisodes Tales of. La seconde est l'ultime version du tout premier conte de la série renommé pour l'occasion Tales of Phantasia Cross Edition, qui apporte une vague supplémentaire de nouveautés dont un personnage jouable réellement intéressant, sublimant ainsi ce chef-d'œuvre intemporel qui a donné naissance à voilà quinze années de magie et de rêves. Avec cette compilation de deux déclinaisons inédites de l'univers de Tales of Phantasia, Namco Bandai chérit directement le cœur des joueurs passionnés et invite tous les autres, curieux et intéressés, à découvrir celui qui est devenu l'une des plus grandes légendes du jeu de rôle japonais.